Me regardant dans le miroir, je poussais un soupire. Bien que j’étais revenue depuis plus de deux mois, je n’avais pas encore fait de vraie apparence publique. C’était pourtant monnaie courante dans la famille, mais j’avais toujours refusé de participer depuis mon retour. Sauf cette fois, je ne pouvais pas passer outre cette soirée. Après tout, j’avais accepté l’invitation d’Oliver pour le vernissage qui présenterait certaine de ces photos. Je ne pouvais pas passer à côté de ce moment, surtout qu’il était venu dans cette ville pour moi. Je pouvais bien faire l’effort de mettre une belle robe, du maquillage et me coiffer pour aller voir ses œuvres. J’en étais à mon troisième essayage de robe et j’avais l’impression que rien ne convenait. Soit trop courte, soit trop longue, trop sexy ou trop banale. Je ne savais pas ce qui clochait, mais aucune d’elle ne semblait de mon goût. Il faut dire que ma garde-robe était considérable vide connaissant tous les vêtements que je possédais, mais que j’avais laissé en Syrie dans mon appartement dont j’étais certaine, je ne reverrai plus jamais la couleur. Même si Ollie m’avait confié qu’il me trouvait forte, je n’étais pas certaine d’être capable de retourner là-bas, tout du moins pour le moment. Revoir cet endroit me semblait impossible, mais je pourrais demander une mutation dans un autre pays où les ravages de la guerre n’étaient pas aussi terribles. Bon, n’importe où, où la guerre avait lieu c’était dure d’y vivre, mais il devait bien y avoir des lieux plus calmes. Retirant cette troisième robe, je prenais mon portable appelant Gemma à la rescousse. Je pouvais compter sur ma meilleure amie pour me fournir des vêtements et ça me ferait un bien fou de la voir. C’est après avoir discuté au téléphone une bonne demi-heure que je dirigeais vers chez elle. En la voyant, je ne cachais pas mon étonnement de voir son ventre rond. C’était aussi une chose qui me travaillait, j’avais dépassé la trentaine. J’étais toujours célibataire et l’horloge biologique tournait de plus en plus. Seulement, dans mon état ajouter une relation et une grossesse dans un avenir proche, n’était pas une des meilleures idées que je pouvais avoir. Passant l’après-midi entre fille, je sortais de chez Gemma pouponné comme il se doit. On avait trouvé une robe cocktail blanche sans manche, m’arrivant un peu plus haut que les genoux. Un blouson de cuir posé sur mes épaules, mes cheveux ondulants et mettant en valeur mes jambes avec des talons hauts ressemblant à des échasses. J’allais peut-être dans une galerie d’art, je pouvais bien mettre en valeur mon corps même si je ne devais pas être le centre d’intérêt. Retirant mes escarpins, je conduisais jusqu’à Los Angeles. Je détendais mes pensées en écoutant un vieux hit des années 90, Barbie Girl. Au moins, je ne passais pas le trajet à penser à ce que pourrait être cette soirée. Le regard que je devais poser sur mon ex ou l’attitude à adopter. On était désormais ami, on pouvait passer une soirée agréable sans forcément revenir sur ce que je lui avais dit. C’était bien quelque chose que je ne souhaitais pas, me montrer une nouvelle fois vulnérable. Garant ma voiture, je sortais tout en remettant mes chaussures. Prenant une grande respiration, je me dirigeais vers la galerie serrant contre moi sac pochette. J’entrais alors que L’endroit n’était pas encore tellement bondé, déposant mon blouson au vestiaire, je me faufilais parmi les gens jusqu’à tomber sur les photos d’Oliver. Parmi toutes les photos exposées j’avais immédiatement reconnu l’œuvre d’Ollie. Je pourrais les reconnaître entre mille. Posant mon regard sur certains portraits, je ressentais ce pincement au cœur. En fait, les images rendaient tellement bien, que pour certaines photos je me souvenais exactement du moment où il avait pris ces clichés. Ne trouvant