Depuis ma tentative de suicide, ma mère était sans cesse sur mon dos, et à vrai dire je ne pouvais pas lui en vouloir même si ça commençait à me taper un peu sur le système. Je pouvais comprendre, elle ne voulait pas que je recommence, elle avait sûrement eut si peur de me perdre, tout comme j'avais eu peur de quitter ce monde finalement. Mais je n'aurais pas été seule de l'autre côté, j'aurai enfin pu connaître mon père qui était mort lorsque je n'étais encore qu'une enfant. Je n'ai aucun souvenir avec lui car j'étais beaucoup trop jeune quand il est mort mais ce n'est pas pour autant que je ne pense pas à lui tous les jours. J'aimerais tellement qu'il soit encore de ce monde, ainsi ma mère serait beaucoup plus heureuse. Il manque énormément à la maison et dire que maman a toujours refusé depuis de refaire sa vie, c'est qu'elle était et est surement toujours très amoureuse... Je trouve ça très courageux de sa part même si ça me plairait qu'elle refasse sa vie tout de même, je ne vais sans doute pas vivre à la maison toute ma vie, j'ai bien l'intention de partir un jour et d'écrire mon histoire. Depuis quelques temps, je devais prévenir ma mère chaque fois que je sortais, je devais l'appeler régulièrement si je sortais longtemps, je devais la prévenir si je rentrais tard, tout ce que je ne faisais pas avant d'avoir voulu mettre fin à mes jours. En fait, ma mère ne me fait plus vraiment confiance à ce sujet, même si j'espère que ça reviendra un jour car je n'ai aucunement l'intention de recommencer, au contraire cette épreuve m'a rendu plus forte même si je suis toujours quelqu'un d'ultrasensible mais je me suis seulement promise de ne plus vouloir détruire ma vie pour un homme, ni pour personne d'ailleurs. J'étais jeune, j'avais toute la vie devant moi, je ne devais pas faire n'importe quoi à la première difficulté. Une peine d'amour ça arrive à tout le monde et ce n'est pas pour autant qu'il faut se foutre en l'air. Depuis quelques jours, j'avais du mal à dormir la nuit, la raison je ne la connaissais pas mais en tout cas je dormais peu et pourtant je faisais tout pour être bien fatiguée et bien dormir mais ça ne semblait pas porter ses fruits, cependant je ne m'avouais pas vaincue. A mon réveil j'étais sorti faire un petit footing, sans omettre de mettre un mot à ma mère sur la table de la cuisine  pour ne pas qu'elle s'inquiète et qu'elle imagine le pire. J'allais courir pendant environ une heure, en rentrant, ma mère était levée et avait préparé le petit déjeuner car elle savait pertinemment que je n'avais pas mangé, si elle ne me forçait pas, je ne mangeais pas. « Salut maman ! Euh...je vais prendre une douche avant de te dire bonjour parce que là je suis en nage. » Après lui avoir fait un petit signe et souris timidement je filais en direction de la salle de bain pour prendre une bonne douche bien chaude, je ne supportais pas l'eau froide, chaque fois que je quittais la salle de bain j'avais créer un sauna. Après ma douche je m'habillais, j'enfilais un pantalon noir et un débardeur blanc, j'enfilais des tennis et je relevais mes cheveux encore mouillés en queue de cheval puis je retournais dans la cuisine pour le petit déjeuner. Je m'installais à la table après avoir embrassé ma mère pour lui dire bonjour. « Hum, ça a l'air délicieux tout ça ! » En réalité je n'avais pas très faim mais j'allais manger pour faire plaisir à ma mère. Je pris un café, des tartines et des œufs avec du bacon, parce que c'est tout simplement délicieux et que finalement l'appétit vient en mangeant, j'avais plus que mangé là, j'avais dévoré. Entre deux bouchées de tartine j'avais soumis à ma mère que j'allais sortir après le petit déjeuner, et bien évidemment elle n'avait pu s'empêcher de me demander où. « Quelque part... » répondais-je en haussant les épaules, à vrai dire je n'avais pas très envie de lui dire où j'allais de peur qu'elle veuille m'accompagner alors que j'avais besoin d'être seule. « Hanna, tu vas où ? » Je soupirais en levant les yeux au ciel. « J'ai plus cinq ans maman, d'accord j'ai fait une bêtise mais je ne recommencerais pas, et là j'ai pas envie que tu saches où je vais, je veux y aller seule c'est tout... » Ma mère me regardait bizarrement, je baissais les yeux ne voulant pas la voir. Je sentais qu'elle se retenait de me hurler dessus mais elle ne le fit pas. Elle tenait fermement la table en finissant par me dire que je pouvais y aller mais qu'il ne fallait pas que je rentre tard. Je hochais la tête en terminant ma tartine puis je filais dans ma chambre après avoir nettoyer ma place et avoir mis ma tasse dans le lave-vaisselle. J'étais allée dans ma chambre simplement pour prendre un petit gilet au cas où et mon sac à dos, car je ne savais pas trop ce qu'était le sac à main, j'étais plutôt du genre sac à dos. Je repassais par la cuisine. « J'y vais maman, à plus tard. » Je sortais de la maison, ma mère ne m'avait rien répondu, je ne savais pas comment réagir face à ça. Avant de me rendre à l'endroit que je voulais, je passais chez le fleuriste pour acheter un bouquet puis je partais ensuite en direction du cimetière. Je marchais lentement me demandant chaque minute si c'était une bonne idée, mais je finissais toujours par arrivée à la conclusion que oui ça l'était, après tout j'allais voir mon père. Alors certes je ne l'avais pas vraiment connu mais je pensais à lui tous les jours. Une fois arrivée, je marchais dans les différentes allées jusqu'à arrivée à la tombe de mon père qui était près d'un gros arbre. Je posais donc le bouquet sur la tombe puis je me calais contre l'arbre et restait silencieuse un moment. J'étais anxieuse, je savais que beaucoup parlait avec les défunts lorsqu'ils se rendaient au cimetière mais moi je n'y parvenais pas. Puis au bout d'un moment, je fini par réussir à aligner quatre mots. « Tu me manques papa... » Et sans que  je ne parvienne à me contrôler, j'éclatais en sanglots.

