Dès mon plus jeune âge, mes parents m’ont tout de suite fait comprendre que je ne devais pas les décevoir. Quand j’avais huit ans un drame survint dans ma famille, mon grand-frère, Ryan, décéda suite à un accident de car. Il allait à l’école, tout comme j’aurais pu y aller ce jour-là sauf que j’étais malade… J’étais donc resté à la maison, dans mon lit, quand le téléphone retentit dans le salon. Je sortis de mon lit, étant un grand curieux, je voulais savoir qui c’était. Et là je vis ma mère tomber au sol, pleurer et crier. J’étais impuissant, je restais planté dans l’embrasure de la porte à regarder ma mère souffrir et pleurer d’une chose dont je ne savais pas encore la gravité. Son regard tomba sur moi et elle me demanda d’approcher, ce que je fis avec le plus grand silence. Je sentis juste ses bras m’entourer et pleurer encore et encore jusqu’à ce que mon père arrive et prenne le relais. Je ne comprenais rien, tout le monde pleurait mais je ne savais pas ce qui se passait. J’étais énervé car même la cuisinière ne voulait pas m’en dire plus, elle aussi pleurait. Je n’avais que huit ans et rien que le fait qu’on me cache des choses ne me plaisait pas du tout ! Ce fut que le soir, quand je retournais dans mon lit avec quarante de fièvre que mon père et ma mère vinrent me parler. Ma mère me caressa les cheveux, ne faisant que renifler –ce  qui commençait à me rendre dingue- puis mon père s’assit au pied de mon lit en me frottant les jambes. C’est lui qui parla tout le long. « Ca va fiston ? Ecoute… j’ai une terrible nouvelle à t’annoncer… Ton frère, Ryan, ne reviendra plus jamais à la maison. C’est fini. » Et il pleura à son tour et moi aussi. Mon grand frère était mort et j’aurais dû mourir moi aussi quand j’appris, quelques semaines plus tard, les circonstances de l’accident. A partir de cet instant, plus rien ne fut pareil dans la famille. Mes parents s’en prenaient à moi à chaque occasion qui se présentait. Je devais être l’exemple de la famille, ramener des bonnes notes et finir militaire. Mon père était plus dur, me faisant faire des exercices qu’il faisait faire à ses soldats. Il pétait littéralement un boulon et moi je subissais, mais je me taisais car après-tout, c’était mon destin de finir dans l’armée et de devenir un soldat. Mais au fond ça me torturait, ça m’énervait, j’avais qu’une envie, lui gueuler au visage que j’en avais rien à foutre de son truc de merde. Voilà, mais je gardais ça enfouit car j’avais perdu mon frère et que mes parents étaient malheureux. Et au fond, je lui en voulais à Ryan, d’être partit car c’était à cause de lui qu’ils étaient comme ça à présent ! Je lui en voulais et il me manquait terriblement.
Un soir, lorsque je descendais prendre un verre de lait dans la cuisine, j’entendis mes parents parler dans leur chambre. Je m’arrêtais car j’entendais ma mère sangloter encore une fois. Je m’appuyai contre le mur et les écoutai. Et ce que j’entendis me fis froid dans le dos. « Oh, je t’en supplie Jake, faisons un bébé. Je me sens seule. Donne-moi un autre enfant… » Je faillis vomir en entendant ces paroles dégueulasses. Je quittai le mur et descendis à toute vitesse dans la cuisine. Cela faisait à peine deux ans que mon frère était mort et voilà comment il me voyait ? Comme un objet ? Elle se sentait seule, elle venait de le dire. Ma rage devint plus forte, je sortis de la maison en douce et partis. Je courus, je courus aussi vite que possible, aussi loin de cette maison et allai au seul endroit où je me sentais en paix avec moi-même. Au cimetière. Je me rendis sur la tombe de Ryan et lui criai dessus. « Tout est ta faute ! Tu m’as laissé tout seul avec papa et maman. Je te déteste Ryan, je te déteste ! » Mais au fond, je me sentais juste seul moi aussi… depuis sa mort je me terrais dans les exercices de mon père et sa volonté que je devienne un soldat. J’étais seul et je ne pouvais en parler à personne. Je finis par m’affaler contre sa tombe en pleurant toutes les larmes de mon corps. Je rentrai deux heures plus tard et allai prendre ma douche sans parler à mes parents. Ce fut donc sans surprises que j’accueillis la nouvelle de la grossesse de ma mère. Kate arriva 8 mois plus tard. Et vous savez ce qui est le pire ? c’est que j’adorais cette petite bouille, j’adorais regarder ses petites mains accrocher la mienne quand je l’observais dans son berceau en plein milieu de la nuit. Car, cette petite fleur, j’allais la protéger. La protéger des mains de mes parents et de leur foutu caractère. J’allais la protéger comme m’aurait protégé mon frère. Cette petite brunette allait devenir ma protégée et j’allais la chérir de tout l’amour qu’il faudrait pour qu’elle soit heureuse. Malgré nos dix ans d’écart. Je me suis même promis de ne jamais lui dire que c’était un enfant non conçut dans l’amour mais par dépit pour combler l’absence d’un autre enfant. Car ce que ne sait pas Kate, c’est qu’elle aurait dû avoir un autre grand frère. A la mort de celui-ci mes parents ont tout enlevé qui leur rappelait Ryan. Du coup, Kate pense que je suis son seul frère et qu’elle a été issue d’une grossesse miraculeuse après des années d’essais. Alors que non. C’est pour cela que je ne porte pas dans mon cœur mes parents, même si au fond, je les aime.