plus la force de regarder ceux-ci je partais en quête de champagne, mais aussi de l’artiste. Comme il y avait de plus en plus de personne, je mettrais sans doute un certain temps pour le trouver, mais je me doutais aussi qu’il serait présent contrairement à mon arrivé. Déambulant parmi la foule, j’entendais des commentaires qui me faisait sourire. C’était indéniable, mon ex avait un talent pour la photographie. Je ne comprenais pas comme il avait à capturer de tel moment. Sans compter que c’était sexy un homme avec un appareil photo. À cette pensée, je sentais mes joues rougir, mais à quoi pensais-je ! J’attrapais une flûte de champagne sur le plateau d’un serveur qui passait près de moi, prenant une longue gorgée. Je continuais de marcher, regardant les photos des autres photographes au passage. Mais aucune trace d’Ollie, il se cachait le coquin ! Toutefois, mon attention fut attirée par une voix que j’avais entendu récemment. Je ne pouvais dire que je le connaissais très bien, mais assez pour reconnaître sa voix dans ce bain de foule. M’approchant du couple, je ne manquais pas de m’incruster. De toute, les bonnes manières et moi… ! « Ewen ! » L’étonnement dans le fond de ma voix était totalement perceptible. Je m’approchais lui faisant la bise, comme si nous étions de vieux amis. Je souriais à la femme qui l’accompagnait et qui n’avait rien à voir avec la pimbêche que j’avais rencontré au stade. « Bonsoir. » Je pouvais me montrer un minimum poli, après tout je ne souhaitais pas me faire agresser verbalement par une autre conquête de cet homme. « Que fais-tu ici ? Tu expose ? » Si mes souvenirs étaient bons il était photographe ou bien je me trompais avec quelqu’un d’autre…

La soirée semblait prometteuse pour les exposants et je ne pouvais cacher mon plaisir d’être ici. De savoir que des personnes dans cette foule complimentaient ou critiquaient le talent d’Oliver. Pour le connaître depuis deux ans, je savais très bien comment il était acharné dans son travail et son rendu était toujours aussi exceptionnel. C’est donc en le cherchant que je tombais sur Ewen, ce photographe journalier que j’avais croisé quelques semaines plus tôt à un match des Kings. Je ne cachais pas mon étonnement de le voir ici, ce soir. Après peut-être qu’il était ici pour exposé lui aussi. Je n’avais pas particulièrement fait attention aux noms des autres artistes. Resserrant mon sac pochette sous mon bras, j’avais bien pris soin de tenir éloigner ma flûte en lui faisant la bise. Ne sait-on jamais, déjà qu’il sentait l’alcool et connaissance cette petite tendance qu’il avait à me renverser quelque chose dessus, je préférais ne pas prendre de chance. Même si ce n’était arrivé qu’une fois, ce soir je n’avais pas de débardeur pour me changer. Je me reculais, remarquant aussitôt le resserrement de bras. Je n’y faisais pas allusion, ce n’était pas mes oignons, mais intérieurement je me commençais à me dire que cet homme n’avait pas de chance avec les femmes. Malgré ce petit geste de possessivité, je m’enquérais de la présence du châtain dans cette galerie. « Voyons même un photographe journalier peut faire de belle photo. » Après tout, ce n’était qu’un travail et derrière cela il y avait souvent une passion. Ce n’était pas tout le monde qui pouvait prendre des clichés, le cadrage, la profondeur, la luminosité, tout ce qui pouvait faire un beau cliché n’était souvent jamais pris en compte par les gens et ça se réduisait maintenant à des selfies avec les portables. C’était ça que j’appelais de la photographie merdique ! « Enchantée et le sentiment est partagé. » Est-ce que c’était vraiment partagé ? Je ne savais pas trop, je m’attendais au pire d’une certaine façon. Mais pour l’instant, elle ne m’avait pas fait une scène de ménage et de jalousie donc ce n’était pas si mal. Écoutant