▬ Yann&Billie ▬ un doudou en slip ? cela brise réellement tous les idéaux d'un enfant ▬

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Yann & Billie

un doudou en slip ? cela brise réellement tous les idéaux d'un enfant

Douce matinée comme je les aimais enfin pas vraiment enfin si… mais on s’en fout. En fait, non, je ne m’en fichais pas mais c’était tout de même un beau samedi matin. Je laissais Toby et les enfants. J’avais besoin surtout de voir mes amis en ce moment. Je passais tellement de temps à m’occuper du bébé que j’en perdais totalement l’impression de vivre et entre mes soucis de familles… j’avais réellement besoin de prendre du temps pour moi. Je ne savais en général plus le faire depuis une année. J’étais tellement occupée entre l’arrivé de Dawn et même la grossesse. J’avais l’impression que ça faisait des mois que je n’avais pas eue une soirée en boite de nuit avec des amis ou même été jeune. J’étais une folle qui aimait faire la fête et profiter de la vie mais je me sentais parfois étrange d’avoir changée. J’avais changée et aussi bizarre soit cette idée pour moi… elle était positive tout de même. Je me disais que c’était une évolution. Les choses allaient juste trop vite. Tellement trop vite. Je ne savais pas si j’étais apte à laisser les Miller entrer dans ma vie tout comme si je voulais entrer dans la leur. Je n’étais même pas apte à aller trouver ce pompier pour lui avouer que j’étais l’une de ses filles nées d’un don de sperme. Etais-je stupide ? Je n’en savais rien mais je n’aimais pas ces changements soudains qui me perturbaient un peu. Je regardais cette jeune femme dans ce miroir, moi. Je ne savais pas quoi faire. Elle ne semblait plus être celle que je connaissais et pourtant elle l’était. Cela me perturbait réellement. C’est pourquoi j’avais décidée de sortir. Je m’étais levée ce matin et j’avais déjeunée en famille. J’avais agité une peluche devant Brownies et je m’étais hâtée à chatouiller Dawn avant un baiser à Toby. N’oublions aucunes de mes 3 enfants. Ils sont tous là pour être aimés et il fallait que je m’en occupe. Un baiser sur son front et un doux sourire tandis que je sortais du studio avec une robe et des ballerines. Une tenue simple et sans chichis. Les cheveux au naturel ondulés lâchés sur mes épaules. Qu’avais-je en tête ? Pour commencer, je passais par le Starbucks et je commandais deux cafés bien serrés et un muffin. Je passais le bonjour rapidement à mes amis. Un doux sourire et c’était parti pour la suite de ma route. Je ne savais pas réellement s’il était là mais j’avais l’impression étrange qu’il avait besoin de compagnie en ce moment. Je n’étais pas vraiment une amie très digne de l’être depuis quelques semaines. J’étais surtout très débordée entre mon job, les enfants et les études. Comme quoi… on ne se rend jamais compte de combien je suis devenue raisonnable. Je ne serais peut-être pas encore apte à sourire… j’aurais peut-être une gueule de bois et j’en passe si je ne m’étais pas calmée. Je n’étais pas vraiment alcool pourtant mais il fallait avouer que j’aimais faire la fête de temps en temps. Parfois cela se résultait à des nuits blanches pour peindre. D’autres fois, je vandalisais en peignant des fresques sur des murs. Je m’en fichais à l’époque, je me sentais libre. Tout était derrière moi mais pas mes amis. Un beau sourire dessiné sur mon visage, je regardais les quelques mètres qui me séparaient de cette caravanes. Elle était belle enfin comme une caravane. J’avais toujours aimée ce côté bohémien. Après tout, j’étais une artiste et j’adorais réellement être juste sans un sous pour chanter des chansons avec une petite guitare même si la chanson n’était pas vraiment mon truc. Je préférais clairement peindre mais c’était de toute façon derrière moi. Je m’approchais alors en frappant un coup. Pas de réponses. Était-il absent ? Intriguées, je contournais un peu son habitat. Je regardais cette ferraille et je montais rapidement sur un petit box du côté de la fenêtre. Je savais que c’était le côté ou il y avait son lit. Bien sûr, je ne voyais que grâce à l’embrassure de deux rideaux. J’arquais un sourcil en le voyant dormir en caleçon. « Ohoh ! », disais-je en riant doucement. Pas vraiment surprise et je savais même que venir aussitôt était tout autant un risque que de rentrer dans cette caravane pour le voir dans cette tenue. Je grimaçais doucement en laissant mes pieds chaussés retrouver le sol. Il fallait que je rentre mais surtout que je trouvais le courage. En manquais-je ? Pas réellement mais je n’aimais pas vraiment réveiller les hommes qui dorment. Je me rendais à nouveau vers la porte et je finissais par tout simplement entrer. Je n’allais pas frapper et frapper jusqu’à ce qu’il m’ouvre. Je poussais tout naturellement la porte en regardant alors un peu autour de moi. Je fronçais doucement les sourcils et je laissais mon nez se froncer légèrement sous cette douce odeur d’alcool. « Yann ? », disais-je en tournant mon regard vers sa direction. « Il est temps de se réveiller ! », disais-je en approchant et passant une main sur son épaule. Je la tapotais doucement en le secouant avec délicatesse. Les réveils brusquent ? Pas mon truc. Je pourrais aussi clairement utiliser un seau d’eau ? Cela aurait vraiment le mérite d’être amusant mais je ne voulais peut-être pas le mettre de mauvais poil bien que l’idée était intéressante. Je reculais doucement en m’adossant au mur et attendant sagement. Une idée ? Il me fallait une idée pour le faire décamper de ce lit. J’arquais un sourcil en cherchant un peu ce qu’un homme n’aimerait pas entendre. Oui, voilà… bonne idée. Je pourrais parler de mes menstruations ? Non, peut-être pas et puis tous les hommes ne trouvent pas ce sujet tabou. Je penchais doucement la tête avec un petit sourire sournois sur les lèvres. « Now… », disais-je en insistant un peu sur ce mot et ces trois lettres. « … avant que je ne te raconte étapes par étapes… douleurs par douleurs… sensations par sensations… minutes par minutes… mon accouchement ! », disais-je sans savoir s’il m’écoutait. « … et habilles-toi ! », je déposais alors le café que j’avais dans les mains enfin du moins l’un des deux gobelets et je mettais un muffin à côté de lui avant de regarder son chien en souriant. Je sortais alors une friandise pour lui que j’avais prise dans le paquet que je gardais à la maison rien que pour ce toutou. Je lui donnais en flattant doucement son poil.

