Je n’avais aucune idée si c’était l’argument de la peluche qui avait changé quelque chose ou bien le simple fait que j’ait réitéré ma proposition, mais je m’en moquais bien, l’essentiel pour moi étant maintenant que la jeune femme avait finalement accepter de m’accompagner à l’intérieur de la maison pour que nous puissions nous réchauffer toutes les deux et que nous réduisions ainsi nos chances de chopper un rhume ou pire encore, une pneumonie ou quelque chose du genre. Bien décidée à mettre cette idée à exécution avant qu’elle ne change d’avis encore une fois sans que je ne puisse crier gare, je n’attendis pas plus longtemps pour me mettre en route vers la porte de ma maison, l’ouvrant dès que j’en eus l’occasion en laissant passer la jeune femme devant moi, par simple question de principe. Une fois qu’elle fus à l’intérieur, je refermai, nous mettant ainsi à l’abri des intempéries. Mon cottage avait beau être de petite taille, il avait été construit pour être à l’abri des tempêtes, comme toute autre maison plus classique. Puis, je fis un petit détour par la cuisine, histoire de remplir la théière avec de l’eau chaude, la mettre sur le poêle et la faire chauffer. Finalement, je me dirigeai vers une armoire qui se trouvait dans le salon, histoire de prendre une couverture afin de l’offrir à mon invitée, si je pouvais l’appeler ainsi. Tandis que je m’affairais à en trouver une qui serait assez grande pour bien la couvrir, celle-ci reprit la parole, me remerciant de mon aide. Sans même qu’elle ne le voie, je souris doucement, et je dis:  « C’est rien, c’est normal… » en ne soulevant pas tout de suite la légère ironie dans l’expression « normal » pour le coup. Après tout, il était vrai que ce n’était pas vraiment classique de secourir une parfaite inconnue et surtout de la ramener chez soi. Cependant, quelque chose me disait que cette femme ne serait pas du genre à m’agresser, surtout pas dans son état de détresse actuelle. Enfin, je l’espérais en tout cas, parce que de mon côté, tout ce que je voulais, c’était bien faire, l’aider autant que possible. Puis, je trouvai finalement la couverture, et alors que je la lui tendais, elle se présenta à moi, me montrant définitivement qu’elle s’était quelque peu calmée, ce qui était pour moi déjà un peu plus rassurant. Je lui offris alors un sourire, en lui faisant face cette fois-ci, et je lui dis:  « Moi c’est Lenaëlle, enchantée. Tiens. » Puis, une fois que j’eus les mains libres de la couverture, je me rendis compte que cette petite escapade m’avait quelque peu… trempée, c’était le cas de le dire. L’idéal serait évidemment que je me change, mais comme je trouvais que c’était quelque peu… déplacé de le faire alors que la jeune femme était encore plus trempée que moi, je décidai de proposer, à tout hasard:  « J’ai mis de l’eau à chauffer… Veux-tu que je t’apporte des vêtements de rechange ? Je mettrai les tiens à sécher… » en me disant que je pouvais me permettre de la tutoyer. Après tout, nous avions, en mon sens, environ le même âge, et vu les circonstances, je jugeais que c’était plus… sympathique comme ça. Après, si elle ne préférait pas, je m’ajusterais. Pour le moment, je faisais ce que mon instinct me dictait de faire, parce que je ne trouvais pas mieux, tout simplement.