Ewen, j’haussais les sourcils. Un article sur Ollie et bien voilà que ça promettait. « Effectivement, Oliver a un talent bien distinct. » Je répondais au sourire de cette Casey, avant de lever les yeux au ciel, buvant le reste de ma flûte de champagne d’un seul trait. Je détournais légèrement le regard par la suite, une femme qui faisait son territoire c’était quelque chose de blasant. Je me doutais bien qu’elle avait fait exprès de dire cela assez fort pour que je puisse entendre, seulement je n’étais pas là pour entrer dans son petit jeu. Je devais trouver rapidement Oliver avant de me retrouver dans une situation incommodante. En parlant du loup, je sursautais légèrement en sentant une main arriver sur le creux de mes reins. Je tournais la tête pour voir Oliver, lui adressant un sourire en coin. Parfait timing, si je puis dire ! « Bonsoir Oliver. » Je ramenais mon regard vers Ewen, j’avais décidément manqué un chapitre, mais peut-être que cela expliquait l’odeur d’alcool que j’avais senti sur l’homme en lui faisant la bise. Penchant légèrement la tête, j’écoutais ce que me disait mon ex. Serait-il jaloux ? Chuchotant à son intention seulement, je lui disais : « Il leur faudrait surtout une chambre à ces deux là. » C’était évidant que ladite Casey souhaitait finir la soirée en agréable compagnie. Est-ce que c’était le même ressentit de la part d’Ewen, là je ne pouvais pas dire. Me reculant, je souris à Ollie. « Merci du compliment. » Déposant ma flûte sur le plateau d’un serveur, je prenais la nouvelle que m’offrait Ollie. Je ne fus pas étonnée de le voir se poser une question sur Ewen et moi, après tous les deux dernières années, je les avais passé qu’avec lui. Si je ne comptais pas nos amis Syriens, mais ici il ignorait qui je connaissais, même si ma rencontre avec le photographe ne remontait pas à si loin. Même si je prenais cela pour de la curiosité, je pouvais aussi voir que quelque chose n’allait pas chez lui. Le connaissant bien, il n’avait pas besoin de tout me dire pour que je décèle cela. Me collant un peu plus vers lui, j’allais glisser ma main libre sous son veston. Je ne faisais rien de déplacé, au lieu de la diriger vers le bas comme l’aurais fait certaine. Je laissais ma main remonter vers le haut et de mon index, je commençais quelques petites rotations sur sa chemise. Une vieille habitude que j’avais prise avec lui lorsque je le voyais tendu et qu’on ne pouvait pas se montrer si démonstratif. Je posais mon regard sur lui, lui souriant. « Eh… » Je n’avais pas le temps de commencer ma phrase que la femme décidait de s’imposer. « Oh, mais j’ai entendu parler de vous. » Attention Gwen vouvoie quelqu’un ! Ce n’était certes pas dans mes habitudes, mais j’avais bien l’intention de rester civiliser et ainsi éviter le coup d’éclat. « Qu’est-ce qu’une journaliste du LondonDaily vient faire en Amérique et pour faire un article sur une petite exposition ? » Je me tournais vers l’homme à qui je continuais de caresser le dos. « Sans offense Oliver, mais je me demande si ce ne serait pas pour quelque chose d’autre ou dirais quelqu’un que vous êtes ici. » disais-je en presque toute innocence. « Mais bon que sais-je de cela. » Je gardais cette même innocence, alors que je savais que les deux hommes connaissaient mon métier, mais je pouvais bien m’amuser un peu. Je me tournais vers Oliver, lui tendant ma flûte de champagne, j’entrepris d’arranger son nœud de cravate qui a mon goût n’était pas fait correctement. Puis j’allais lui murmurer à l’oreille. « T’es sexy quand tu es jaloux, mais soit gentil. » J’embrassais sa joue, reprenant mon verre, je me retournais vers le couple. « Ewen et si on allait faire le tour de la galerie pour les laissait ensemble le temps de cet interview ? » Je savais qu’Oliver allait me détester de lui faire cela, mais la fille encore plus !