Je n’étais pas du genre à me rendre régulièrement au cimetière, d’ailleurs je n’y étais jamais allée avant ma tentative de suicide. Je venais sûrement maintenant pour me faire pardonner quelque chose, je n’en savais rien. Mes parents étaient, aux dires de ma mère, très amoureux et très fusionnels, et du coup si je venais ici c’était sans doute  car je savais que mon père m’en voulait d’avoir fait du mal à ma mère en tentant de mettre fin à mes jours. Et s’il m’en voulait, je pouvais le comprendre, j’étais tout ce qu’il restait à ma mère depuis la mort de mon père étant donné qu’ils n’avaient pas pu adopter d’enfant. Je m’en voulais d’avoir fait ce que j’avais fait, mais je ne pouvais pas changer le passé et je devais aller de l’avant. Mais avec tout ça j’avais perdu la confiance de ma mère, j’espérais qu’avec le temps elle pourrait me pardonner et me faire à nouveau confiance.

Alors que j’étais calée contre le tronc de l’arbre les yeux rivés sur la tombe de mon père et que je pleurais à chaudes larmes, quelques mots me firent revenir à moi car j’étais quelque peu ailleurs à ce moment-là. Je séchais rapidement mes larmes, peu importe qui me parlait, je ne voulais pas que l’on me voit dans cet état-là, j’étais pire que ridicule même s’il n’y a rien de ridicule à pleurer devant la tombe d’une personne chère, malheureusement décédée. Après avoir rapidement passé mes mains sur mes joues pour essuyer mes larmes et frotté mes yeux pour les sécher, je me retournais lentement. Je n’avais même pas prêté attention au fait que je pouvais connaître la personne qui me parlait, d’autant plus qu’elle avait prononcé mon prénom.

