Mon regard observait son numéro de téléphone, pinçant mes lèvres et fermant les yeux, je déposais celui-ci sur ma table de nuit. Rabattant ma couette par-dessus ma tête, je poussais un soupir. Je n’avais pas le courage de reprendre contact avec lui, Drew. Depuis qu’on s’était croisé à la réouverture du plump club, on ne se parlait plus. Je ne savais pas comment racheter cela, comment me racheter à ses yeux. Pourtant, je le souhaitais réellement. Il était mon premier ami ici, j’avais besoin de lui. On pouvait me dire ce qu’on voulait, je savais que je n’étais pas la même sans ces discussions où me parlait de jeux vidéo et où je ne comprenais pas un traitre mot de ce qu’il parlait. Sous cette couette, je fermais un peu plus durement mes paupières. Non pas que j’étais dans cet état pitoyable tous les jours depuis ce fameux soir. Non, j’avais simplement réalisé cette date que l’on était aujourd’hui. La journée des amoureux. Je m’étais réveillée en pensant à ces messages qu’on avait échangé par sms, je sortais l’une de mes mains de sous la couette, allant chercher mon portable que je ramenais à moi pour lire les messages qu’on avait échangé. Soufflant, je me décidais à me lever, enfilant un t-shirt de Jared qui traînait sur le rebord de mon lit. Je me dirigeais vers la cuisine, entendant des bruits provenant de la chambre du trentenaire, je faisais comme si je n’entendais rien. Allant plutôt me servir dans le frigo, prenant le bol de cerise. Appuyer contre l’îlot de travail, je mangeais une cerise en voyant une fille quitter la chambre. N’ayant pas vraiment envie d’en voir plus, je remettais les cerises au frais et retournais dans ma chambre. Je ne savais pas ce que Jared avait planifié, mais pour ma part, il était hors de question que je reste dans cette maison. Je m’habillais en vitesse, me coiffait et je sortais bien avant de croiser Jared, sans doute dans la douche. Une fois dehors, je me sentais un peu plus libre, cette pression, ce sentiment qui m’habitait semblait s’être envolé. Je ne pouvais pas le décrire, mais je me sentais bien mieux. Je passais la journée à airer en ville, ne cherchant pas un but réel à cette journée. Mon regard évitait tous ces couples qui ne cherchaient qu’à s’afficher, montrer leur amour. La journée touchait à sa fin, prenant place sur un banc de parc je regardais le ciel devenir un peu plus flamboyant. Je ne savais pas combien de temps s’était écoulé depuis que j’étais partie de chez Jared, mais je commençais sérieusement à avoir faim. Cherchant un endroit où je pourrais commander quelque chose à prix abordable. Je m’arrêtais devant le fifty shake. Un sourire prenait place sur mes lèvres, vraiment cette journée n’était pas comme les autres. Je m’habituais petit à petit à cette nouvelle façon de vivre, mais finalement mes vieilles habitudes me manquaient. J’entrais dans le bistro décoré pour la Saint-Valentin. Sans grand étonnement, je voyais toutes ces personnes deux par deux à leur table. Commandant un milkshake à la vanille, j’allais m’asseoir à la seule table libre.