Le lycée, tout ce que je déteste. Trainant des pieds avec mon sac sur l’épaule, je traverse le couloir direction mon prochain cours. Je tombe nez à nez avec Cameron Dikerson. Je le regarde bas en haut et lui aussi. Arquant un sourcil, je lui fais un signe de tête avant de lui parler. « Qu’est-ce t’as ? Dégage. » Lui donnant un coup d’épaule, je le dépasse en soupirant. Ce mec ne se prend pas pour de la merde et je refuse de me laisser faire par une merde comme ça. Je sais que je vais regretter ce que j’ai fait mais bon… Car effectivement à la fin du cours, je me fis encercler par la bande de Dikerson. Et je ne vis pas le coup de poing m’arriver dans la gueule côté droit. « C’est tout ce que tu sais faire Luke ? » Rigolant, je m’essuyais la bouche du revers de la main et me préparais à recevoir un autre coup. Et ça continua pendant dix longues minutes et le pire c’est que ça me faisait rire. Je rigolais pour les énerver encore plus et leur montrer que j’en avais rien à foutre de ce qu’il me faisait. « T’as pas aimé que je couche avec ta copine, Cam ? Je dois avouer que tu as bon goût en même temps… » Sauf que là, je dus aller trop loin car je reçus le coup fatal dans les côtes qui me fit taire. Je les regardais partir en les insultant de tous les noms qui me venaient à l’esprit. Bande de cons. Je rentrais à la maison en passant par le garage et montais dans ma chambre. M’allongeant sur mon lit, je grimaçais et allais ensuite me regarder dans le miroir. Je soulevais mon t-shirt et retins à cri de douleur. C’est à ce moment-là qu’une mini tête brune arriva dans ma chambre en m’attrapant les jambes. « Ollie, Ollie ! Tu veux que je joue au docteur ? » C’était devenu notre rituel quasiment. Elle me soignait du mieux qu’elle le pouvait et elle m’apaisait dans ma violence et l’envie de tout casser. Quand ma petite sœur sortit de ma chambre après avoir joué au docteur, je me rendis dans le salon pour rejoindre mes parents. « C’est bon, je m’engage dès la prochaine rentrée. Ca te fait plaisir, papa ? » Son regard en dit long mais quitta son journal pour me regarder et me sourire en même temps. « Magnifique ! Je vais m’occuper des papiers, t’auras juste à signer. » Et sur ce, il partit. Je regardais ma mère et attendis qu’elle parle. « Tu sais, tu n’as pas à lui faire plaisir, à ton père. » Haussant les épaules avec désinvolture, je m’approchais d’elle et lui glissai à l’oreille. « S’il arrive un quelconque malheur à Kate pendant mon absence, je vous en tiendrai responsable. Tous les deux. Ok ? » Je me reculais et lui fis comprendre par le regard qu’elle n’allait pas avoir le choix de m’écouter et de faire ce que je lui avais dit. Elle savait pourquoi, pas besoin de lui dire, elle savait très bien que je connaissais son petit secret de faire un bébé pour combler la présence de Ryan. Je tournai les talons et m’en allai dans ma chambre sans rien rajouter.