Là tout de suite, j’étais un petit peu paumé, je ne savais pas trop où j’étais. Après m’être tourné, je finis par apercevoir quelqu’un que je connaissais bien, une personne qui comptait énormément à mes yeux mais que je n’avais pas vue depuis bien longtemps ? Ça avait été dur au début mais avec le temps j’avais fini par m’y faire même si je ne l’avais jamais oublié. A vrai dire, en la voyant là, j’avais du mal à réaliser, peut-être étais-je en train de rêver ?! C’était peut-être possible…sauf que là je ne rêvais pas, Lenaëlle se trouvait bien juste devant moi. J’en restais bouche bée, je m’attendais presque à tout, sauf à ça ! « Je…euh…oui c’est moi mais je… » Je m’arrêtais de parler un instant, ne trouvant plus mes mots. C’était à peine si j’avais réussi à aligner trois mots correctement. J’inspirais donc un grand coup et sans prendre la peine de dire quoi que ce soit de plus je me levais et je sautais dans les bras de Lenaëlle la serrant fort contre moi. « Bordel…ce que tu m’as manqué ! » Je sentais les larmes couler sur mes joues, cependant j’étais heureuse de la voir.

J’étais ravie de voir que Lenaëlle partageait mon avis. Nous étions toutes deux heureuses de nous voir, ça faisait tellement longtemps. Nous avions pourtant partagé tellement de choses ensemble lorsque nous étions plus jeunes, et je ne pourrais jamais oublier combien elle avait été importante pour moi. A vrai dire, elle l’était toujours un peu car même si on s’était perdu de vue j’avais toujours en tête la Lenaëlle de mon enfance, celle que je ne quittais jamais et que je considérais comme ma grande sœur. C’était presque glauque autant de « bonheur » dans un lieu pareil. Mais la voir me réconfortait je ne pouvais pas le cacher, mais pleurer pendant quelques secondes un peu avant de la voir m’avait fait du bien car j’avais pas mal de choses à extérioriser ces derniers temps, je voulais oublier mais en même temps cela m’avait apporté une personne à qui je pensais tenir…Jonah.

Désormais, je voulais quitter ce lieu, au pire je reviendrais un autre jour mais là je voulais profiter un peu de Lenaëlle. Comme elle venait de le mentionner, ça faisait si longtemps qu’on ne s’était pas vu et je ne voulais pas rester devant la tombe de mon père à me morfondre alors que je pouvais passer un bon moment en sa compagnie. D’autant plus que j’allais surement avoir beaucoup de choses à lui raconter vu depuis combien de temps on ne s’était pas vu. Je reniflais et m’essuyais les joues mouillées par les larmes. Je me raclais ensuite la gorge. « Ca va…et toi ? » Je n’étais sans doute pas très convaincante, mais peu importait.

Je lui fis un petit sourire timide avant de passer un bras autour de sa taille en me serrant contre elle. Oui j’avais besoin de réconfort et je savais que passer un peu de temps avec elle m’apporterait ce réconfort. Nous marchions lentement au milieu des pierres tombales, je ne pouvais pas dire que j’appréciais vraiment cela, bien au contraire. Je finissais même par me demander ce que j’étais venue faire ici, mais finalement cela m’avait fait du bien et si je n’étais pas venue je n’aurais pas rencontré Lenaëlle et ça, c’était tout ce qui comptait pour moi. « Dit, ça te dirait qu’on sorte d’ici…je ne me sens pas très à l’aise… » Je sentais mes yeux me piqués, ils étaient un peu irrités à cause du fait que j’avais pleuré mais je savais que ça passerait sous peu. « On pourrait aller je ne sais pas où…boire un verre par exemple ? » Nous avions arrêté de marcher un instant, j’attendais qu’elle me dise ce qu’elle voulait que l’on fasse.

Heureusement pour moi qu’elle avait accepté que l’on quitte le cimetière. Je ne me sentais plus du tout à l’aise dans cet endroit même si je me sentais tout de même mieux, je ne regrettais pas d’être venue, et je le dirais à ma mère, je voulais lui montrer que j’allais mieux et que plus jamais je ne ferais ce que j’avais fait… D’ailleurs, je sortais mon téléphone pour lui envoyer un message en lui disant que j’avais trouvé Lenaëlle au cimetière et que je rentrerais plus tard que prévu puisque j’allais passer un peu de temps avec elle. J’espérais vraiment que ma mère allait me croire, ce serait sûrement difficile étant donné que ça faisait un bail que je n’avais pas vu Lenaëlle et même que je n’avais pas eu de nouvelles. Une fois que le message fut parti, j’avais rangé mon portable dans mon sac.