Devon & Andrew

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Assise à la table que j’avais trouvé, je ne savais pas trop quoi faire. Être entouré de tous ces couples avait quelque chose de mortellement triste, surtout que j’étais seule. Après, je n’avais jamais vraiment fêter la Saint-Valentin, mais généralement j’étais occupée avec le cirque donc je n’avais pas à me soucier de tout cela. J’avais mes amis avec moi, et on était tous dans le même bateau. L’amour nous était interdit et on le vivait bien. Aujourd’hui c’était pourtant différent, j’étais libre, je pouvais faire ce que je voulais, mais j’ignorais ce qu’on faisait dans ce genre de moment. Bien sûr, j’aurais pu passer la journée avec Jared, mais en me levant j’avais réalisé que l’envie n’était pas là. Relire les messages échangés avec Andrew quelques semaines plus tôt, me faisait réaliser toute l’ampleur de ma bêtise. Je n’avais pas su comment réagir en le voyant au club, ces sms qu’on avait échangé aurait pu changer toute la donne, mais cette forme d’inconnu m’avait simplement paralysé. Je ne pouvais pas décrire ce sentiment qui avait naquit en moi, mais la présence de Jared m’avait donné de la confiance tout en chamboulant mon esprit. Je n’avais peut-être pas agi de la bonne façon, mais désormais c’était chose faite. Mon regard posé sur mon milkshake, je ne portais pas attention à ce qui m’entourait. Je n’avais pas besoin de regarder ces couples pour me dire qu’un jour peut-être je serai à leur place, mais pour l’heure j’étais seule en tête à tête avec un milkshake à la vanille. Chose qui ne dura que quelques instants, puisque je me retrouvais avec une tarte aux pommes devant moi. Relevant mon regard pour voir cette personne qui m’offrait ce dessert, j’entendais la voix d’Andrew. Stoïque, je le regardais en silence, la bouche légèrement entrouverte. Je ne m’étais pas attendu à le croiser ici, même si je savais que cet endroit appartenait à sa famille et que c’était aussi ce lieu qui avait permis que l’on se rencontre, qu’on passait souvent du temps ensemble avant qu’il ne m’offre un portable à Noël. « Bonne saint-Valentin à toi aussi. » bredouillais-je en ne décrochant pas mon regard du sien. Ces mots, ils étaient étranges à dire, après tout est-ce qu’il était si important ? Mais dans le fond, j’étais heureuse de les entendre, car ça voulait dire qu’il acceptait de venir me parler. Il aurait pu m’ignorer, faire comme si je n’étais pas là et sans doute que je n’aurais même pas remarqué sa présence. « Bien sûr. » Je n’allais pas lui refuser cette demande, même si la suite me fit un pincement au cœur. Allait-il me reprocher d’être amie avec Jared ? Je le regardais prendre place devant moi. « Si tu fais allusion à Jared, non il ne viendra pas. Il ne sait même pas où je suis, comme j’ignore ce qu’il est en train de faire. » J’aurais préféré ne pas aborder le sujet, mais il semblait évident que lui, il y tenait d’une certaine façon. Reportant mon regard sur la tarte, je me pinçais les lèvres. Après tout, peut-être que c’était la chose à faire, mettre tout cela au clair. Gardant mon regard rivé sur la tarte, je laissais mes mots s’échapper : « Pardon pour la dernière fois. Je sais que je n’ai pas repris contact avec toi, mais je ne savais pas trop quoi dire. Je ne sais même pas si je le sais davantage maintenant. » Je prenais la fourchette piquant les dents dans la pâte. « Je sais que tu n’aimes pas Jared et c’est évident que c’est réciproque, mais je ne m’attendais pas à le voir ce soir-là ni toi d’ailleurs. Mais j’ai été heureuse que tu viennes me voir, même si pour être franche, je ne savais pas comment réagir suite aux messages qu’on avait échangés. Mais ça ne veut pas dire que je ne les pensais pas. » Je ne savais pas trop pourquoi je lui disais cela, mais à ma dernière phrase j’avais relevé mon regard vers lui. J’appréciais Andrew, il m’avait toujours plu, malgré cela j’avais toujours été persuadée que je n’étais pas son genre. Qu’il n’existait entre nous que de l’amitié même si j’éprouvais de la jalousie en le voyant avec une autre, que je voulais être la seule. Désormais, tout me semblait perdu. Je prenais une bouché de la tarte qui avait été torturé par les dents de ma fourchette. Fermant les yeux, j’appréciais ce délice sucré. « Merci pour la tarte. » soufflais-je une fois que je l’eus avalé.