Le jour J arriva, j’étais en uniforme près à dire au revoir à mes parents et à ma petite sœur. Ca allait devenir les six plus longues années de ma vie. J’embrassai vite fait mes deux parents et me penchai pour prendre Kate dans mes bras. Je sentis ses douces petites larmes descendre dans mon cou. Je lui essuyais ses larmes et la regardais avec un sourire tendre. « Dès que je reviens, on joue au docteur ? » Je lui fis un petit clin d’œil et me relevai en lui frottant la tête avec un sourire. Puis je me tournais vers mes parents et tout sourire disparu. Il ne méritait pas mon sourire et de me voir heureux, pas après ce qu’il m’avait fait vivre. Je tournai les talons, sans un mot de plus et partis pour six ans d’engagement dans l’armée. La première année fut la plus dur mais je m’en sortis plutôt pas mal, et je dois l’avouer grâce à l’entraînement de mon père. Je me fis des potes aussi, une bonne bande de potes et surtout un, Brandon. Ce mec-là, c’était un peu mon sauveur. Disons que c’est le seul qui sache que je suis claustrophobe et qui m’a retrouvé enfermé dans un placard lors des soi-disant bizutages. Je suis resté enfermé pendant deux longues heures en train de taper et de crier. Je leur avais dit, mais ici pas de pitié pour les petits nouveaux. Quand je le vis, ce fut un grand soulagement ! Il me sortit de là, ne m’en demanda pas plus et devint un des piliers de cette fratrie. On resta ensemble pendant les six ans où je fus engagé, ne parlant même plus pour se comprendre. Un seul regard suffisait pour savoir ce que pensait l’autre. Pendant six ans, je m’améliorais en endurance, en musculature, en tout. Je n’étais plus le petit caïd qui se prenait des raclés à la sortie de l’école, j’étais celui qui donnait des raclés à la sortie de l’école. Et quand je sortis de mon engagement, ma seule idée fut d’aller casser la gueule à Cameron et sa bande de cons. A 24 ans, je sortis de l’armée et rentrai chez moi retrouver ma famille. Je fus accueilli par ma petite sœur qui avait bien grandi… Certes j’avais eu des permissions mais là, c’était carrément une adolescente qui allait faire tourner la tête des mecs. Je la serrais fort dans mes bras et sentis l’odeur de son parfum, c’était bien elle. « Tu grandis trop vite… » Je souris dans ses cheveux et me séparai d’elle pour mieux la regarder. Oui, elle allait en faire tourner des têtes au lycée… Je tins ma promesse, je retrouvais Cameron à la sortie de son appartement. Apparemment, il n’avait pas tellement évolué. Je l’attendais, un pied contre le mur, tête baissée avec un sourire espiègle. « Cameron Dikerson aka la brute du lycée. La terreur qui couche avec toutes les catins. » Je levais la tête et le saluais en rigolant. « Tu ne me reconnais pas ? En même temps… je ne suis plus le petit Oliver. Je suis le soldat Williams. » Tout en me rapprochant de lui, je lui saisis le bras et continuais de parler en voyant son regard fuir le mien. « Tu te souviens ce que ça faisait de faire mal ? Non ? Je vais te montrer. Je lui serrais le bras de toutes mes forces jusqu’à entendre son cri de douleur. Je lui foutus un coup dans les côtes et le laissais tomber par terre avec sûrement le poignet cassé. « C’était pour te dire que je ne t’avais pas oublié, Dikerson. » Puis je partis le laissant agoniser sur le bord de la route. Depuis ce jour, plus jamais je n’entendis parler de ce mec.