Aujourd’hui, c’est grasse matinée… même si ça n’a rien de vraiment exceptionnel pour Yann. Il se lève toujours très tard quand il n’est pas obligé de s’arracher de son lit pour aller bosser. Seul son job arrive à le faire sortir du lit avant le début d’après-midi mais pendant un jour de congé, rien ne motive Yann à se lever plus tôt. Même Murdoch semble avoir décidé de le laisser dormir et de faire lui aussi une grasse matinée. On peut dire qu’ils ont l’air fins tous les deux… Yann n’a même pas pris la peine de déplier son canapé-lit ou bien d’enfiler un pyjama. Il dort en caleçon, complètement affalé sur le ventre, avec sa couverture qui traine à moitié par terre et qui profite aussi au chien. Les bouteilles qu’il a descendues la veille s’entassent dans le minuscule évier et son cendrier aurait bien besoin d’être vidé. Quelques vêtements trainent par-ci par-là, éparpillés un peu partout dans la caravane. Ces derniers jours, Yann n’a vraiment fait aucun effort sur le rangement et le ménage. Il s’est même plutôt laissé aller mais il ne pensait pas avoir de la visite. Il n’invite personne chez lui depuis un moment et il refuse souvent les invitations qu’on lui propose. Il s’isole de plus en plus du monde extérieur et même les balades en moto ne le motivent plus à mettre le nez dehors. Il est pourtant conscient que ce n’est pas en agissant comme il le fait que les choses vont pouvoir s’arranger. Il le sait très bien mais il n’arrive pas à changer et à laisser tomber ses vieilles habitudes, qui sont devenues bien plus que ça.
Lorsque quelqu’un vient frapper à la porte de la caravane, personne ne réagit. Yann ne l’entend même pas, il reste profondément endormi, la tête enfoncée dans son oreiller. Même son chien ne se trouve pas réveillé par le bruit et semble continuer de rêver qu’il court après quelque chose ou bien quelqu’un, à en juger par les légers mouvements de ses pattes. Aucun des deux ne se doute qu’une petite curieuse vient les espionner à l’une des fenêtres, avant de finir par entrer toute seule, en constatant que personne ne viendrait lui ouvrir. Yann a oublié encore une fois de verrouiller la porte de sa caravane, mais lorsque celle-ci s’ouvre, le dogue argentin sort de son sommeil pour relever instinctivement la tête. Il n’est peut-être pas le plus courageux des chiens mais il tente tout de même de défendre du mieux possible son territoire. Restant allongé sur le sol, Murdoch fixe la nouvelle arrivante de ses yeux bruns, avant de finir par… remuer joyeusement la queue. Il est loin d’être un bon chien de garde, puisqu’il ne se met même pas à aboyer, mais c'est surtout parce qu'il a vite reconnu Billie. Il prend même le temps de bailler et de s’étirer lentement tandis que la jeune femme tente de réveiller son maître. Une tâche qui se révèle généralement bien difficile.
Yann a toujours eu un sommeil assez lourd et ce ne sont pas les douces paroles que lui adressent Billie ou bien en le secouant légèrement qu’elle va réussir à lui faire ouvrir les yeux. Ce qu’elle obtient pour seule réaction de sa part, c’est une sorte de marmonnement incompréhensible. Yann n’est pas décidé à se réveiller et il est encore tellement endormi qu’il n’a même pas conscience de la présence de Billie dans sa caravane. Ses menaces suivantes n’ont aucun effet sur lui non plus. Même s’il perçoit légèrement le son de sa voix, il ne comprend pas du tout ce qu’elle lui raconte. Elle peut bien lui dire n’importe quoi, ça ne change vraiment rien pour lui et il continue de dormir tranquillement. A côté de Billie, Murdoch observe les tentatives peu réussies de la jeune femme pour réveiller son maître. Il est bien content lorsqu’elle décide de laisser Yann tranquille pour s’intéresser enfin à lui. Il connait bien Billie et il sait surtout qu’elle a toujours des petites friandises à lui donner. On peut dire qu’il attendait son biscuit avec impatience et lorsqu’elle le lui donne enfin, ce dernier est vite englouti. C’est à peine si le chien a pu en avoir le goût alors bien sûr, il a envie d’en avoir un autre. La seule manière qu’il trouve pour se manifester est d’aboyer juste dans les oreilles de son maître, puisqu’il se trouve juste à côté et à la même hauteur. Même si Yann est habitué à ce genre de réveil depuis plus de cinq ans, il sursaute toujours dans son lit lorsqu’il se trouve réveillé par un gros aboiement de son chien, surtout depuis qu’ils vivent dans cette caravane.

- Murdoch… ! Grogne Yann, sans même ouvrir les yeux.

Il relève légèrement la tête pour prendre son oreiller, la reposant ensuite sur le canapé pour plaquer l’oreiller par-dessus et tenter ainsi d’étouffer d’éventuels futurs aboiements. Il aurait très bien pu se rendormir aussitôt mais une odeur de café attire son attention. Il entrouvre légèrement les yeux, juste assez pour réussir à distinguer les formes d’un gobelet et d’un muffin qui se trouvent à côté de son visage... et réalise qu’il ne se souvient pas avoir laissé ça là hier soir… Intrigué, Yann repousse son oreiller mais avant même d’avoir le temps de se redresser, il voit la mâchoire de son chien se refermer sur le muffin puis disparaitre avec.

- Hey ! Non mais… Commence-t-il mais il s’arrête lorsque ses yeux se posent enfin sur une silhouette en face de lui.

L’esprit encore un peu embrouillé et les yeux encore un peu trop sensibles à la lumière du soleil qui passent à travers les rideaux, Yann reste un instant à fixer la jeune femme pour tenter de déterminer de qui il s’agit. Des cheveux bruns, ça ne peut pas être sa sœur. Il fronce les sourcils le temps de mieux distinguer son visage…

- Billie ?! Qu’est-ce que tu fais là ? Demande aussitôt Yann en se redressant pour s’asseoir sur le canapé.

Il ne pense pas qu’ils avaient prévu de se voir aujourd’hui, ou bien ça lui est complètement sorti de la tête. Il est aussi étonné de la voir là, dans sa caravane, alors qu’il est censé être seul avec son chien. Yann n’a pas encore les idées très claires et il se met à bailler lui aussi, frottant ses yeux ou son visage pour tenter de se réveiller.

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Yann & Billie

un doudou en slip ? cela brise réellement tous les idéaux d'un enfant

Qu’est-ce que je faisais là ? J’étais comme une plante ou un arbre fruitier au fond d’un jardin. Il dormait et j’avais mon café à la main. Je ne savais pas du tout comment j’allais réussir à le réveiller. C’était presque impossible. Je pensais réellement que mes menaces étaient efficaces mais apparemment pas vraiment. Je détournais mon attention pour nourrir le chien. J’adorais cette boule de poil pour diverses raisons mais avant tout par ce qu’il était toujours heureux de me voir. Je voyais alors le chien remuer la queue, heureux de me voir. J’en oubliais même l’idée de comprendre ce que marmonnait Yann. Cette marmotte… Je me souvenais encore l’époque où c’était lui qui remuait la queue et non le chien au petit matin. Une époque différente de celle que nous vivons mais tellement lointaine surtout pourtant cela ne faisait qu’une grosse année mais bon. Le biscuit ne faisait pas réellement long feu tout comme les femmes quand c’était Yann qui remuait la queue bien sûr. Je le voyais presque en réclamer un nouveau et cela m’amusait. Je fronçais doucement les sourcils en… voyant alors la coopération du chien qui voulait réveiller son maitre. Peut-être pour réclamer un biscuit ? Ou peut-être pour être félicité d’avoir réveillé Yann ? Je voyais alors celui-ci grogner contre le chien avant de prendre l’oreiller pour se cacher dessus. J’avais une douce impression… l’impression de mon futur de maman quand je devrais réveiller mes adolescents pour qu’ils aillent à l’école. Oh oui, charmant sauf que je tâcherais à les éduquer d’une façon ou ils connaitraient les pyjamas. Je restais silencieuse en regardant le spectacle. Je voyais le chien approcher. Il sentait le muffin mais je le laissais faire tout simplement parce que ça m’amusait. Il en fallait peu pour être heureuse mais ne vous attendez pas à ce que je remue aussi de la queue au lieu de rire. Je pouvais toujours secouer la tête mais mes cheveux étaient lâchés donc pas de queue et je priais pour en pas en avoir une ailleurs. Je pourrais vérifier mais non. Je ne doutais pas sur le faire que je sois bien une femme. Je regardais le chien happer le muffin. Il parlait avec une fois dans sa gueule et je riais alors que le regard de Yann se posait enfin sur moi. Sa question me fit arquer un sourcil. Je le voyais baver et se frotter les yeux une fois redressé mais je n’avais pourtant pas encore répondue à la question. Le spectacle était bien assez jouissif ainsi. Je souriais doucement en prenant l’oreille qu’il avait repoussée plus tôt et le tenant fermement, je me mettais à taper sur lui en fronçant les sourcils. Je le reposais alors en riant légèrement. « Je venais te remettre les idées en place, maintenant que c’est ça… je ne sais plus ! », j’haussais les épaules, doucement amusée alors que je reposais l’oreiller sur le lit. Je n’étais pas venue pour faire une bataille polochon bien sûr. Je le regardais attentivement en reposant mon dos contre la paroi. Silencieuse pendant quelques secondes. Je fronçais les sourcils en regardant autour de moi, attentive aux moindres détails. « En fait, je sens qu’il se passe un truc… », disais-je avec une grande perspicacité ! Je riais nerveusement en fronçant le nez. Cette petite frimousse ronde au milieu de mon visage. « Je m’inquiétais pour toi mais… », disais-je en croisant alors les jambes. « Cela ne va pas vraiment en s’arranger… enfin non en le voyant ! », j’arquais un sourcil en contemplant celui-ci à moitié endormie. Ce n’était sûrement pas le moment pour venir parler de comment il va ? Il semblait surtout être amorphe ou dans les bras de Morphée. Je me disais que j’aurais peut-être dû le laisser dormir et attraper un magasine pour y faire les mots croisés ? Je l’aurais regardée dormir ? En vue de sa tenue, j’aurais pu passer pour une mateuse ou bien une psychopathe mais bon. Ce n’était pas réellement mon genre dans le fond. J’avais préféré le réveiller, tout simplement et maintenant que c’était fait, cette inquiétude s’accroitrait. Je déposais alors mon café sur le meuble juste à côté de moi. Je le trouvais pour le moment un peu trop chaud. J’aimais le café mais tiède. Ne cherchez pas pourquoi, je suis tordue. C’est tout. J’approchais sans même lui donner son avis de l’armoire qui cachait toutes ses petites choses que l’on nomme : tissus ou vêtement. Enfin en gros : j’allais dans sa commode. Je fronçais les sourcils. « Je vois pourtant que tu as de quoi t’habiller alors pourquoi cette tenue ? », je faisais à nouveau face à lui en fronçant les sourcils. « Bon allez, vas te doucher ! », disais-je tout simplement sans autre forme de procès. Je lui faisais un geste de mains qui voulait dire de se lever. Un peu autoritaire ? Mon petit doigt me disait que c’était ce dont il avait besoin mais j’étais clairement tellement peu crédible dans ce jeu. Crédible ? Autant demander à un clown d’être sérieux ou même heureux. Cela reviendrait clairement au même. « Sinon c’est ma truffe que tu verras manger ce muffin tous les jours qui vont suivre et pas celle du chien car je te squatterais jusqu’à ce que tu daignes te rafraichir un peu les idées ! », je souriais doucement. Je ne voulais pas qu’il se confie à moi ou je n’allais simplement pas lu demander mais je voulais juste le faire se changer les idées même si ce n’était qu’un tout petit peu ou partiellement. Je ne voulais pas le forcer à vouloir laisser ses songes l’échapper. J’étais aussi du genre à garder tellement pour moi. Mes petits secrets. Rien qu’à l’époque, j’avais mis du temps à lui confier que j’avais une fille quelque part… mais pourtant je lui avais confiance peu de temps avant qu’elle ne débarque dans ma vie. J’avais mis du temps, trop de temps mais trop honteuse de la laisser derrière moi. « Je t’embarque ensuite pour aller boire un smoothie ou un milkshake. », annonçais-je aussitôt sans trainer. Il fallait bien lui annoncer le tableau. « Et interdiction de dire non ! », rajoutais-je presque par automatisme alors que je rangeais tout ce qui trainait un peu autour de moi. C’était plus fort que moi.