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Si on désirait garder notre amitié, on devait mettre tout au clair et on ne pouvait pas échapper à cette discussion, malheureusement. Je n’avais pas tant envie de parler de Jared, bien que j’adore le trentenaire que je prends du plaisir avec lui, notre relation ne tient qu’à nous. Elle n’est pas sérieuse en dehors de notre amitié naissante. Il connait des choses sur moi, que je n’ai jamais confié à personne. Bien sûr qu’il est important pour moi, il est aussi celui qui m’a sorti de la rue. Pour cela, je lui en serais toujours reconnaissante. Ce n’était pas pour autant quelque chose que j’avais l’intention de crie sur tous les toits. Ça pouvait être dur à comprendre, mais c’était mon choix, ma vie. Bien entendu, j’aurais préféré que tous les deux s’entendent, mais il en était autrement, je devais vivre avec, au risque de perdre les deux. Si cela arrivait, je retournerais à la case départ et puis voilà. Dans le pire des cas, je quittais la ville pour m’établir ailleurs, recommencer à zéro une fois de plus, mais pour l’heure ça ne servait à rien que je pense à cela. Les dés n’étaient pas encore jetés. Le regardant, j’esquivais un sourire. Rien de bien joyeux, mais plutôt quelque chose de sincère. Je voulais qu’il me croit, qu’il croit en moi. « Je ne pensais pas non plus qu’il serait interposé. Mais pourquoi être parti au lieu de me demander ? J’aurais été ravi de danser avec toi. » Ce n’était pas parce que je m’amusais à des jeux d’alcool avec Jared et Noah, que j’aurais pour autant refusé de danser avec lui. Je comblais ma soirée comme je le pouvais, après tout j’avais commencé celle-ci en dansant sur la piste, jusqu’à ce que Jared arrive. S’il ne m’avait pas rejoint, je ne l’aurais sans doute jamais quitté. Je sentais mes joues bouillir d’un doux feu ardant en écoutant ses mots, voilà ce que je craignais, cette sensation. Je n’arrivais pas à la canaliser. Et il n’existait malheureusement pas de mode d’emploi pour expliquer comment réagir face à cela. Ce n’était pas parce que j’avais eu un copain, que je couchais avec certain homme que c’était pour autant simple ou que j’arrivais à contrôler ce ressentiment. Je plaquais un instant mes mains sur mes joues, avant de m’intéresser à la tarte, mangeant une bouchée. C’était un peu comme avec Jared, je découvrais encore de nouvelle saveur, des plaisirs qui me rendait gamine. Cette facette de moi, je ne la montrais que très peu, mais parfois elle m’échappait. C’était plus fort que moi, je me devais de me délecté de ce dessert et au diable si je paressais étrange. Je lui adressais un sourire, il semblait vraiment apprécier sa sœur et encore plus sa tarte aux pommes. « C’est vrai qu’elle est bonne. » Pouvais-je dire qu’elle était la meilleure que j’avais mangé ? Elle était peut-être la seule de toute ma vie… En le regardant, je réalisais qu’il s’était mis un peu de tarte à la commissure de ses lèvres. « Tu as de la tarte ici. » Je lui montrais sur mon visage l’endroit, avant de pincer mes lèvres et de tendre ma main vers lui. Peut-être que j’en profitais – en fait, c’était bien ça, mais peu m’importait. On pensait tous les deux ce qu’on avait dit, c’était déjà ça. Mais malgré cela, on pouvait rester comme on était à la base ? Car pour être franche, je ne savais toujours pas comment agir avec lui. Comment prendre les choses en main, faire le premier pas. Certaine chose se faisait naturellement, d’autre non. Peut-être que si on avait jamais échangé ces mots, tout se serait fait avec naturel ou alors rien n’aurait changé comme on ignorerait notre attirance mutuelle. En fait, c’était complètement stupide en y réfléchissant bien. Mon pouce caressait sa peau, faisant tomber la miette de tarte. Je plongeais mon regard dans le sien, puis retirait ma main. « Désolé. Je n’aurais pas dû, mais au moins tu es plus présentable. Et sinon, comment vas-tu ? »