Un an après la fin de mon service, je ne fis pas grand-chose, je m’occupais surtout de rattraper le temps perdu avec ma sœur. Elle me raconta la vie de nos parents, ce qu’ils avaient fait, comment ils allaient. Je n’en perdis pas un mot. J’adorais la regarder écrire ses devoirs et la voir me parler de ce qu’elle aimait faire et ce qu’elle détestait. Puis, je tombais sur mon appareil photo dans ma chambre et fis défiler ce que j’avais pu prendre entre le moment où je l’avais reçu par mon frère à mes sept ans et lorsque je suis partis à l’armée. Tant de choses et je me rendis compte que ça m’avait manqué de prendre des choses en photos, des paysages, des personnes. Je pris donc la décision de partir faire le tour du monde pour photographier tout ce qui me passait par la tête et surtout pour faire ce que j’ai toujours voulu faire. Photographe. J’annonçais cela à mes parents et promis de rapporter un souvenir à ma sœur de chaque pays que j’allais visiter. Je partis une semaine après à la découverte du monde. Je pris des photos de l’Afrique du Sud, des enfants qui y vivaient, des animaux, du Kruger Park. Bref, je mis certaines photos sur internet et là commença mon petit business. Je fus engagé dans une entreprise de photographie à l’âge de 27 ans. Pour eux c’était simple, je voyageais, je prenais des photos et les envoyais, il les publiait et je continuais. Je leur donnais mes photos, il m’envoyait dans des endroits pas communs et qui me faisais voyager et me prenais aux tripes. Je fus donc envoyé auprès des soldats les prenant dans des moments anodins. Cela me plaisait énormément, d’accord ce n’était pas facile mais ça me raccrochais à la volonté première de mon père, être soldat. Je l’étais en quelque sorte, maintenant j’étais photographe pour eux, pour montrer leur travail et ce qu’il vivait. De temps en temps, je rentrais chez moi pour voir comment allait ma petite sœur et mes parents et comme promis je lui rapportais ces fameux souvenirs. Puis on m’offrit la possibilité de partir en Afghanistan avec un journaliste de guerre. A la base, je pensais que c’était un homme avec qui j’allais travailler mais… je fus surpris quand je tombais nez-à-nez avec une femme. Plutôt pas mal qui plus est. Mal à l’aise au début, je lui souris et arquai un sourcil. « Joe Hardy ? » Je rigolais légèrement en entendant la suite. Effectivement, je m’attendais à voir un homme. Mais ça ne me dérangeait pas d’avoir à faire à une jeune femme. Je pris place en face d’elle et me présentais à mon tour. Je sentais déjà que j’allais pouvoir obtenir quelque chose avec elle, point de vue travail. Ou plus. Je ne sais pas trop. Mais je secouai la tête pour ne pas trop m’attarder sur ses atouts féminins. Travailler avec cette blonde me donnais des ailes et me faisais devenir quelqu’un d’autre. Je ne m’enfermais plus sur moi-même et arrêtais d’être violent envers les personnes qui cherchaient la merde. Je dois avouer que parfois ça me démangeait. Mais je me calmais pour elle, pour Gwen. J’adorais la voir sourire et sentir son doux parfum le matin. Oh oui, elle me faisait de l’effet cette nana là. Mais pas seulement parce que c’était ses magnifiques formes, c’était la personne entière. Alors quand elle me demanda de s’engager complètement dans cette relation j’acceptais. J’étais fou d’elle. « Moi aussi je veux vivre à fond cette relation Gwen. » Et je lui souris, un des sourire que je lui attribuai rien qu’à elle. Elle me comblait de bonheur comme je la comblais de bonheur. J’adorais cette relation que j’avais avec elle et je savais à quel point il était dur pour elle de vivre ce genre de relation, ayant été déçu une fois par un homme. D’ailleurs si je tombe sur lui… c’est un homme quasi-mort. Je vivais parfaitement bien cette relation, jusqu’à ce que je ressente cette distance… Je ne disais rien, j’encaissais le fait qu’elle se concentre plus sur le travail que sur moi. Je faisais de même, ça m’évitait de souffrir. Puis un jour, en décembre 2015, quelque chose se passa dans le lieu où on se trouvait, en Syrie. Quelque chose qui marqua nos esprits et surtout celui de Gwen. Elle était terrifiée et je ne pouvais rien faire pour elle. Je tentais de la calmer, sentant sa colère et sa peur l’envahir, m’envahir à mon tour. Je fermais les yeux et me pinçai les lèvres en l’entendant partir prendre sa douche. J’étais impuissant face à cette bombe qui venait d’être lâchée. Je la perdais, je le savais, Gwen s’en allait petit à petit et que je ne pouvais pas l’en empêcher. Je n’allais pas lui courir après, ce n’était pas mon genre, si elle décidait de partir, elle partirait. Je n’allais pas être ce mec qui retient sa copine pour son pur plaisir. Je voulais qu’elle soit heureuse, tout simplement. Mais c’était l’inverse qui se produisait. Le soir même je ne fermai pas l’œil, la regardant dormir, lui caressant les cheveux. J’avais trop peur qu’elle ne fasse quelque chose qu’elle regretterait et moi aussi.