Non pas parce que je tenais absolument à ce qu’une parfaite étrangère porte des vêtements qui m’appartenait, mais je ne pus que me montrer satisfaite quand Caitlyn accepta ma proposition de lui donner une tenue sèche en attendant que ses vêtements aient le temps de se mettre en meilleur état avant qu’elle les renfile. Par conséquent, j’acquiesçai donc d’un petit sourire, déjà prête à aller fouiller dans mes affaires pour voir ce que je pourrais lui proposer, mais avant que je le fasse, la jeune femme m’adressa une nouvelle fois la parole pour me remercier de ce que je faisais, puisqu’autrement, elle ne savait pas ce qu’elle, elle aurait fait. Tout naturellement, je lui dis sans réfléchir:  « C’est la moindre des choses, je ne me voyais pas te laisser comme ça… », sans vraiment me douter que cette simple réponse pourrait enclencher une réflexion dans ma tête. Je me rendis compte que je n’aurais probablement pas pu être plus sincère quand ça ne se faisait pas, laisser quelqu’un comme ça, inconnu ou pas. Plus encore, j’en vins à me dire que si je l’affirmais avec autant d’assurance, c’était parce que je pouvais comprendre ce que ça faisait, être seule dans un moment de détresse, comme je l’avais été le fameux soir que j’étais rentrée chez moi, après ce que je qualifiais être la pire soirée de ma vie. Et si je ne m’étais pas renfermée sur moi-même comme je m’étais obligée à le faire, comment les choses se seraient passées ? Je ne le savais pas, je ne le saurais fort probablement jamais, et je ne voulais pas le savoir, l’essentiel étant maintenant que j’allais mieux, que j’étais finalement passée à autre chose et que je pouvais me permettre d’aider les autres sans me sentir en détresse. Sans attendre plus longtemps, je me dirigeai vers ma chambre qui prenait tout le pallier à l’étage supérieur, puis je cherchai des vêtements propres. Décidant de faire au plus simple, j’attrapai un jogging et un pull, de quoi tenir la jeune femme au chaud et la garder confortable, parce que je me doutais bien qu’en ce moment, elle n’avait pas envie de se sentir toute coincée. Les vêtements en main, je redescendis, et je lui tendis en précisant:  « Voilà. Tu peux aller te changer dans la salle de bains et y laisser tes vêtements trempés là, je m’en occuperai après. » Une fois que ce fut fait, je retournai à la cuisine, sortant deux tasses pour y verser le thé. Alors que je prenais la théière pour y verser le liquide chaud, Caitlyn revint, maintenant vêtue de mes vêtements - qui lui faisaient relativement bien niveau taille, quand même - lâchant un petit commentaire sur la maison qui m’arracha un petit sourire suivi d’un:  « Merci. » Après, il fallait dire que ce n’était pas une maison spacieuse, mais compte tenu que j’étais seule - avec un chat - c’était tout simplement parfait. Les deux tasses contenant environ la même quantité de thé, je les pris dans mes mains pour les apporter au salon, me disant que c’était là le mieux pour s’installer. Je déposai le tout sur la table basse et je finis par dire:  « Attention, c’est très chaud… Tu as faim ? Je peux sortir des petits biscuits ou un truc comme ça… »

J’accusai réception des propos de Caitlyn qui me dit où elle avait déposé son linge par un hochement de tête accompagné d’un sourire poli, me disant que j’irais m’en occuper quand j’aurais une petite occasion. Évidemment, cela me chicotait quelque peu de savoir que des vêtements trempés trainaient - ou plutôt, n’étaient pas là où ils devraient être - dans la salle de bains, mais je tentais de me convaincre que non seulement, ce n’était pas la fin du monde, mais de plus, il serait particulièrement malpolie de laisser mon invitée en plan comme ça alors que d’ici quelques minutes, je pourrais très bien trouver une ouverture pour aller m’en occuper, surtout que ce n’était pas un secret d’État et que surtout, c’était pour leur bien. Laissant les vêtements de côté pour le moment, je lui servis donc son thé, rassurée de voir que celle-ci ne le repoussa pas et que mieux encore, elle sembla se délecter de la chaleur que celui-ci lui procurait. Après, pour ce qui était du goût, si celui-ci ne lui convenait pas, il y avait toujours moyen de le corriger avec du lait ou du sucre, mais pour le moment, rien ne semblait la gêner, alors je ne le proposai pas. De toute façon, je n’en aurais pas eu le temps, compte tenu que la jeune femme profita de ce moment pour lancer la discussion, ou plutôt l’emmener sur un sujet un peu plus banal. Sa première question se trouvait à être tout à fait légitime, et compte tenu que j’aimais mon métier, je n’aurais eu aucun problème à y répondre en temps normal, mais pour le coup, j’eus une petite hésitation. Pourquoi ? Parce que si jamais, comme je pensais, Caitlyn avait eu cette réaction à fendre le coeur de n’importe qui en raison de la perte d’un enfant, je ne voulais pas raviver chez elle des émotions trop difficiles à supporter. Mais en même temps, ce serait idiot de lui mentir, et méchant surtout. Au bout du compte, je me résignai à lui répondre:  « Je suis nounou. » avec un sourire timide. Cependant, je décidai de rapidement changer de sujet en ajoutant:  « Et toi ? » en me disant que c’était tout à fait normal de lui poser cette question, après tout. En attendant sa réponse, je pris une première gorgée de ma propre boisson chaude, ravie de constater que celle-ci était relativement bien dosée. Toutefois, ce à quoi je portai le plus attention, ce fut non seulement la réaction de la demoiselle alors qu’elle était en train de réceptionner l’information que je lui avais fournie précédemment à mon sujet. Je croisais les doigts pour ne pas avoir dit quoi que ce soit susceptible de lui faire du mal, évidemment. De plus, il fallait admettre que j’étais curieuse de voir ce qu’elle me dirait. Après tout, peut-être que cette information pourrait m’aider à la comprendre un peu plus ? Dans le pire des cas, je ne ferais qu’en apprendre davantage à son sujet, et naturellement, ce n’était pas plus mal que ça.