A peine réveillé et les ennuis semblent déjà commencer… Il faut un certain temps à Yann pour réussir à émerger mais même encore endormi, il ne lui faut pas longtemps pour comprendre que la présence de Billie n’annonce rien de bon pour lui. Il ne sait pas quelle heure il est mais, en se basant sur la sensation qu’il a de n’avoir dormi que quelques heures, il devine qu’il est encore tôt. Même bien trop tôt pour lui. Tous ses amis savent qu’il n’est pas du matin et le fait que Billie soit déjà chez lui et qu’elle se soit même permise de s’inviter toute seule, n’est pas tout à fait normal. La présence ou même l’intrusion de la brunette reste encore un mystère pour Yann mais il n’a pas vraiment le temps d’enclencher son cerveau pour commencer à y réfléchir, puisqu’il se prend un coup de coussin en plein dans le visage et sans même avoir vu le coup venir. Il ne sait pas quel mouche a piqué Billie, ce matin, mais ce coup dans le visage contribue au moins à le réveiller un peu plus, même si l’affaire n’est pas totalement gagné. Avec ses cheveux en bataille, sa barbe qu’il ne rase plus depuis un bon nombre de semaines et son regard maintenant mal aimable, Yann doit ressembler à un gros ours mal léché, qu’on sort de force de sa tanière où il hibernait bien tranquillement et sans rien demander à personne.

- Hey !! Qu’est-ce que j’t’ai fait ?! Grogne-t-il sur la jeune femme, sans même bouger de son lit.

Il écoute les explications de Billie mais ça ne l’éclaire pas plus sur les raisons de son geste, ni même de sa présence chez lui. Un air de totale incompréhension se mêle à l’expression encore endormie de Yann. Il n’y comprend rien et il ne fait pas non plus d’efforts pour chercher à comprendre. A cet instant, il n’a qu’une seule envie, celle de vite replonger dans son lit et de continuer de dormir pour les prochaines heures, voire la journée entière. Il n’a aucune envie de bouger de son lit, ni même de sortir de sa caravane aujourd’hui. Il n’a envie de voir personne non plus mais il ne pense pas pouvoir mettre facilement Billie dehors. Il la connait et il sait qu’elle peut se montrer bien têtue lorsqu’elle l’a décidé. Yann aussi est du genre têtu mais quand il l’entend lui dire qu’elle s’inquiétait pour lui, il devine qu’il va avoir bien du mal à la rassurer sur ce point. Il n’y a qu’à voir sa tête et l’état de sa caravane pour comprendre que quelque chose cloche. Yann est loin d’être une fée du logis mais c’est bien pire depuis quelques temps. Ça fait même plusieurs mois maintenant qu’il rumine cette histoire compliquée avec son ex et leur fille. Des semaines qu’il garde tout ça pour lui, qu’il sombre chaque jour un peu plus et qu’il s’isole de ses quelques amis. Ça ne va pas pour Yann ces derniers temps, mais il espère toujours pouvoir faire croire que ce n’est pas le cas.

- Hm… Tout va bien, t’en fais pas pour moi… Lui lance-t-il sur un ton toujours peu aimable.

Il n’aime pas être réveillé de si bonne heure, surtout quand il a passé la veille à boire et à se défoncer. C’est apparemment trop demandé de pouvoir rester peinard chez soi, aujourd’hui. Désespéré, Yann finit par enfouir son visage dans ses mains, les coudes reposants sur ses cuisses. Il n’a pas du tout envie de discuter avec Billie, il veut juste pouvoir se rendormir tranquillement mais la jeune femme n’a pas l’air de cet avis. Il ne la regarde pas mais il l’entend, elle semble commencer à fouiller chez lui, sans la moindre gêne. Elle lui fait une remarque sur sa tenue, sur ses vêtements, alors Yann écarte ses mains pour la voir en train de fouiller dans ses placards. Il la trouve un peu gonflée sur le coup, c’est elle qui débarque comme ça sans prévenir.

- Parce-que… je m’attendais pas à avoir d’la visite, peut-être ! Réplique-t-il aussitôt.

L’humeur de Yann n’est toujours pas au beau fixe mais il commence à adopter un ton un peu moins agressif au fur et à mesure qu’il se réveille. Il n’a jamais eu un mauvais fond, il est juste un peu plus difficile au réveil. Il marmonne tout de même dans sa barbe un « je mets c’que je veux » mais c’est à peine compréhensible. Il ne résiste pas à l’envie de s’étaler à nouveau sur son lit, se laissant tomber sur le dos et protégeant ses yeux de la lumière par son bras. C’est juste à ce moment que Billie lui ordonne ensuite d’aller se doucher. Elle plaisante-là ? Depuis quand elle s’incruste chez lui comme ça pour lui dire ce qu’il doit faire. Bien évidemment, Yann ne bouge pas d’un centimètre et pousse juste un soupir. Même se rassoir sur son canapé-lit lui demande un trop gros effort. Il n’a pas le courage de faire quoi que ce soit mais les menaces de Billie ont au moins le méritent de le faire un peu rire. Il sait cependant qu’elle est capable de venir chaque matin jusqu’à ce qu’elle obtienne ce qu’elle veut et ça, ça le fait un peu moins rire. Il déteste le matin… et il n’a pas très envie de l’accompagner dehors lorsqu’elle lui annonce la suite du programme. Il a l’impression pourtant d’être coincé et d’être en quelques sortes obligé de faire un effort pour elle ce matin, pour préserver sa tranquillité pour les jours à venir.