Cependant, lorsque j’avais parlé à Lenaëlle d’aller boire un verre, ce qui n’était qu’une idée parmi d’autre l’essentiel étant de quitter cet endroit, j’avais eu la sensation d’un malaise. Je n’avais pourtant pas l’impression d’avoir dit quelque chose de mal. J’étais pour le coup vraiment intrigué. Mais après tout, depuis le temps que je ne l’avais pas eu et n’avais pas eu de nouvelles il avait pu s’en des choses et je ne pouvais donc pas être au courant. Je ne savais pas vraiment quoi faire, devais-je faire ma curieuse et poser des questions ou bien me taire et garder mes questions pour moi ? J’étais un peu perdue mais si elle voulait me parler elle le ferait d’elle-même sans que je lui pose de question à mon avis.

Pour le moment, je décidais de ne pas poser de question mais me connaissant je savais que si elle ne me parlait pas très vite je finirai par poser les questions que j’avais à poser, alors même si elle ne m’avait vu depuis longtemps, elle me connaissait bien et je n’avais pas changé. Etant donné qu’elle me parlait d’un café pas loin, et qu’on pouvait y aller à pieds, il me semblait alors qu’elle connaissait le coin bien mieux que moi. Peut-être que ça faisait longtemps qu’elle était là, mais dans ce cas pourquoi ne m’avait-elle rien dit ? Je me posais beaucoup trop de questions, il fallait que j’arrête, sans doute qu’elle allait répondre à mes questions sans que je les pose lorsque l’on serait tranquillement assise à une table autour d’un café, chocolat ou soda ? « D’accord…allons-y, je te suis car je ne connais pas vraiment le coin par ici, je ne viens pas souvent. »

Le fait que nous ne nous étions pas parlé durant le chemin ne m’avait pas vraiment posé de problème, j’espérais que ce soit la même pour Lenaëlle. Ce silence m’avait fait du bien et m’avait en quelque sorte aussi permis de reprendre mes esprits et de respirer le bon air. Pleurer m’avait fait du bien, j’avais la sensation d’avoir un poids en moins sur le cœur, mais j’étais assez fragile émotionnellement, je pouvais m’arrêter de pleurer très vite mais par la suite, un petit rien pouvait me refaire pleurer si je n’étais pas totalement calmer. Après plusieurs minutes de marche, que j’avais trouvée assez courtes, quelques minutes de plus ne m’auraient pas contrariée plus que ça.

Nous nous trouvions non loin du café que Lenaëlle me pointait du doigt. Je la regardais alors offusquée, la bouche ouverte. Oui j’avais sûrement l’air ridicule mais tant pis, de toute façon le ridicule ne tue pas, et bien heureusement car sinon nous serions déjà tous morts, ce serait triste. Je me mis alors devant elle et lui mis une petite claque sur la main. « Non ! On ne montre pas du doigt, sale gosse ! Tu vas être punie… » Je tentais de ne pas sourire et de rester la plus sérieuse possible, chose difficile mais je faisais de mon mieux. Puis à peine quelques secondes après, je craquais et me mis à rire, ce fut plus fort que moi. Peu après nous entrions dans le café où nous trouvions une table bien placée, tranquille où l’on ne serait pas dérangée.

Une fois installées, tout comme Lenaëlle, je m’emparais du menu pour consulter ce qui était proposé. Alors que je regardais, ma cousine me demanda quelque peu hésitante ce que j’allais prendre. Je ne comprenais pas vraiment ce qu’il se passait, que lui arrivait-il ? Je haussais les épaules un peu surprise par sa question même si elle pouvait sembler totalement banale au premier abord. « Euh…je ne sais pas. Tu es sûre que ça va Lena ? Tu…tu sais que tu peux tout me dire ? »