Comme beaucoup d’autre, j’avais tenu à participer à l’enchère qui contribuait à aider les petites canailles de l’orphelinat. Je m’étais vendu, comme j’avais aussi acheté. Ce soir, c’était la rencontre avec mon butin. J’avais laissé les vêtements chics dans ma garde-robe pour enfiler quelque chose de plus approprié à la soirée. Après tout. On n’allait pas voir une pièce de Molière, donc l’apparat de pingouin n’était pas de mise. J’avais comme beaucoup d’autre décidé de porter les couleurs des Lakers, soit le orange et le violine. Je n’avais pas l’air d’un clown, ce qui était une bonne chose puisqu’avec mon argent, j’avais su me payer une femme. Non pas une prostitué, que je vous y vois ! Mais entre l’achat d’un homme ou d’une femme, le choix était d’office fait dans ma caboche. Bien qu’après avoir découvert l’activité, j’aurais peut-être dut m’acheter un copain. Ça n’a rien de gay voyons ! Seulement, les femmes ne sont pas réputées pour être de grandes connaisseuses du sport. Je n’avais pas vraiment envie de passer ma soirée à lui expliquer les règles du basket ou encore l’entendre se plaindre comme si elle était dans sa zone rouge. Et puis, tout au contraire, peut-être allais-je faire une merveilleuse rencontre qui m’étonnerait. Était-il possible que je finisse la soirée avec des papillons dans le ventre ? Peut-être ou pas… Seule la destinée ou l’avenir savait cela dans son grand grimoire de la vie ! Regardant ma montre, je fronçais le nez en réalisant l’heure, si je ne voulais pas arriver en retard, il fallait que je parte. Quittant mon appartement sans un mot pour Addon, je me dirigeais vers mon char pour prendre la direction du stade. J’étais quelque peu étonné d’entendre tout le raffut que faisait les gens en approchant du stade. On aurait dit un carnaval comme on en voit à Venise, Rio ou pour Mardi Gras. Les supporters semblaient tous euphoriques et je me glissais parmi eux après avoir stationné ma voiture dans le parking et échappé mes clés dans les égouts. Karma de mes deux ! J’avais passé pas loin de dix minutes à essayer de reprendre ce qui m’appartenait. Glissant mes doigts entre les fentes de la bouche d’égout pour y atteindre mon trousseau. Tout cela manquait cruellement d’élégance, mais je n’allais pas laisser mes clés dans ce trou ! J’avais finalement réussi à les extirper de-là, faisant une petite polka de la joie. Je passais le tourniquet après cette mésaventure, prenant bien soin de ne pas m’envoyer la barre dans mes pralines… Car sinon, adieu les fellations  et bonjour la castration ! Une fois les carnavaliers passés, je regardais mon ticket pour voir la section qu’on nous avait attribué. Je restais alors sans voix, j’étais littéralement en admiration devant l’endroit. La loge VIP ! Ce n’était pas rien, bien qu’être sur le terrain m’aurait tout autant enthousiasmé. Mais cette petite gâterie me fit instantanément oublier le malencontreux épisode avec l’égout. Je serrais avec passion mon ticket, de peur de le perdre ou tout simple parce que pour l’instant il valait plus que de l’or. J’avais peut-être tout d’un arlequin ou bien d’un bouffon, mais ce ticket me semblait ensorceler. Comme si une gentille petite sorcière avait frétillé du nez pour m’offrir ça ! Rien désormais ne pouvait entacher ma soirée. Levant mon regard du ticket d’or, je réalisais qu’avec toute cette jubilation intérieure, j’avais fini par abalourdir et surtout j’étais complètement perdu ! Regardant à droite et puis à gauche, je cherchais le moindre signe de vie. Rien nada ! Si cette soirée continuait ainsi, j’allais finir avec une migraine atroce ! Je poussais un soupire, cherchant désespérément de l’aide ou tout du moins une personne assez pleine de courtoisie pour me guider. Sur cette pensée, une cheerleader passait près de moi. La destinée est finalement bien faite ! « Excusez-moi ! Je cherche la loge VIP. », lui demandais-je sans détour. De ses mains aussi douces que des draps de satin, tout du moins c’est ce que je présumais, elle m’indiquait le chemin à prendre. Je parvenais enfin dans la loge, soulagé, mais aussi excité qu’un parasite… ou serait-ce une puce ? Je semblais être le premier sur les lieux, ce qui n’était pas si mal ! Je m’approchais de la vitrine, regardant le terrain avec convoitise. Intérieurement, j’espérais ne pas mourir d’aphasie pendant le match ! Un sourire prenait place sur mes lèvres, alors que je voyais les cheerleaders pratiquer leur chorégraphie pour les supporters. Une coutume qui mettait facilement l’eau à la bouche. Plusieurs d’être elles avaient dut laisser leur ceinture de chasteté à la maternel, laissant leur fleur perdre leur pétale au fil des années. Aussi pervers que soit cette pensée, je laissais le marketing influencer mes idées. Créant ainsi des stéréotypes déjà préconçus. Non loin d’elle, plusieurs brunoyers lançaient des paniers pour s’échauffer. En tout cas, ce soir se serait fiesta ! J’entendais alors la porte se refermer, me faisant ainsi faire volteface. Si je n’avais pas eu autant de self-control, j’en aurais très certainement perdu ma mâchoire en voyant Princesse enter dans la loge. Un large sourire parcouru mes lèvres en la regardant. Une sublime rose noire, si je puis dire. Je m’approchais d’elle et bien que je sois encore anonyme pour elle, j’allais embrasser sa joue. Non pas en signe de drague, mais seulement un geste qui se voulait charmant, poli. « Bonsoir. Je m’appelle Baptist, c’est moi qui vous aie acheté. », disais-je en la regardant droit dans les yeux.  