- Ok… Ok… J’vais me doucher mais j’te préviens, j’ai aucune envie de sortir…

Il se hisse difficilement hors de son lit, se mettant un premier temps assis pour se frotter les yeux, se levant enfin en quelques minutes. D’une démarche trainante, qui reflète parfaitement bien sa motivation du moment, Yann traverse en quelques pas la caravane, en direction de la porte de la minuscule salle de bain. Il entrouvre la porte, jetant un dernier coup d’œil en direction de Billie qui… range ce qui traine dans la caravane. Les filles…

- Evites de mettre le bazar. Lui adresse-t-il d’un ton ironique avant de disparaitre dans la salle de bain.

Salle de bain est un bien grand mot pour cet espace si réduit que même pour une personne, c’est difficile de réussir à y entrer. Yann a pourtant pris l’habitude de cette condition de vie mais il a moins l’habitude d’avoir de la visite et il a, en conséquence, oublié un léger détail… ses vêtements. Après quelques minutes, c’est donc encore mouillé et avec seulement une serviette autour de la taille que Yann réapparait dans la caravane pour aller chercher un caleçon propre, retournant aussitôt dans la salle de bain pour l’enfiler. Ça ne le dérange pas de se balader en caleçon devant ses amis, il n’est pas du genre pudique mais il préfère éviter de se retrouver à poil devant eux, même lorsqu’il s’agit aussi d’une ex. Pour enfiler le reste de ses vêtements, Yann retourne dans la caravane où il a tout de même bien plus de place. Il observe un instant Billie, puis Murdoch, son attention restant ensuite focalisée sur le chien. Il ne sait plus du tout s’il lui a déjà donné les croquettes…

- Merde… T’as déjà mangé toi ? Demande-t-il à Murdoch.

Le dogue argentin réagit aussitôt en entendant ce mot magique et commence à piétiner en gémissant d’impatience. Yann a sa réponse et il ouvre un placard pour servir une dose de croquettes dans la gamelle du chien, qui va être occupé un moment.

- Bon… T’es contente ? J’suis propre et habillé ! Adresse-t-il finalement à Billie. Mais j’ai vraiment pas envie de sortir. Tu veux pas plutôt qu’on reste là ? Demande-t-il en attrapant le deuxième café que Billie a apporté.

Qui ne tente rien n’a rien et il espère vraiment réussir à la convaincre de rester ici. Et si elle compte tout de même l’emmener il ne sait même pas où, ils ne sont pas pressés et ils ont bien le temps de boire ce café. Yann s’en va avec le café à l’autre bout de la caravane pour s’installer sur l’une des banquettes, de chaque côté de la petite table. Même si la douche l’a réveillé, c’est encore dangereux pour lui d’aller trainer prêt du canapé-lit. Il est tout à fait capable d’aller se rendormir dessus mais Billie est là, alors il va tenter de résister à son envie de dormir.

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J’avais toujours été une fille têtue qui pourrait se mettre à danser sur une chanson triste et lente avec tellement de gaieté. Je n’avais jamais aimée que l’on me dise quoi faire, qui être mais je savais pourtant que parfois on avait tous besoin d’un petit électrochoc. J’en avais aussi besoin par moment. Je ne pourrais point dire le contraire. Oh non. Alors que je voulais simplement vérifier qu’il soir vivant ou peut-être un mort vivant ? Je m’étais rendue sur les lieux. Je ne voulais pas paraitre oppressante car c’est une chose qui peut rapidement donner envie d’aller se cacher sous un lit quand une personne veut à tout prix vous rendes dingue. Non. Je ne voulais pas ça mais je n’étais pas non plus prête à abandonner un ami que je sentais sur une autre planète. Des millions de choses qui me rendaient tellement contradictoire. A moitié-femme et à moitié-femme mais dans le fond ? Femme tout court. Oui, voilà. Une femme est contradictoire, toujours et même si elle dit ou pense le contraire. On est faite ainsi en général tout en étant toute différentes. La vie est bizarre. Je venais de le frapper avec l’oreiller et je riais alors qu’il grognait. C’était le léger rire, finement moqueur et amusé. J’étais amusée par son comportement. Je n’avais clairement jamais été non plus facile à réveiller enfant ça c’était avant de devenir maman à temps plein. Cette année continuait de me changer. Je n’étais pas toujours prête à savoir quelle nouvelle chose allait changer en moi. J’avais commencée par devenir raisonnable et après ? Allais-je vouloir me marier ? Je n’en étais pas sûre. Je voulais être jeune et présente pour mes amis… ma famille. Mes amis étaient un peu ma famille. Pas qu’un peu. Ils étaient réellement ma famille. En voyant l’état de sa caravane ? J’étais d’autant plus persuadée qu’un truc clochait. Je levais les yeux tandis qu’il me disait que tout allait bien. « C’est ça, oui ! », rétorquais-je aussitôt. Je savais tout simplement que ce n’était qu’une vaste blague. Je prenais les devants, il n’allait sûrement pas être content et puis alors ? Je n’étais pas du genre à baisser les bras. J’avais peut-être même été ainsi. Je n’avais pas toujours été cette femme. Non, tellement pas. J’avais été bohème, artiste… insouciante. J’avais longuement pensée que ma jeunesse était un cadeau mais surtout ma liberté. J’avais vu le monde comme un immense terrain de jeu. Je ne buvais pas vraiment, je ne me droguais pas non plus mais pourtant j’avais profitée de ma jeunesse au point de me trouver souvent endormie comme une larve alors que j’avais trop dansée, pas dormie assez. Oh dieu, j’aurais tellement aimée qu’on vienne me secouer avant que ma fille ne grandisse encore plus. Je tournais mon regard vers lui et je souriais. « La vie est pleine de surprise ! », rétorquais-je tandis qu’il laissait penser ne pas s’attendre à ma visite mais oui. La vie était pleine de surprise. Je faisais d’ailleurs totalement abstraction de son humeur. J’avais l’habitude après tout. Le chien était plus chaleureux et oui mais je m’en fichais tellement. Je prenais tant l’habitude au caractère de cochons des autres. J’étais capable d’être grandement ronchon aussi. J’agissais comme une maman et peut-être que je m’en rendais compte ? Je n’en avais aucunes idées. C’était un peu malgré moi et j’avais envie mais tellement envie de lui donner la fessée par ce qu’il était trop lent. Bon quand même pas mais cela serait assez amusant quand même ? Enfin soit. Je souriais alors qu’il disait ne pas vouloir sortir après accepter de prendre une douche. C’était déjà ça. Je me sentais presque gagnante mais je ne pouvais pas m’empêcher de vouloir lui changer les idées. Et je riais en l’entendant. Non ? Il était sérieux ? Je faisais alors ce petit brin de rangement. C’était le bazar. Je regardais alors le chien et je souriais. « Tu crois qu’on va trouver des cafards sous les cafards ? », disais-je d’un ton plaisantin. Je ne pensais pas trouver des cafards, quand même pas mais l’idée était amusante tout en restant un peu glauque. Je prenais donc quelques tissus qui trainaient alors que je les mettais dans une sorte de bac. Bon ça faisait l’affaire pour un bac à linge… J’haussais les épaules à cette idée alors que je ramassais les quelques vaisselles qui trainaient tout en allant vers l’évier que je dégageais. C’est à ce moment-là que je le vis sortir en serviette et mouillé que j’arquais un sourcil. « Comme au bon vieux temps ! », disais-je alors en riant doucement. Ce n’était qu’une plaisanterie dans le fond mais pourtant pas vraiment fausse. Je le laissais aller enfiler du tissu sans vraiment faire attention alors que je faisais couler un peu d’eau pour faire tremper sa vaisselle. Je n’étais pas prête à le faire mais c’était quand même mieux de la faire faire plouf. Questions d’habitudes, j’avais été à moitié lui ou j’avais aussi simplement été une étudiante. Je souriais en entendant le chien et je reportais mon attention vers eux en me retournant alors qu’il me demandait si j’étais contente. J’hochais la tête sans un mot. Je le regardais avec attention alors que je penchais la tête. Silencieuse. Je le laissais alors Yann s’installer sagement sur sa banquette. Je n’allais pas lui interdire, il était chez lui. « Bon d’accord… », disais-je alors que j’attrapais un essuie vaisselle pour m’essuyer un peu les mains. Je ne savais juste pas ou le tissu avait trainé. Sûrement rien de grave mais en vue de la caravane, je me méfiais. Je posais ce tissu en allant chercher mon café que je posais sur la table. Je me glissais vers la banquette face à laquelle il était et je lui souriais. « Je suis très contente que tu sois propre et frais comme un sous neuf… », lui disais-je en riant aussitôt. C’était dit avec ironie un peu. « Plus sérieusement ! », je posais alors mon coude sur la table. J’aimais bien cette position sauf quand on mange. Je glissais une de mes mains sous mon menton. Et maintenant ? Je rapprochais de mon autre main le café et je prenais une gorgée. Il avait commencé à tiédir mais je supportais encore ça. J’y étais habituée quand je bossais après tout puis je rêvais presque de café pendant toute ma grossesse que c’était devenu comme un miracle de pouvoir en reboire même tiède. « Tu as paumé ta petite fée, la fée du logis ? », demandais-je en souriant. Je le taquinais mais je n’étais toujours pas sérieuse. « Enfin… », je riais nerveusement cette fois. « Tu n’es pas obligé de me dire ce qui ne va pas, tu me connais… je ne t’y forcerais pas même si je suis là pour t’écouter mais il se passe un truc… je ne suis pas dupe ! », soufflais-je en murmurant les derniers mots. Il ne fallait pas que mes enfants l’apprennent et même s’ils n’étaient pas là, je prenais cette habitude. J’avais cette fichue manie d’avoir un côté : évitons de dire le mot sexe à voix hautes. Toutes ses choses qui me permettaient d’avoir la sensation d’être une bonne maman même si ce n’était qu’une moitié de l’iceberg. J’inspirais doucement. « Mais dans tous les cas, il faut bien te secouer le popotin et je suis parée à le faire… », je regardais autour de moi enfin nous. « Et à faire ton ménage aussi… », disais-je en soupirant. « Avant que tu ne dises ne pas avoir besoin qu’on le fasse… laisses-moi te dire que ce n’est pas un environnement sain pour toi ! », lui disais-je d’une voix tendre. Je l’étais et au combien il pouvait être agressif ou tout ce qu’il voulait, j’étais ainsi. Ce que je faisais était conduit par une simple affection.