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Cette soirée d’ouverture au plump club avait décidément bien chamboulé nos vies ou tout du moins notre relation. Non pas qu’elle avait évoluée, mais tout au contraire, j’avais l’impression qu’elle avait reculer de tellement de pas qu’il serait pratiquement impossible de revenir comme avant. J’hochais délicatement de la tête. Il avait préféré laisser tomber. Je ne savais pas trop comment le prendre, car pour moi s’il m’avait invité ça aurait eu une signification importante, mais là. Je ne savais plus trop quoi en penser. Peut-être que nous étions simplement faits pour être des amis, sans plus ni moins. Des personnes qui avaient du plaisir ensemble, mais pas forcément de sentiment qui dépasserait l’amitié homme/femme. Sans doute que mes sentiments pour lui s’estomperait si je ne leur portais plus d’attention. Ça me semblait tellement compliquer, que je ne savais plus où donner de la tête. Et je trouvais encore le moyen de chambouler tout cela en retirant les miettes à la commissure de ses lèvres. Pourquoi avais-je posé ce geste ? J’aurais pu le regarder les retirer, mais non je m’en étais occupé sans lui demander son avis. Réalisant mon geste, je m’empressais de m’excuser, ramenant ma main vers moi. Je posais mon regard sur celle-ci un infime instant avant de revenir vers lui après lui avoir demander comment il allait. Je laissais un sourire prendre forme sur mon visage. Il m’avait tout autant manqué, ces jours sans nouvelles m’avaient sembler interminable. Peut-être que finalement, il me serait impossible de l’oublier ! Pourtant, j’étais persuadé que c’était sans doute la meilleure chose à faire. Même si je n’en avais pas vraiment envie. Je devais simplement me montrer raisonnable et arrêter de m’embarquer dans des histoires compliquées. « Je vais bien. » commençais-je en lui souriant. « Moi aussi tu me manquais, ce n’est pas pareil une journée sans te parler. Mais je suis certaine que tu t’amuses quand même lors de ces plans foireux. » Je tentais de détendre l’atmosphère, non pas qu’elle était pesante, mais si je continuais ainsi j’allais être submerger par mes sentiments. Je ne souhaitais pas en arriver là. Je baissais mon regard, prenant une autre bouché de la tarte. Le silence s’installait progressivement, je finissais mon milkshake et ma part de tarte, lorsqu’il reparla. Je relevais mon regard vers lui, rester ensemble pour la fin de la journée. Je me pinçais les lèvres, jouant avec la paille dans mon verre. Je ne répondais pas tout de suite, prenant le temps de réfléchir. Je n’avais rien de prévu, sauf de rentrer tard chez Jared, et ainsi l’éviter pour toute la journée. Mais je n’avais rien prévu pour le reste de la soirée, bien au contraire. J’étais venu ici sur un coup de tête, une sorte d’impulsion ou simplement une terrible fringale ! Je posais finalement mon regard sur Andrew, fronçant légèrement les sourcils. En fait, on pouvait bien passer la journée ensemble. Ça n’engageait à rien. « Je n’avais rien prévue. En fait, je n’avais pas envie de rester chez... » Je me ravisais quant à l’idée de nommer le trentenaire. « Donc, oui je veux bien qu’on passe la journée ensemble. » Je laissais apparaître un sourire, mais je n’avais pas la moindre idée de ce qu’on pouvait faire. Mordant ma lèvre, je cherchais une idée, quelque chose qui… Et si… Oui, une idée me venait, mais je prenais de gros risque en faisant cela. Le regardant, je me disais que je faisais sans doute la pire bêtise de ma vie. « Dis, je peux te