Ouvrir les pages du roman illustrant ma vie, laisser l’encre de mon passé s’échapper de mes lèvres, je me sentais perdue, mais aussi délivré d’un poids. Ces mots n’étaient pas faciles à dire, car au fond de moi je craignais les jugements qu’on pouvait porter sur ma personne. J’étais consciente que ma vie n’avait rien à voir avec ce qu’on racontait généralement. En ne disant rien, je trouvais la force de me protéger. Je les protégeais aussi, je savais ce que Gaspard était capable de faire, il y avait près de quatre ans, il m’avait arraché à cette nouvelle famille que je m’étais construite avec Rainbow, Aymerick, Julian et les autres. Il serait bien capable de me remettre en cage, de leur faire du mal pour que je sois à nouveau à lui. La dernière fois, il m’avait bien fait comprendre que je lui étais redevable. Que j’avais une dette envers lui et que ma liberté, je ne la posséderais jamais. En arrivant à Pasadena, je n’aurais jamais pensé me lier à des gens. Je venais ici pour trouver ma liberté tout en sachant que je ne pouvais pas me permettre de fréquenter des gens. Cette crainte que tout recommence planait toujours au-dessus de moi. Et pourtant, je m’étais liée d’amitié avec Andrew, puis Jared. Je ne voulais pas perdre cette vie. Lorsque j’énonçais avoir peur d’être retrouvé, je fermais les yeux lorsqu’il me serrait contre lui. C’était ce genre de moment que je ne souhaitais pas perdre. Serrant un peu plus fortement mes paupières en sentant ses lèvres sur mon front. Cette présence autour de moi, ces bras chaleureux, ce parfum qui chatouillait mes narines, malgré tout ce que je venais de dévoiler, je me sentais bien. Je ne voulais pas qu’il relâche son emprise sur moi, doucement je glissais ma main libre dans son dos, le serrant aussi. Seulement, toute les belles choses ont une fin, le sentant reculer, je posais mon regard sur lui. Je ne savais pas ce qu’il allait me dire, mais après cette étreinte, je le voyais mal me dire qu’il ne désirait plus me voir. Quoi que c’était peut-être une façon de se dire au revoir, une forme d’adieu. Je me sentais perdue, n’ayant pas l’habitude de tout ceci. Avec Jared, je m’étais prise la tête, j’avais pleuré devant lui, mais avec Andrew, je ne savais pas à quoi m’attendre avec son silence. De plus, je ne comprenais pas toujours l’attitude des gens, les us et coutumes. Rien ne disait que ce geste était significatif, enfin une manière de se dire au revoir. Seulement, j’avais du mal à imaginer autre chose, peut-être parce que je me protégeais encore une fois. En pensant ainsi, j’arrivais à garder une bonne distance et ainsi l’éloignement me semblerait moins pénible parce que je m’y préparais. Ne quittant pas ses prunelles du regard, je restais sans voix à ses paroles. Je devais bien admettre que celle-ci je ne m’y attendais aucunement. Ces mots semblaient aussi doux que le chant d’un oiseau. Je fermais mes yeux au contact de sa peau sur la mienne, les rouvrant à temps pour le voir se mordre la lèvre. Il était mignon ainsi, mais ce fut la suite de ses mots qui me donna la force de sourire. Un sourire léger qui s’agrandit au fur et à mesure qu’il parlait. J’en venais presque à regretter de lui avoir caché cela depuis si longtemps. L’observant, je ne trouvais pas la force de parler. Trop émue sans doute ! Je balayais mon regard sur son visage, le laissant replacer une de mes mèches. Si je m’étais attendu à la suite. On s’était avoué notre attirance, ce qu’on ressentait l’un pour l’autre. Pourtant, je ne pensais pas qu’il franchirait ce pas, on n’avait pas discuté de tout cela. Il me prenait au dépourvu, mais je fermais tout de même les yeux alors que ses lèvres se posaient sur les miennes. Comment décrire cette sensation que j’éprouvais à cet instant. Ces papillons naissant en moi. Ça n’avait rien avoir avec ce que j’avais déjà ressenti. Je ne pouvais décrire ce moment, serrant un peu plus sa main, je lui rendais délicatement son baiser. Faisant le vide dans mon esprit, une information refaisait surface. Pourquoi à ce moment-là, je ne pouvais pas le dire. Déposant ma main sur son torse, je le repoussais doucement pour mettre fin à ce baiser. Je n’affichais pas une expression de dégoût ou quelque chose démontrant que je n’avais pas aimé ce baiser. Oh non ! Puisqu’à peine mes lèvres eurent quitté les siennes, je m’esclaffais : « Mais c’est ton anniversaire ! » Voilà ce qui avait frappé mon esprit, avec ce silence persistant d’un mois j’avais oublié son anniversaire. Je devais aussi admettre que je n’étais pas certaine de le revoir et ainsi lui souhaiter convenablement. D’un autre côté qui pouvait oublier l’anniversaire de quelqu’un étant né le jour des amoureux. Je lui adressais un sourire, posant mon regard sur ma main toujours posé sur son torse. « Je n’ai pas de cadeau… » Mon regard revenait vers lui, pinçant mes lèvres. En fait, j’étais peut-être idiote. Je venais de mettre fin à notre premier baiser pour lui montrer que j’avais oublié que c’était son anniversaire. D’un autre côté, je me demandais comment je devais prendre ce baiser. Ce fut mon tour de me mordre la lèvre. « Dit, ce baiser comment dois-je l’interpréter ? Est-ce que ça veut dire… » Je fermais mes doigts contre son torse, serrant le tissu de son t-shirt. Je ne savais pas comment définir la suite, ce qu’il souhaitait et moi ! Je me sentais perdu et pourtant, je souhaitais encore ses lèvres. Oh oui, je les désirais, tout comme je ne voulais plus que l’on se dispute, qu’on arrête de se parler, qu’il regarde une autre que moi… Serais-je amoureuse ? J’entrouvrais mes lèvres. « Je crois que… » Ce n’était pas facile d’exprimer cela, le seul homme pour qui j’avais éprouvé des sentiments était en couple. Je n’avais jamais fait de déclaration de ma vie. « …que je suis amoureuse. » Je riais nerveusement, sentant mes joues devenir chaudes.