Avais-je été trop rapide ? Déjà qu’après avoir dit l’avoir acheté, je trouvais mes mots quelque peu étranges. Acheter quelqu’un ramenait plus à la prostitution qu’autre chose, mais en même temps c’était un fait avéré. J’avais déboursé un bon montant pour passer ma soirée avec elle. Elle me tendait la main et je laissais un pli se former sur mon front. Je n’étais pas sceptique, mais pendant un instant je doutais de mon charme. Était-elle ce genre de femme a préféré la distance au lieu de la chaleur humaine ? Je ne pouvais pas lui en vouloir, étant un étranger à ses yeux tout comme elle l’était aux miens. Elle plaisanta et sans vouloir être malpoli, je laissais un rire couler entre mes lèvres. Pour être franc, je ne comprenais pas le sens de ces propos. Ce qu’elle valait ? Mon rire m’avait semblé faux, mais elle ne semblait pas le remarquer. Je ne connaissais que son prénom, qu’elle réitérait en se présentant. Mon sourire n’avait pas quitté mes lèvres, après tout il était omniprésent dans mon quotidien. Je la sentais timide ou tout simplement maladroite, ce que je trouvais assez charmant chez une femme. Jusqu’à un certain point tout de même, trop devenait vite agaçant voir même oppressant. Je la suivais du regard, alors qu’elle allait prendre place dans un siège. Elle semblait pressé, pourtant nous étions là pour s’amuser et si j’étais une corvée je préférais de loin passer ma soirée seul devant le match. Je ne disais rien, à quoi bon. Elle m’invitait à m’asseoir, mais un sourire espiègle apparut sur mes lèvres. Je me dirigeais plutôt vers le bar. Si on avait une loge VIP à nous seuls autant en profiter, non ? « J’arrive. », disais-je en me penchant vers le petit frigo en dessous du comptoir. Généralement, elle se trouvait là. Mon sourire s’élargissait en voyant cette bouteille de champagne coucher dans le petit réfrigérateur. Je me redressais tenant dans ma main la bouteille. « Je suis infirmier. » Autant éviter de préciser que j’étais aussi sage-femme. Un détail qui pourrait faire détaler une fille en moins de deux, comme me faire gagner des points en disant que j’aimais les enfants. Mais est-ce que ça le démontrait réellement ? J’en doutais. Je n’étais pas pédiatre et je n’avais pas l’intention de poursuivre mes études plus loin pour arriver à un meilleur salaire ou autre… J’aimais ce que je faisais et ça me suffisait amplement. « Et vous, que faites-vous ? », demandais-je alors que je retirais le papier qui protégeais le bouchon. Je laissais un sourire apparaître sur mes lèvres à son commentaire. « Vous savez on est un peu d’avance et il est rare que les matchs commencent pile à l’heure. Ça ne devrait plus tarder. », continuais-je tout en faisant sauter le bouchon du champagne dans ma main. « Yes ! », s’échappait de mes lèvres satisfait de voir que je n’avais pas perdu une goutte de ce nectar. Me mordant la lèvre inférieure, je cherchais deux coupes pour nous servir un verre. Trouvant ce que je cherchais, je versais le tout dans les coupes et me dirigeais vers elle. Je lui tendais un verre, avant de prendre la place qu’elle m’avait proposé peu de temps avant. De toute manière, je n’allais pas m’asseoir à deux sièges d’intervalle. Ça serait complètement ridicule et puis, c’était une femme qui devait faire tourner les têtes. Je n’allais pas gâcher ça, même si je n’avais pas la moindre idée de ce que nous réservait cette soirée. Je la regardais croisant son regard praline, avant d’aller entrechoquer ma coupe à la sienne. « À cette aventure qui s’offre à nous et cette nouvelle rencontre. », disais-je avec une touche de passion dans le fond de ma voix. Je ne tentais pas de la séduire, pas encore il était trop tôt pour cela. Et puis, me prendre une gifle, alors que le jeu ne faisait que commencer ne m’enchantait guère.