montrer un endroit ? Mais promet moi, rien ne changera dans notre amitié. » Je disais amitié, sachant qu’il n’y avait rien de plus et ce n’était pas parce qu’on passerait la saint-valentin ensemble que ça en devenait un rencard ! N’est-ce pas ? Prenant mon sac, je me levais et prenait la direction de la sortie. Une fois à l’extérieur, je prenais la direction du nord. Je marchais silencieusement, je me sentais stressé. Je n’avais jamais amené personne là-bas, je sais que je n’étais pas tout à fait prête à parler de ma vie. Mais si je souhaitais garder cette amitié, je devais ouvrir un peu plus mon cœur et ainsi le laisser entrer dans cette armure. Serrant la sangle de mon sac, je m’arrêtais devant un immeuble délabré, glauque. Je regardais Andrew, prenant une bonne respiration, je m’avançais vers la porte d’entrée, poussant celle-ci, je me faufilais à l’intérieur. C’était sombre, l’odeur de moisie prenait à la gorge, mais quelques faisceaux lumineux perçaient les planches barricadées, donnant une apparence encore plus douteuse. Toutefois, je ne prenais pas attention au détail des lieux, avançant jusqu’aux marches que je gravissais sans regarder si Andrew me suivait ou non. Je savais que si je portais mon regard derrière moi, je perdrais le peu de courage dont je faisais preuve en ce moment. Arrivant devant une porte, je me penchais crochetant la serrure. Je poussais celle-ci. Cette fois, Baloo n’était pas là pour m’accueillir, ayant eu de problème de santé j’avais dû l’abandonner devant la porte d’un refuge. Il devait avoir trouver une famille désormais, j’entrais dans la pièce. « Tu dois te demander où nous sommes… Il n’y a pas si longtemps, c’est ici que je vivais. » Je me tournais pour le regarder. « Voilà ce que je cachais, je n’ai plus de famille depuis longtemps. Le premier vrai toit que j’ai eu sur ma tête c’est Jared qui me l’a offert. Je ne suis malheureusement rien de plus qu’une voleuse qui a grandi dans un cirque et qui a cherché à retrouver sa liberté. » J’avais honte, honte de lui dire qui j’étais alors que j’avais toujours cherché à cacher cela. Mais, j’estimais qu’il était temps qu’il sache ce que je ne lui avais jamais dit. Et puis, ça passait ou ça cassait ! Me sentant tout à coup nerveuse, je baissais mon regard évitant son regard.

Devon & Andrew

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Une promesse est souvent quelque chose que l’on a tendance à briser surtout en ignorant pourquoi nous promettons. J’avais néanmoins bon espoir qu’il ne reviendrait pas sur ces mots. Une certitude qui pouvait disparaître en un claquement de doigt, mais qui restait présente en moi. Ce mois sans le voir, sans lui parler m’avait semblé interminable et en lui révélant qui j’étais réellement, je savais que tout pouvait basculer. Si c’était ça, se serait sans doute plus qu’un mois qu’on passerait loin l’un de l’autre. Pourrais-je accepter cela ? Dans un sens, je n’aurais pas le choix et dans un autre, je pouvais aussi comprendre. Ce que j’avais vécue, je ne le souhaitais pas à personne même si je n’étais pas la seule dans cette circonstance, mais personne ne méritait ça. Bien qu’on croyait avoir trouver une famille, j’avais eu la chance de voir mieux. Plutôt mourir que de retourner entre les griffes de cet homme. Bien entendu, je ne pouvais pas lui montrer tout ce qu’avait été ma vie, mais celle de cette dernière année, oui. Ce n’était pas le genre de lieu que les gens ont tendance à visiter pour le plaisir. Je ne venais pas ici simplement pour offrir une frousse mémorable à Andrew et personne n’attendait dans l’ombre d’un couloir pour lui sauter dessus et abuser de lui. Non, j’étais sérieuse et ça me terrifiait, je ne savais pas comment réagir. En