Je n’étais pas la personne la plus perspicace qui soit, en tout cas, je ne l’étais pas assez pour avoir pu faire une carrière de détective ou quelque chose comme ça, mais j’étais assez sensible pour déceler quand même un léger malaise provenant de Caitlyn au moment où je lui annonçai mon métier. Enfin, c’est ce que je crus déceler, ou peut-être était-ce un frisson à cause du froid, ou du fait que le thé était trop chaud… Peut-être que je me trompais, après tout, et au fond, j’espérais quand même me tromper, parce que je ne voulais certainement pas qu’il y ait un froid dans la discussion alors que celle-ci venait tout juste d’être entamée. Voilà pourquoi, tout de suite après, je m’étais empressée de lui retourner la question, et je me montrai tout de suite soulagée de voir qu’elle sembla se ressaisir et ne se gêna pas pour me répondre. Une fois plus rassurée, je pus porter attention à sa fameuse réponse, impressionnée d’apprendre ce qu’elle faisait dans la vie. D’ailleurs, je lui fis savoir ce sentiment que j’eus suite à son propos par un  « Wow… » totalement involontaire, mais très sincère. Ce n’était pas un métier comme les autres, pour moi en tout cas, alors inévitablement, il était impressionnant. Après, peut-être que Caitlyn le pratiquait à un plus petit niveau, pour des pubs ou je-ne-sais-quoi, mais pour moi, cela ne retirait pas le cacher de sa profession. Pour sûr, j’aimerais lui en demander un peu plus, non seulement pour satisfaire ma curiosité, mais aussi pour faire en sorte qu’elle continue de se détendre et se changer les idées. En revanche, Caitlyn me devança en changeant elle-même de sujet, parlant du temps qu’il faisait à l’extérieur, m’arrachant simplement un hochement de tête approbateur. J’espérais effectivement que cela allait se calmer, parce que pour sûr, ce n’était pas vraiment agréable et de plus, si jamais la jeune femme voulait rentrer chez elle… Non pas que j’étais pressée de la renvoyer, bien au contraire, mais peut-être qu’elle voudrait retrouver sa maison, dormir dans son lit… Enfin bref, je m’ajusterais à la situation, qu’importe ce qu’elle serait, surtout que je me doutais que ce ne soit pas le point. Personnellement, je n’étais pressée en rien, alors pourquoi devrais-je stresser ? Franchement, je n’avais aucune raison. Et ça, je le fis savoir à mon interlocutrice suite à son propos en lui adressant un sourire qui se voulait rassurant avant de lui affirmer:  « Franchement, outre regarder la télévision… Je n’avais pas prévu grand-chose… » Maladroite de nature pour les blagues, je me rendis compte un peu trop tard que celle-ci pourrait laisser sous-entendre qu’elle me forçait à lui parler, alors que ce n’était pas le cas. Toujours avec le même sourire donc, j’ajoutai:  « Tu ne t’imposes pas du tout… Vraiment pas. Et puis, je ne serais pas à l’aise si je savais que tu errais autour de la maison… » Je me rendis compte que j’étais sur le point de dire « en détresse » ou bien « en ayant besoin d’aide » mais j’étais bien mal placée pour le faire, parce que malgré ce que j’avais pu déduire, je ne connaissais pas sa situation… Me ravisant donc dans mes paroles, je finis par conclure en lâchant:  « Enfin… Je crois que c’est mieux ainsi… autant pour toi que pour moi. » Mon sourire se fit légèrement plus présent dans mon visage à la fin de ce derniers propos, et dans l'espoir que j’avais bien conclu pour le coup, je bus une autre gorgée de mon thé tout en guettant sa possible réaction.