Bien que journaliste aussi, j’étais étonnée de voir une journaliste anglaise sur le sol Américain. Je ne la connaissais pas personnellement, je n’avais même jamais lu de ces articles, mais dans notre monde on était beaucoup à se connaître et j’avais quelques amies qui travaillaient pour le même journal. Entre femme c’était normal qu’on échange des ragots, qu’on déblatère aussi sur des collègues. Combien de fois j’avais parlé des exploits d’Ollie aux pieux alors que j’étais en séminaire et en profitais pour aller boire un verre avec mes amies journalistes. C’est ainsi que j’avais aussi entendu parler de cette Casey Chambers, mais il était inutile que je lui révèle le comment du pourquoi que je la connaissais. Il en restait pas moins que je trouvais étrange qu’elle se déplace simplement pour interviewer un seul des photographes qui exposaient et cela dans une petite galerie de Los Angeles ! Il n’y avait pas anguille sous roche, cette fille avait sauté sur l’occasion pour venir dire bonjour à ce cher Ewen. Un vrai tombeur ce mec ! Mais je me plaisais à l’idée de pimenter son jeu, rien de bien vilain, seulement ce genre de soirée j’avais tendance à vite m’en lasser. « En effet, je ne vois pas pourquoi vous vous en priveriez. » Je laissais un sourire en coin prendre place sur mes lèvres, avant de poser mon regard sur Oliver qui ne semblait pas très à l’aise de faire cet interview. Au fond de moi, je savais qu’il se débrouillerait à merveille. C’est pourquoi, je n’eus pas de mal à proposer d’aller faire le tour de la galerie avec Ewen pour ainsi cette croqueuse d’homme avec Ollie. De toute, elle ignorait à qui elle avait à faire, mais je savais qu’elle ne ferait rien à mon ex tant que j’avais entre mes griffes celui qu’elle convoitait. Suivant Oliver, de toute manière je n’avais pas trop le choix mon bras ne pouvais pas être si loin de mon corps. « Oui et c’est justement pour cela que je compte te laisser avec elle. Elle ne te touchera pas. » Je croisais mes bras sous ma poitrine, le regardant avec un air de défi. Je n’avais pas l’intention de sauter sur Ewen pendant ce temps-là. Non, j’étais simplement convaincu que comme lors du match il se trouvait avec une femme qui se faisait tout un cinéma. D’un sens je comprenais cette femme, je m’étais fait tout un cinéma avec Aaron, ce qui avait conduit à ma rupture avec Oliver. Le regardant, je n’eus pas le temps de répondre à sa question qu’il acceptait de faire cette interview. « De toute manière, je suis là pour toi pas pour les autres. » lui confiais-je avant de le suivre et de revenir vers le couple. Le fait qu’il me confit au photographe me fit sourire. Comme s’il pouvait m’arriver malheur dans cette galerie. Et à moins qu’Ewen décide de me sauter sauvagement dessus, je ne risquais pas grand-chose, et encore là. Je passais mon bras libre autour de celui d’Ewen, lui adressant un sourire. Je devais bien être la seule à m’amuser de ce moment, mais tant pis, ça pimentait ma soirée et ça me changeait les idées. Ce que j’avais terriblement besoin. Je marchais près de châtain, nous arrêtant devant une photo. Je la détaillais d’un œil critique comme je le faisais souvent avec Oliver. Je n’avais pas la fibre artistique, mais critique ô ça oui ! C’est la voix masculine près de moi, qui me sortit de mes pensées tournant mon visage vers lui pour ainsi le regarder. Cette question, je m’y attendais. Après tout, je n’avais pas retenu mes gestes et notre familiarité était flagrante. Mais ce fut la suite qui étira mon sourire. « Alors pourquoi poser la question ? » J’inclinais la tête légèrement sur le côté. « Si tu ne souhaitais pas savoir, tu ne l’aurais pas posé. Donc dois-je en conclure que je t’intéresse si tu t’enquières de mes sentiments pour Oliver ? » Je buvais une gorgée à mon tour. « Pour te répondre, je ne suis pas avec lui. Tout du moins, je ne le suis plus. » J’avançais vers la photo suivante, souriant aux personnes que je croisais. « Et toi, avec Casey ? Elle semble assez entreprenante, mais tu ne sembles pas sur cette même longueur d’onde. Je me trompe ? » demandais-je plongeant mon regard dans le sien. Arrivant devant une photo d’Oliver que je n’avais pas vu en arrivant, je me figeais. Sur ce cliché, je me reconnaissais, je me souvenais de ce jour. Seulement, je ne l’avais pas remarqué prendre cette photo. Je souriais à un enfant lui donnant à manger, c’était ce côté de mon travail qui me manquait. La guerre m’horrifiait désormais, mais ce simple geste démontrait que la bonté existait toujours. Souriant, je me tournais pour jeter un coup d’œil à Casey et Ollie. Dans cette position, je voyais très bien qu’il n’était pas enchanté de se trouver-là. « Ils ne semblaient pas les plus à l’aise tous les deux. Je crois que l’idée qu’on soit ensemble ne leur plaise pas trop. » Un rire s’échappait de mes lèvres, rien de bien méchant, retournant mon regard vers Ewen je lui souriais. Contrairement à eux, moi je m’amusais bien et j’étais détendue, même si cette photo m’avait chamboulée les esprits.