Tout en regardant le café posé devant lui, Yann se dit qu’il ne sera sûrement pas suffisant pour combler son manque d’énergie et les heures de sommeil qu’il lui manque. S’il avait su que Billie lui rendrait visite si tôt, il ne se serait peut-être pas couché aussi tard ou peut-être que ça n’aurait rien changé en fait… Il n’en sait rien et quand il commence à boire dans la soirée, il n’est plus capable de raisonner avec un minimum de bon sens. Quoi qu’il en soit, la matinée risque d’être bien difficile pour lui si Billie a l’intention de passer un moment avec lui ou de l’embarquer avec elle. Lui, il n’attend qu’une chose, celle de se retrouver à nouveau seul chez lui et avec son chien pour retourner se coucher et dormir aussi longtemps qu’il le pourra. Ce n’est pas vraiment un programme qu’il pourra réaliser temps que Billie se trouve toujours là. Après avoir réussi à le faire sortir de son lit, elle ne va sûrement pas lui permettre de retourner se coucher de si tôt. En tout cas, Yann est bien décidé à rester chez lui aujourd’hui et même s’il l’a laissé gagner en allant prendre une douche comme elle le lui a demandé, il n’est pas prêt à se montrer si docile cette fois. Il a perdu goût aux sorties et au fait de voir du monde, ou bien plus encore qu’à l’ordinaire. Il croise déjà bien trop de gens à son goût pendant son temps de travail. En dehors du boulot, il préfère s’isoler et rester loin du monde extérieur. Une manière de vivre qui n’est pas très ordinaire et que peu de personne arrive à comprendre. Tout comme le fait de vivre dans une caravane en fait. Yann fixe encore son café sans même avoir commencé à le boire lorsque Billie lui demande s’il a perdu sa fée du logis. Cette remarque le fait un peu sourire et il hoche doucement la tête.

- C’est un peu ça… Dit-il sans lâcher son café du regard.

Le ménage et le rangement, ça n’a jamais été son truc, même si ça peut paraitre étrange venant d’un agent d’entretien. On peut dire qu’il est loin d’avoir choisi ce job par passion, c’est juste la seule chose qu’il a trouvé à faire pour gagner un peu d’argent. Il a même parfois du mal à croire qu’il ne se soit toujours pas fait virer, comme pour tous les autres jobs qu’il a pu faire avant. Il fait croire qu’il passe tellement de temps à nettoyer et désinfecter derrière les autres qu’une fois chez lui, il n’a plus aucune motivation pour faire le moindre effort mais il a toujours été comme ça en fait. Il se souvient que Jenna lui prenait la tête parce qu’elle en avait marre d’être la seule à nettoyer ou bien même son père et sa sœur quand Yann vivait encore avec eux. Il a toujours été assez bordélique et ce n’est pas maintenant que ça va changer.
Yann reste ensuite silencieux tout en écoutant ce que Billie a à lui dire. Il est assez content qu’elle mette de côté son idée de l’emmener dehors même si elle semble être toujours assez inquiète pour lui. Même si elle ne compte pas le forcer à lui parler, Yann hésite à se confier ou non à elle. Il a l’impression qu’elle pourrait peut-être l’aider et en même temps, connaissant déjà sa propre histoire, il n’a pas tellement envie de lui rappeler ce qu’elle a déjà pu vivre dans le passé. C’est assez drôle d’imaginer qu’ils ont tous les deux mis un terme à leur relation quand Billie a récupéré sa fille alors qu’à ce moment-là, Yann était également papa d’une petite fille sans même le savoir. Il se retrouve dans une situation plus ou moins similaire à celle que Billie a connue. Elle est peut-être la personne qui pourrait le mieux le conseiller mais c’est difficile pour Yann de lui en parler. Il préfère se taire encore, écoutant alors cette fois son amie lui annoncer qu’elle compte l’aider à se bouger et à faire le ménage…

- On aurait dû sortir finalement… Murmure-t-il après avoir enfin bu une gorgée de son café.

Il n’a pas vu le piège qui était prêt à se refermer sur lui et si Billie avait prévu le coup à l’avance, lui il n’a rien vu venir. Un air de découragement se lit sur le visage de Yann alors qu’il pousse un long soupir. La caravane n’est pourtant pas grande mais même pour une si petite surface, Yann n’a pas du tout l’énergie de nettoyer son intérieur.

- Billie… c’est mon jour de congé là ! J’suis fatigué, j’aimerai bien ne pas toucher un seul balai ou produit ménager pour aujourd’hui. Se plaint-il auprès d’elle, même s’il n’est lui-même pas convaincu de réussir à obtenir un quelconque résultat.

Elle doit très bien se douter qu’en dehors de ses jours de congés, Yann n’a pas non plus la motivation à faire son ménage, après avoir passé la journée ou la nuit à le faire dans un hôpital. C’est un cercle vicieux et il n’y a pas de solution miracle pour en sortir. Yann va devoir prendre sur lui un jour ou l’autre mais ce matin, c’est plutôt mal parti. Il pose un instant son regard sur son chien, qui vient de se coucher près d’eux après avoir terminé son repas. Lui, ça ne le dérange pas de vivre comme ça et Yann non plus. Il ne voit pas où est le véritable problème pour Billie. Il ne peut pas s’empêcher de repenser pourtant à la petite Emma-Lynn. Il est évident que sa fille ne mettra jamais les pieds dans cette caravane mais si c’était le cas, il ne pourrait pas laisser sa caravane dans cet état. Poussant un nouveau soupir, Yann tourne la tête en direction de l’enveloppe qui contient les photos de sa fille, près de son lit. Il a déjà tout expliqué à sa sœur et à Sarah-Jane, il faudra bien qu’il arrive à le dire un jour à Billie.

- Tu veux savoir ce qui se passe ? Demande-t-il à la brunette tout en se levant de sa place.

Il traverse en quelques pas seulement la caravane pour se saisir de la fameuse enveloppe et revenir s’assoir sous les regards de Billie et de Murdoch. Il garde un moment l’enveloppe entre ses mains, ne sachant pas trop comment présenter les choses. Il court pourtant moins de risques avec Billie puisque, contrairement à Sarah-Jane ou Livy, elle n’est liée ni à Jenna ni à Emma-Lynn. Ça ne rend pourtant pas les choses plus faciles pour Yann. Il fait finalement glisser l’enveloppe ouverte sur la table, en direction de Billie.