Sauf que je n’avais pas prévu de ne pas la voir au petit matin quelque jour après son pétage de câble. Car oui j’avais succombé au sommeil. J’avais dormi et en ce petit laps de temps, elle avait pris la fuite. Je me levais et me frottais le visage pour me réveiller, je cherchais une lettre, un mot, un sms. Que dalle. J’envoyai tout valser dans le petit appartement, fou de rage. Pourquoi ? Merde ! Je lui laissai une centaine de messages et quelques dizaines d’appels. Jamais elle ne me répondit, ce qui me rendit encore plus fou ! Qu’est-ce que j’avais fait de mal pour qu’elle s’en aille ? Puis je  pensai à Aaron et au fait que Gwen ne pouvait pas supporter cette relation en plus de ce qu’elle avait vécu. Je grinçai des dents et décidai de partir à mon tour, tout d’abord en faisant une petite escale à Phoenix puis à Los Angeles. Tout d’abord, je revis ma sœur qui n’était pas du tout petite mais qui était devenue une vraie femme du haut de ses 25 ans. Je la serrai dans mes bras et essayai tant bien que mal de lui parler de Gwen et de ce qui s’était passé pour qu’elle parte. Je lui épargnai l’horreur qu’on avait pu vivre et la difficulté de vivre dans ces conditions. Je ne voulais pas qu’elle soit traumatisée. « Je vais devoir partir à Los Angeles pour aller voir mon boss ensuite… ensuite j’irais à Pasadena. Ca te dit de venir avec moi, mini Williams ? » Je la regardai avec un sourire tendre sur le visage. « Oh oui ! Ca serait trop bien ! Papa et maman sont de plus en plus barbants en plus. J’accepte. On y va parce qu’il y a Gwen ? » Je lui donnais un coup dans le ventre, gentillais et repartis dans ma chambre pour préparer mes affaires. L’emmener avec moi l’éloignerait de nos parents et du lourd secret qu’ils cachent. Que l’on cache et je ne voulais pas qu’elle le découvre, surtout pas. C’était pour son bien. Même si je ne savais pas si j’allais y rester toute ma vie, j’étais quasi-sûr que j’y resterai pendant un petit moment. Je fis donc toutes les démarches nécessaires pour que mes affaires arrivent à Pasadena, dans un petit appartement pour deux personnes. Alors que je m’apprêtais à rejoindre ma sœur, je reçus un coup de téléphone, pensant que c’était Gwen, je ne pris même pas le temps de regarder qui c’était et répondis à la hâte. « Gwen ?!... Oh salut Brandon. » Je m’assis sur le bord de mon lit, passant une main derrière ma nuque. « Salut Ollie ! Je… j’ai besoin d’un service… » Et là, je ne m’y attendais pas du tout. Il s’était mis dans une sacrée merde. Je décidai donc de lui dire où j’allais vivre à présent, soit à Pasadena. Je lui proposais de se joindre à ma collocation avec ma sœur. Car avec ce qui lui arrivait, je devais être là pour lui et on allait devoir trouver une solution et vite.
La semaine suivant, je fis les démarches auprès de ma boite pour lui souligner l’envie de prendre des photos dans le coin, visitant notre pays et les villes environnantes. J’expliquai également pourquoi et donc les horreurs que j’avais pu voir au cours de cette mission en Afghanistan et qui me faisait cauchemarder encore. Puis je m’installais à Pasadena avec ma sœur et mon meilleur ami. D’ailleurs quand je le vis, je lui fis une bonne accolade et partis avec lui pour mieux comprendre son histoire. « Ecoute… je ne pensais pas que ça allait prendre cette ampleur là… Je me suis juste battu, j’avais de l’alcool dans le sang et … j’ai frappé trop fort. Je l’ai tué. J’ai tué le mari d’une collègue… Elle ne sait pas que c’est moi. Je… il l’a battait tu comprends ? Il lui faisait du mal ! Je ne pouvais pas ne rien faire. Tu comprends non ? » Je hochai la tête machinalement.  J’aurais fait la même chose si ça avait été Gwen, je dois l’avouer. J’aurais tué ce foutu Aaron s’il avait posé sa main sur elle. Je bus mon verre d’une traite. « Ok, écoute. Tu vas fermer ta gueule, tu ne diras pas à ta collègue que c’est toi le coupable, ok ? Tu la fermes jusqu’à ce que l’on trouve une solution à ton merdier. » Je secouai la tête et passai ma main dans les cheveux. Je me foutais dans un beau merdier moi aussi à me mêler de cette affaire. Mais bon, c’était mon ami, je ne pouvais pas ne pas l’aider. Il ferait la même chose pour moi. Maintenant que j’avais ça sur le dos, j’allais également devoir m’occuper de Gwen. Je savais qu’elle était ici grâce à son frère qui avait eu l’amabilité de me dire son adresse. Maintenant… je n’avais plus qu’à aller la voir.