entrant, je n’avais pas pris le temps de lui faire faire un tour du propriétaire, me dirigeant directement dans la pièce qui m’avait servi de logis, à Austin et moi jusqu’à ce que je rencontre Jared. J’avais beau lui dire ces mots, ceux-ci me déchiraient. Je me sentais honteuse, car au bout de la ligne je ne ressemblais pas à ce qu’il avait sans doute toujours connu. Je devais même en être très loin si je prenais en compte ce que je connaissais de lui, ce que j’avais vu. D’une certaine façon je l’enviais, mais d’un autre côté non, car sans cette vie, je ne serais pas ici. Peut-être que je serais ailleurs, vivant une vie bien meilleure, mais à quoi bon imaginer une vie qui ne verra jamais le jour ? Bien que mon regard était posé sur le parquet, je voyais la pointe de ses chaussures se rapprocher de moi. En sentant sa main sur ma joue, je fermais les yeux et ce ne fut que lorsqu’il prononçait mon nom que je relevais la tête pour le regarder. La suite de ses paroles me fait dévier une fois de plus le regard. C’était compréhensible qu’il ne s’attendait pas à cela, même moi je ne pensais pas lui présenter cette facette de ma vie, tout du moins pas aujourd’hui, voire jamais. Je ramenais mes prunelles sur les siennes, me sentant un peu plus légère de savoir qu’il ne comptait pas partir. Soutenant son regard, je refermais mes doigts contre les siens lorsqu’il prit ma main. Mes lèvres s’entrouvrirent, avant que je ne les referme. Comment pouvais-je raconter tout cela ? Jared avait su quelques brides de ma vie, mais je n’avais jamais entré dans tous les détails. En gardant le silence, je les protégeais. Ce n’était pas simple de parler de tout cela, de dire ce qui avait composé ma vie. Prenant une grande respiration, je décidais tout de même à lui parler de mon histoire. Je ne pouvais pas garder le silence, alors que c’était ma décision de venir ici. « Je ne me souviens pas de mes parents… Ils sont morts lorsque j’avais six ans, j’avais aussi une sœur, mais elle n’a pas survécu elle non plus. Mais je n’ai pas de souvenir de leur mort ni rien qui me concerne avant cet âge. » Je fermais mes yeux, malgré tous mes efforts pour les voir ça restait le néant absolu. « J’aimerais me souvenir d’une infime partie d’eux. Un sourire, leur visage, mais rien ne me vient lorsque je ferme les yeux. » C’était sans doute cruel de parler ainsi de mes parents, alors que je savais qu’il venait de perdre sa mère et que cette perte était terrible. Des larmes perlèrent mes cils et je m’empressais de venir les essuyer du revers ma main libre. « Après le décès de ma famille, j’ai été mise en foyer d’accueil, mais j’ai fuguée. J’ai été trouvée par l’homme qui dirigeait le cirque où j’ai grandi. Je pensais qu’il nous voulait du bien, mais en fait il nous a toujours exploité. J’ai appris à voler pour survivre et à faire des tours de passe-passe pour amuser la galerie. Pendant, longtemps j’ai cru que c’était mon chez moi, ma famille… Mais en fait c’était simplement une prison. J’ai voulu prendre mon envole, mais on m’a toujours refusé de partir. » J’ouvrais mes yeux le portant sur le brun devant moi. « Il y a bientôt un an, j’ai fuguée avec un garçon qui vivait comme moi. On se cachait ici, mais il a disparu… J’ai toujours cette crainte qu’il me retrouve et décide de me ramener. » C’était absurde comme vie, mais c’était pourtant ce qui m’était arrivé. Je laissais une larme couler sur ma joue. « Andrew, j’ai peur qu’il me retrouve. » Je serrais ma main sur la sienne. Même Jared n’en savait pas autant, il ignorait cette crainte qui me hantait depuis un an. Je ne voulais pas perdre ces ailes que je commençais à voir pousser.

Devon & Andrew

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