- Je t’ai déjà parlé de Jenna je crois… Mon ex qui est partie en me laissant à la rue avec Murdoch. Lui explique-t-il pour lui rafraichir la mémoire.

Même quand il sortait avec Billie, il ne passait pas son temps à lui parler de son ex mais ils ont déjà abordé ce sujet, rien que pour lui expliquer comment il a eu Murdoch et comment il s’est retrouvé à vivre dans une caravane avec un chien de cette taille. Il lui désigne ensuite l’enveloppe d’un signe de tête pour qu’elle regarde à l’intérieur. Il y a plusieurs photos d’Emma-Lynn seule ou accompagnée de Jenna et de son mari.

- Elle a oublié de me dire en partant qu’elle était enceinte… Annonce-t-il sur un ton lent. Je suis papa…

Ces mots résonnent étrangement quand il les prononce à voix haute. Il n’a toujours pas rencontré sa fille mais ça devient de plus en plus réaliste dans sa tête. Même s’il ne la rencontre jamais, l’image de sa fille sur ces photos est déjà gravée dans sa tête et il lui arrive même parfois de rêver d’elle. Qu’il puisse la connaitre ou pas, Yann est son père biologique et rien ne pourra changer ça, pas même les papiers que lui réclament Jenna pour faire adopter la petite par son mari.

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[quote="E. Billie-Leen O'Connor"]

Yann & Billie

un doudou en slip ? cela brise réellement tous les idéaux d'un enfant

Humour à part, je ne savais pas vraiment comme l’aider. Oui en rangeant ou en faisant la vaisselle ? Non. Cela n’aidait que pour une journée mais demain ? Cela serait pareil dans le fond. Non, vraiment pas. Et je riais doucement alors qu’il me disait que c’était un peu ça. Oui, c’était ça. Il n’avait plus ses doigts de fées. Mince. Cela m’amusait dans un sens mais blague à part, oui. Cela m’effrayait. J’étais une personne bien que rebelle au passé assez difficile qui s’inquiétait pour les autres bien trop. Bien trop ? Oui, tellement. Je préférais le laisser regarder son café. Je ne voulais le forcer. A quoi bon ? Je me contentais de pencher la tête alors qu’il me disait qu’on aurait dû sortir. « Non mais attends, ne fais pas ta girouette ! », lui disais-je aussitôt alors que je regardais rapidement le chien qui lui se léchait les couilles avec une grande classe. J’imaginais tout de même un homme faire pareil. Pourquoi pas Yann ? Tiens, ça serait drôle. Non. Ce n’était pas le moment de lui demander de faire comme son chien mais je retrouvais rapidement son sérieux. Je parlais aussitôt du ménage et je riais en l’entendant se plaindre. Non mais. C’est vraiment un homme. « Je suis en congé aussi et même en congé de maman… pourquoi je viens voir mon troisième enfant ! », disais-je en plaisantant aussitôt mais bon. Je le regardais tourner le regard vers son lit et je me contentais de regarder à nouveau le chien toujours dans l’exploration de ses coucougnettes avant qu’il ne reprenne la parole tout naturellement. Ce qui se passe ? Bah oui, je veux. Je cachais cependant réellement mon excitation à l’idée de savoir car en vrai… je trépignais d’impatience. Comme les enfants à noël. Je restais pourtant patiente et j’hochais la tête. Simple et efficace mais surtout sans chichi. Pourquoi en faire de trop ? Passer pour une folle qui s’extasie des soucis des autres ? Ce n’était pas vraiment ça mais c’était surtout la sensation de réellement aider une personne quand on sait ce qui se passe sans quoi on n’est qu’un chandelier sur une table qu’on peut déplacer quand on prend les poussières ou jeter quand on en a marre. Je ne voulais pas être son chandelier ce qui parait logique. Punaise, je me ferais chier si j’étais un chandelier. Enfin vous aussi, non ? Je le laissais se lever et aller saisir une enveloppe. Je ne disais rien et je le laissais s’installer. Je sentais cette tension dans la pièce comme s’il allait m’annoncer la mort de quelqu’un ou je ne sais quoi. Cela semblait être l’annonce prête à faire pleurer dans les chaumières. C’était un peu lourd dans l’air. Sûrement à cause de mon impatience. Je n’aimais pas trop attendre dans ce genre de situation ou le suspense est à son comble. Et on dirait parfois presque que c’est fait exprès. C’était tellement stressant. Je m’en sentais stressée et nerveuse un peu malgré moi. Mon cœur se mettait à s’accélérer. Je n’aimais tellement pas le suspens que ça jouait sur mes émotions. J’hochais la tête alors qu’il reprenait la parole mais ça me semblait encore tellement mystérieux, tellement flou mais oui, il m’en avait déjà parlé. En fait… ce n’était pas une chose qu’on dirait facilement mais après tout, nous n’étions pas des inconnus. Et il en parlait beaucoup trop à l’époque où nous sortions ensemble. Il me désignait alors l’enveloppe mais n’osant pas trop l’ouvrir sur le coup, j’attendais ses explications avant. Enceinte ? Je l’ouvrais aussitôt alors qu’il disait être papa mais c’était flou. En fait sur le coup, j’avais du mal à y croire. Cela devait être une blague ? Je m’attendais à voir des photos de chiens ou d’animaux enfin un truc différent. Lui, papa ? Non. La blague. Enfin autant que moi maman. La maman de cette époque, ça ne serait pas une blague mais celle qu’il a connu, oui. Je riais nerveusement en penchant la tête alors que je regardais les photos. Encore sans mots. J’attendais plus pour savoir quoi dire en fait. Je fronçais les sourcils en le regardant mais je me rendais bien compte que je n’en saurais pas plus. Dans le fond, oui… nos histoires étaient un peu similaires mais je savais que Dawn existait. Après tout, elle m’avait fait mal en sortant mais bon. J’avais aussi 16 ans donc la donne était encore différente et mes parents aussi… Dans le genre, ils méritaient clairement des gifles. J’inspirais doucement en le regardant. « Je… », je fronçais délicatement le nez comme quand je le faisais souvent en voulant montrer que je ne savais pas quoi dire. « C’est bien ? », disais-je en demandant un peu à celui-ci si j’avais le droit d’être contente pour lui. Bah oui. Je suis un être humain et une naissance pour moi c’est une chose positive. « Je comprends que tu n’aies pas l’air heureux… », disais-je alors que je comprenais réellement ce que ça faisait de savoir ou voir son bébé, son enfant élevé par une autre personne. Je l’avais vécu. J’étais parti à l’université sans revenir derrière justement pour ne plus voir ça. Je n’en pouvais plus de voir ma fille penser que mes parents étaient les siens alors que j’étais sa maman… la seule et l’unique. Je voulais être sa maman mais j’en étais incapable. J’inspirais doucement en posant l’enveloppe et les photos en guidant ma main sur la sienne que je serrais doucement. « Mais c’est une bonne chose, tu es papa… », je souriais en baissant le regard vers les photos. « Elle a l’air jolie et elle a ton regard, un peu... Ou je rêve ? », lui demandais-je alors en me disant que cette vision positive de la situation pouvait aider car elle m’aurait aidée. Demander tristement : mais qu’est-ce que tu comptes faire n’était pas la chose à faire. Clairement pas. Je relevais le regard vers lui. « Elle s’appelle comment ? », lui demandais-je curieusement pour lui donner l’impression que les soucis de l’annonce n’est qu’éphémère par rapport à l’importance de savoir qui cet enfant est. J’avais toujours détestée les questions du style : pourquoi, comment, mais t’étais jeune, non ? Enfin toutes ces choses qui laisse l’impression d’être jugée.