Devon & Andrew

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on my own
 

« Comment peut-on oublié son anniversaire ? » J’étais sans doute la moins bien placé pour dire cela puisque je m’efforçais de l’oublier à chaque année. Certes il me rappelait quelque chose de terrifiant, même si je n’avais plus de souvenir relier à ce moment. Je ne désirais pas y penser ou prendre le temps d’y penser. Inutile de faire remonter à la surface des souvenir inexistants ! Mais ça m’amusait de voir que lui avait oublier. C’était peu courant. Ne me formalisant pas d’avantage, je plongeais mon regard dans le sien. M’y perdant un instant. C’est à ce moment-là que je réalisais plusieurs choses nous concernant, même si je ne pouvais pas mettre le doigt dessus. Ressentir quelque chose dont on ignore le ressentit est assez déstabilisant en fait… Tout du moins c’est-ce que je ressentais alors que mes joues devenaient chaudes. Alors qu’il amplifie mon doute, je me retrouve à mordre ma lèvre. Je crois… C’était bel et bien ce que je venais de dire, mais ce n’était pas un sentiment que j’avais eu la chance de connaître. J’aurais été plus à l’aise de plonger ma tête dans la gueule d’un tigre que de chercher à comprendre ce nouement dans mon estomac. Je ne m’attendais néanmoins pas à ce qu’il s’éloigne, sentant ma faiblesse, cette emprise que je perdais. Laissant mes mains retomber le long de mon corps, je repassais en revue ce que je venais de dire. N’étant pas la plus douée pour dire ce que je ressentais, je ne voyais pas le mal. Je me sentais perdue, décidément moi et le contact avec les gens ce n’était pas inné ! Mais il revint vers moi et je relevais mon regard vers lui, alors qu’il me prenait par la taille. « Tu m’as vraiment fait peur ! » Je n’avais pas le temps de dire plus qu’il déposait ses lèvres une fois de plus sur les miennes. Glissant mes mains sur ses bras, je me laissais envahir par cette agréable chaleur que j’éprouvais entre ses bras. Nos lèvres s’éloignant, je ramenais mon regard verdoyant sur son visage, analysant ses traits, alors que mon cœur manquait un battement à ses mots. « Avec plaisir. » disais-je un doux sourire aux lèvres. Gardant sa main dans la mienne, je prenais la direction de la sortie. Espérant trouver un lieu rien qu’à nous cette fois.