Aider Caitlyn alors que celle-ci était recroquevillée contre ma maison, l’air complètement perdue et désespérée, était ce que j’avais jugé le plus normal à faire. Maintenant, je ne pensais plus au fait que j’étais sortie sous la pluie plutôt que de rester au chaud chez moi, au risque que j’avais pu prendre dans le cas où la jeune femme aurait été plus agressive que ça envers ma personne. Je me disais juste que j’avais bien fait au final, parce que non seulement, j’avais pu aider quelqu’un, mais de plus, ce quelqu’un s’avérait à être particulièrement sympathique. Enfin, ça, c’était mon avis, et cet avis, je n’avais pas l’intention de le changer parce que je n’avais rien en retour ou quelque chose comme cela. Par conséquent, la proposition de la jeune femme en guise de remerciement me laissa quelque peu… surprise. Surprise parce que même si je m’étais montrée impressionnée par sa profession, je ne voulais pas me quémander une place dans le domaine, qu’importe la forme qu’elle prendrait, pour autant. Je me disais que c’était limite normal, compte tenu de son boulot, ou un truc comme ça. Bouche-bée, je continuai donc à la considérer tandis qu’elle m’annonçait qui serait présent à cette fameuse première, me rendant compte que ces noms me disaient quelque chose, mais sans plus. Je ne voulais pas offenser qui que ce soit, mais je n’étais pas du genre à me tenir au courant des potins concernant les célébrités. Je regardais de temps en temps, mais je n’étais pas nécessairement à l’affût de tout, parce que je jugeais que parfois, les journalistes, paparazzis ou qu’importe le titre que ces gens se donnaient, allaient parfois, voire même souvent beaucoup trop loin pour vendre des copies de magasines ou des clics sur Internet, sans parler du fait que certaines fois, ce qui y était dit n’était même pas vrai. Enfin, je ne dénigrais pas le show-buisness pour autant, admirant le travail que ces gens pouvaient faire pour faire rêver simples spectateurs comme moi je l’étais, mais bon, m’y plonger ne m’avait jamais traversé l’esprit. Surprise, impressionnée, déstabilisée, je ne sus donc faire mieux que de répondre:  « Wow c’est… Je ne sais pas quoi dire… » Me sentant bien ridicule pour le coup, j’eus un rire nerveux, puis je me calmai afin de reprendre quelque peu mes esprits dans le but de fournir une réponse un peu plus potable à la demoiselle. Suite à une brève pause, je finis par lui dire:  « Je suis désolée, je ne m’attendais pas à ça du tout, ce n’était vraiment pas obligé… » Je dus admettre que vu mes propos, on pourrait limite croire que j’allais refuser, et pour être honnête, je m’apprêtais à le faire. Non pas que je voulais décevoir la jeune femme, mais elle n’avait aucune obligation de m’inviter, sans parler du fait que je n’y connaissais rien. Comment allais-je m’habiller ? Me comporter ? Avec qui pourrais-je y aller ? Enfin, pour cette dernière question, j’avais déjà une petite idée, mais en même temps… Ce serait étrange de lui raconter les circonstances dans lesquelles j’avais eu cette invitation, non ? Il faudrait bien que je l’assume, surtout que je jugeais que je n’avais rien fait de mal, mais bon, disons qu’il me faudrait un moment pour ressasser le tout et en faire une histoire qui n’était pas sans queue ni tête. Par contre, quand je vis soudainement que le regard de Caitlyn s’était illuminé plus que jamais depuis que je l’avais trouvée, je réalisais que cela serait juste déplacé et malpoli de lui faire une telle chose. Je me contentai donc de lui dire, au bout du compte, avec un sourire:  « Merci beaucoup, vraiment… » parce que malgré mon hésitation et tout ce qui venait avec, cette invitation me faisait sincèrement plaisir. J’espérais juste avoir été en mesure de lui montrer pour le coup, parce que je m’en voudrais énormément si jamais j’étais venue à jeter un malaise dans cette conversation.