C’est déjà la troisième fois que Yann se retrouve à devoir avouer l’existence de sa fille. On pourrait penser que ce serait de plus en plus facile avec le temps, l’entrainement mais ce n’est absolument pas le cas. Ça lui semble toujours aussi bizarre, aussi désagréable et toujours aussi stressant. Il ne peut pas savoir à l’avance quelle sera la réaction de ses proches. Ce n’est pas comme s’il annonçait quelque chose de tout à fait banal et ordinaire. Un enfant, c’est important. Ça change toute la vie et en même temps, ça demande tellement de responsabilités. Yann en est conscient, ou du moins, il l’est autant que puisse l’être n’importe quel homme qui a toujours redouté de devenir un jour le père d’un de ces petits êtres humains. Il remarque rapidement que la réaction de Billie n’est pas immédiate. Elle doit être un peu sous le choc elle aussi, elle devait s’attendre probablement à peu près tout sauf à ce qu’il lui annonce qu’il a un enfant. Elle semble chercher ses mots, elle ne sait pas quoi dire et Yann non plus à dire vrai. Il repense surtout aux réactions de sa sœur et de Sarah-Jane et à celles de toutes les autres personnes qui finiront elles aussi par apprendre la vérité un jour… Il y a pourtant une personne que Yann ne risque pas de prévenir, son propre père. Entendant finalement la voix de Billie qui s’adresse à lui, il finit par relever son regard vers elle. Il est à la fois perturbé par sa question et en même temps complètement perdu. Il n’a aucune idée si cette nouvelle est bien ou pas. A première vue, il dirait que non. Il estime que ce n’est pas bien d’avoir un enfant quand on ne forme pas une vraie famille. Emma-Lynn n’aurait pas dû venir au monde dans ces conditions, pas avec des parents séparés et un père qui n’est même pas présent. Yann ne peut pas se réjouir de cette naissance, même si c’est celle de sa propre fille. Il écoute les paroles de Billie en sachant très bien qu’elle a tout à fait raison. Il n’y a pas de personne mieux à même de comprendre ce qu’il traverse à l’heure actuelle. Elle s’est retrouvée dans un cas similaire, différent, puisqu’elle est une femme, et pourtant si semblable. Ils ont tous les deux eu un enfant sans le prévoir et ils n’ont pas pu l’élever comme devrait le faire n’importe quel parent. Le visage de Yann reste totalement impassible lorsque Billie tente de lui remonter le moral, ou au moins de lui faire voire les choses d’une manière un peu plus positive. Seule la main de son amie sur la sienne lui semble un peu rassurant mais il ne peut pas se réjouir d’avoir une fille quelque-part, pas en sachant qu’il risque aussi de la perdre complètement et même de manière définitive. Il a l’air un peu ailleurs lorsque Billie examine les photos et il se contente de hocher doucement la tête pour lui répondre. Oui, sa fille lui ressemble beaucoup. Il n’y a pas que dans le regard d’ailleurs. Même Livy trouvait que la petite Emma-Lynn ressemblait beaucoup à son frère au même âge. De son côté, Billie continue de le questionner sur sa fille, prenant toutefois le soin d’éviter les questions les plus embarrassantes mais pourtant importantes.

- Emma-Lynn… Répond-il distraitement, dans un murmure à peine audible avant de reprendre. Elle s’appelle Emma-Lynn. C’est tout ce que je sais d’elle.

Son prénom, sa date de naissance et ces quelques photos, c’est tout ce qu’il sait et qu’il a de son propre enfant. Il est difficile de s’imaginer être père dans ces conditions. Yann sait très bien qu’il n’a strictement rien d’un père. Il n’a fait que mettre Jenna enceinte par inadvertance. Il n’est que le géniteur d’Emma-Lynn et rien de plus. Comment pourrait-il devenir plus pour cette enfant alors qu’il vit dans une caravane et qu’il passe la moitié sa vie à être totalement bourré ou défoncé. Cette petite fille n’a pas besoin de lui, elle mérite mieux que lui, il en est certain et il est à peu prêt sûr que Billie ne lui donnerait pas tort. Elle est maman de deux enfants, elle sait parfaitement bien ce que ça implique d’être parent. Et elle sait aussi comment est Yann…

- Je suis un père minable, Billie... Lui dit-il finalement, avec un regard et une expression qui trahissent toute la souffrance qui se cache derrière ces quelques mots. Ça fait pas mal de temps que je sais pour elle mais j’arrivais pas à… à l’accepter, je crois.

Minable, oui. C’est vraiment ce qu’il pense être à cet instant. Il ne sait pas pourquoi il lui a fallu autant de temps pour parler à son entourage de sa fille. C’était sûrement plus facile de ne rien dire et de continuer sa vie comme s’il ne savait rien lui non plus. Jamais il n’a parlé un jour de fonder une famille lorsqu’il était encore avec Jenna - et elle non plus n’a jamais abordé ce sujet - mais jamais il ne se serait cru capable de rejeter ainsi son propre enfant. Il n’a peut-être jamais eu la possibilité de rencontrer sa fille mais il l’a rejeté durant presque une année entière en refusant d’admettre son existence. Il ne voulait pas y croire, il ne voulait pas devenir père et pourtant, on ne lui a jamais demandé de le devenir.

- Jenna m’a fait comprendre qu’elles n’avaient pas besoin de moi. Elle voulait juste que je sois au courant et maintenant, il lui faut mon accord pour faire adopter la petite par son mari.

Jenna ne lui a jamais demandé de devenir le père d’Emma-Lynn, elle lui en a déjà trouvé un. La seule chose qu’elle lui demande finalement, c’est d’abandonner sa fille. Ça ne devrait pas être quelque chose de si difficile à faire pour lui. Il ne la connait pas et ça règlerait en même temps pas mal de problème mais c’est une décision qu’il n’arrive pas à prendre. Il a réalisé en parlant avec Sarah-Jane qu’il risquerait de faire souffrir un jour sa fille si elle apprenait la vérité. Rejetée et abandonnée par un père biologique qui n’a jamais cherché à la connaitre… il ne veut pas être ce genre de père. Il veut juste faire ce qu’il y a de mieux à faire pour son enfant mais c’est bien là tout le problème. Il n’a aucune idée de ce qui est véritablement mieux pour elle.

- Les photos, je pense que c’était pour me faire un électrochoc ou me faire encore plus flipper. Explique-t-il à Billie, persuadé que Jenna a tout calculé à l’avance. Et c'est réussi… Ajoute ensuite Yann entre ses dents. Mais je suis encore plus perdu…

Le coude appuyé sur la table, il pose son front dans le creux de sa main libre, laissant l’autre enfermée dans celle de Billie. Il n’a encore aucune idée de ce qu’il va faire et même de ce qu’il doit faire. Même si parfois il semble vouloir se diriger vers l’une des solutions, il n’arrive pas à se décider très longtemps et change souvent d’avis. Que pourrait-il bien apporter une petite fille de deux ans ? Il n’est absolument pas capable de s’occuper d’un enfant, surtout si jeune. A côté de ça, il ressent tout de même une grande affection pour cette fillette sans même l’avoir vu de ses propres yeux. Il a mis du temps à le comprendre mais il sait maintenant qu’il est papa, il n’y a aucun retour en arrière possible et il le restera jusqu’à la fin de ses jours.

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Yann & Billie

un doudou en slip ? cela brise réellement tous les idéaux d'un enfant

Quelques mots, une main rassurante sur la sienne. Est-ce que cela suffirait ? Dans le fond, je pouvais le savoir sans le savoir. Nous sommes tous fais de chair et de sang mais nous sommes tous différents aussi. Nous sommes tous des êtres à part. Je ne savais pas comment je me sentais à la seconde même. Je ne me sentais pas vraiment mal. Je me sentais bien et heureuse pour lui mais inquiète à la fois. Je savais ce que cela pouvait engendrer dans une vie d’avoir un enfant. Je savais les bonnes comme les mauvaises choses qui en découlaient. Il me donnait le prénom de sa fille et je souriais doucement. C’était tout ce qu’il savait mais c’était déjà pas mal à mes yeux. Le papa de Dawn ne connait même pas son prénom donc bon. Je suis même persuadée qu’il ne sait même pas qu’elle est née et que je n’ai pas avortée. Rien ne m’étonnerait, c’est vraiment ça. Je laissais un sourire s’afficher alors qu’il disait être un père minable. Je secouais doucement la tête. Je ne le pensais pas minable. Oh non. Il n’était juste pas encore un père après tout et on ne lui avait pas laissé la chance de le prouver si je comprenais bien. Je l’entendais se lamenter en disant que cela faisait longtemps mais après tout, comment l’accepter ? Je pouvais le comprendre. Il devait se mettre dans le bain et la rencontrer. Une photo ne suffit pas comparé à un sourire et ça, je le savais. Je le laissais continuer de parler. Elle ne voulait pas de lui dans la vie de leur fille. Elle voulait juste faire l’annonce. Elle voulait lui demander ça ? C’est horrible. Je me pinçais les lèvres. J’avais vécue ça. Enfin presque. Me demander d’abandonner mon enfant et laisser les gens penser que c’est ma sœur. Laisser les gens penser que quand je dépose un baiser sur le front de mon bébé, je ne suis qu’une bonne grande sœur. Laisser les gens penser des choses qui me mettaient hors de moi. Laisser la sensation de voir une enfant grandir en sachant qu’elle est la nôtre mais se sentir impuissant aux choix que font nos parents pour éduquer cet enfant qu’ils jugent votre bébé. Minable. Je l’avais aidée. Je ne m’étais pas battue. Faible. Je baissais le regard. Je le laissais terminer. Électrochoc ? J’inspirais doucement. Perdu. Réussi. Je soupirais en le laissais prendre son front dans le creux de sa main. Ma main avec l’autre main. Je tirais doucement sur sa main pour retrouver son attention. « Mais secoues-toi, mon grand ! », lui disais-je alors d’un ton quelque peu autoritaire. « Tu veux la laisser gagner ? », demandais-je alors. « Si tu sembles si perdu, c’est qu’une part de toi n’est pas d’accord avec ça et personne… crois-moi bien personne n’a le droit de te demander d’abandonner ton enfant et de ne pas te laisser ne serait-ce que le rencontrer… PERSONNES ! », disais-je d’un ton un peu trop employé mais ce sujet me tenait à cœur et ça, il devait s’en douter. Je n’étais pas indifférente à la situation. « On est tous perdu quand on devient parent, on est tous faible, on se sent tous minable et on l’est peut-être parfois mais parfois on ne l’est aussi pas du tout ! », disais-je aussitôt. « Dans ton cas, c’est logique ! », rajoutais-je avec une grande assurance car pour moi, c’était réellement logique. Oui, c’était logique et je savais pourquoi je trouvais ça logique. « On ne devient pas père d’une photo, on ne peut pas devenir père comme ça ! », disais-je alors en laissant sortir cette logique que j’avais. Je lâchais alors sa main en posant mes deux coudes sur la table et joignant mes bras, croisés. J’inspirais doucement en plongeant mes yeux cacaos vers lui. « Pour devenir parents, c’est un déclic mais il n’arrive pas alors qu’on rumine sur soi-même… si tu veux être présent pour elle, tu dois tout faire pour voir si tu le pourras, tu dois te battre car crois-moi… tu ne fais que fuir… et tu le regretteras un jour et même si ça fera mal de l’affronter car crois-moi, ça fera mal… fuir n’est jamais la solution ! », disais-je comme une connaisseuse mais il m’avait souvent vue regretter d’avoir quitté la maison de mes parents ou de ne plus y aller. Regretter de laisser mon bébé derrière moi. Regretter d’avoir préférée fuir que de l’idée de voir ma fille grande en m’appelant « grande sœur » ! Tout était réparé. Tout était enfin à sa place mais mon cœur en avait souffert le martyr à ses moindres gestes d’un bébé qu’on ne peut pas pleinement aimer pourtant dieu sait que je n’étais pas prête à ça. Trop jeune. Trop innocente. Encore une enfant. « Bats-toi ! », lui disais-je au final.

A cause de Jenna, Yann se retrouve peut-être confronté à l’un des pires dilemmes qui puissent exister. Il en va de la vie et de l’avenir d’un enfant, de son enfant, il ne peut pas se permettre de faire la moindre erreur. Tout ce qu’il veut, c’est bien sûr le bonheur de sa fille mais le véritable problème est de savoir ce qui sera le mieux pour elle. Yann n’est pas sûr d’avoir les qualités et les aptitudes à devenir un bon père pour une fillette de deux ans. Ce n’est pas le fait d’être son père biologique qui fera forcément de lui un bon père. Yann en est conscient et c’est probablement ce qui lui fait le plus peur. Billie est sûrement la personne la plus capable de le comprendre sur ce point-là. Même si elle est aujourd’hui la mère de sa fille, ça n’a pas toujours été le cas et elle n’a pas non plus toujours été capable d’assumer une telle responsabilité. La réaction de son amie le surprend pourtant. Pas une seule seconde elle ne semble douter des capacités de Yann pour élever sa fille. Il relève la tête vers elle lorsqu’elle lui dit de se secouer. Il la regarde même pendant un instant avec un air totalement perdu. Avant de froncer un peu les sourcils à sa question. Laisser Jenna gagner… elle n’est pas la première à utiliser cette expression. En un sens, il a l’impression qu’elle a déjà gagné. Elle est la seule responsable légale d’Emma-Lynn et elle élève déjà leur enfant depuis deux ans. Il est difficile de pouvoir rivaliser avec ça. Pourtant, au fur et à mesure qu’il écoute la voix de Billie, une sorte de révélation se fait dans la tête de Yann. Il n’avait jamais pensé jusqu’alors qu’il pouvait demander à rencontrer sa fille, juste une fois. Ça n’engage à rien et la petite n’est même pas obligée de savoir qui il est, mais il a l’impression que le fait de voir son enfant de ses propres yeux pourraient peut-être l’aider. Il réaliserait peut-être un peu plus s’il est véritablement capable d’assurer auprès d’elle ou bien s’il est préférable qu’il laisse Jenna et son mari se charger d’élever sa fille. Billie vient sûrement de mettre le doigt sur un point essentiel. Un petit sourire s’affiche même sur le visage de Yann lorsqu’elle s’exclame subitement qu’il est impossible d’être le père d’une simple photo. C’est assez drôle quand on y pense et pourtant, c’est tellement vrai. Il reste à écouter son amie lui faire presque la morale sur le fait que fuir n’est jamais la meilleure des solutions. Il s’attendait bien à ce que ce sujet la touche particulièrement mais il n’avait peut-être imaginé à quel point.

- Me battre… Répète doucement Yann alors qu’il digère encore tout ce que Billie vient de lui dire.

Il ne sait même pas s’il est vraiment capable de se battre contre quelqu’un comme Jenna. Yann ne le dit à personne mais au fond de lui, il est tout à fait conscient que son ex a toutes les cartes en main pour l’exclure totalement et même définitivement de la vie de sa fille. Rien n’est simple dans cette histoire et il sait très bien qu’il sera inutile de chercher à se battre contre elle. La seule solution est d’essayer de lui faire changer d’avis et de réussir à la convaincre de lui laisser prendre la place qui aurait dû lui revenir auprès de sa fille. Autant dire que ce n’est pas gagné.

- Tu as peut-être raison. Reprend-il finalement en regardant fixement la table. Je crois que j’ai envie de la voir. Même si c’est juste qu’une fois.

Il n’est pas sûr de lui, il n’est pas non plus sûr du résultat mais ça vaut peut-être le coût d’essayer. Si ça peut l’aider à prendre sa décision et ne pas la regretter par la suite, ce sera déjà ça de gagner. Peut-être que ce sera pire encore mais il ne peut pas le savoir avant d’avoir essayé. Il sent bien au fond qu’il a envie de rencontrer sa fille, d’entendre le son de sa voix et même de la voir jouer et rire. Il est lié à cette petite fille et ce n’est pas rien à ses yeux. Elle représente une partie de lui, il n’y a qu’à la regarder pour s’en rendre compte. Emma-Lynn ressemble déjà bien plus à son père qu’à sa mère. Peut-être même que leur ressemblance ne s’arrête pas sur l’apparence physique. Elle a peut-être hérité d’un caractère similaire à celui de Yann mais ce n’est pas en regardant des photos d’elle qu’il pourra le savoir. Il a besoin de rencontrer sa fille, c’est une évidence à présent.

- Il faudra juste réussir à convaincre Jenna de me laisser la voir…

Yann est conscient que ce ne sera pas la partie la plus simple mais il la connait suffisamment bien. Il a peut-être une chance de réussir à lui faire changer d’avis sur cette adoption et même d’organiser une rencontre pour en discuter.
Il n’y a plus qu’à tout faire pour y parvenir.

Sujet terminé

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▬ Yann&Billie ▬ un doudou en slip ? cela brise réellement tous les idéaux d'un enfant ▬

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