Bientôt six ans que je suis à Pasadena, pourtant je n’ai pas cherché à la rencontrer. Qui ? Ma demi-sœur Olivia. Elle est en quelque sorte l’élément qui m’a conduit jusqu’ici, mais je n’ai jamais trouvé la force ou la volonté de toquer à sa porte. Ça ne doit pas avoir changé, même aujourd’hui et pourtant qui aurait cru cela possible. « Allez cul sec Jo ! » La tête en bas je buvais à même le fût de bière. J’entendais les voix dans mon dos, j’ai beau avoir vingt-et-un an, je ne suis pas vraiment plus mature. Jeune et con, si on peut dire. Mais c’était ainsi que j’avais choisi de faire ma vie. Les gens criaient de plus en plus alors que je buvais. Je me sentais de plus en plus déconnecté de cette planète. Pourtant, je n’étais pas rendu sur Mars, juste un peu trop pompette. On me remettait sur mes pieds et je titubais un peu sur la gauche, avant de lever mes bras dans les airs dans une giboulée d’hurlement. J’ignorais combien de litre j’avais bu, mais je commençais à sentir le picotement au bout de mes doigts. La soirée continua et c’est quatre heures plus tard, que je me retrouvais assis sur les marches de l’entré complètement saoul et stone. Comme toujours j’avais abusé de l’alcool, surtout de la bière en énorme quantité et d’un joint, bon très certainement plus, mais je n’en avais juste pas le souvenir. « Allez Jonas raccompagne-moi ! » Fermant un œil, je relevais la tête pour regarder la fille qui tirait mon bras pour que je la suive. Je grommelais quelque chose que je ne pourrais pas dire, j’en ai déjà oublié les mots. De ma main libre, je m’aidais avec la marche à me pousser pour me relever. Une fois debout, je soupirais stupéfait de voir que je tenais encore debout. Passant mon bras autour du cou de la jeune femme, j’avais pas la moindre idée de qui elle était. Mais osef. En réalité, c’était surtout elle qui me traînait, je n’avais pas la moindre idée d’où je devais aller. Tout e que je trouvais à faire c’était caresser ses cheveux. Ils étaient tellement doux que s’en était impressionnant. On aurait des brindilles d’un balai. C’était magique, cette fille pouvait faire le ménage avec sa tête. Je devais la présenter à Jazz, peut-être qu’elle aurait une bonne influence sur elle et que maintenant, elle se ramasserait un peu plus ! Je marchais sans réel sujet de conversation, j’étais de toute façon trop concentré à balayer mon menton avec ses cheveux. Peut-être que demain matin, ou ce matin cela dépend des perspectives de chacun, j’aurais balayé ma barbe ! Se serait génial ! Puis, je regardais finalement autour de moi, fronçant les sourcils je m’arrêtais. Je connaissais ce coin, notamment l’édifice devant lequel je m’étais arrêté. « Merci de m’avoir raccompagné. » Je lui tapotais le dos comme une bonne amie. Elle semblait étonnée de ma réaction. « Mais… » Trop tard, je ne l’écoutais plus. Je n’étais jamais entré, mais j’étais venu parfois. Enfin, depuis que j’avais rencontré Pandorà. Je frottais mes mains ensembles, l’air était un peu plus frais. Je me retournais et la jeune fille ne semblait pas être restée ce qui était un bien pour un autre. Dans toute ma logique, je voyais cela comme un signe. Et nul besoin d’une voyante, bon peut-être que la fille en était une ou c’était l’abus de mari qui causait cela. Bref. Je me dirigeais vers la porte, verrouillé. Une moue s’affichait sur mon visage, je tournais la tête et ! Génial ! Je me dirigeais vers la fenêtre légèrement ouverte. Poussant celle-ci avec les paumes de mes mains, je me donnais un petit élan et je me hissais à l’intérieur. J’avais la chance de ne pas être maladroit. C’est donc en silence que je m’incrustais dans la demeure. J’avançais à pas de loup, m’arrêtant et grimaçant lorsque le planché grinçait. J’avais dévalisé le frigo, ça avait été plus fort que moi. Mais j’avais tellement faim. Un restant de gâteau, environs le trois quart, n’avait duré qu’un instant sur la tablette avant que je ne l’engloutisse laissant mon visage tartiné de chocolat. Et c’est le ventre plein que je m’endormais la tête appuyé entre la douzaine d’œuf et un biberon pour bébé. Une lumière brusque frappait mes paupières, j’entendais une voix. Me passant une main sur les yeux, j’ouvrais ceux-ci pour voir la tête d’un poupon qui me regardait. Je reculais, ma tête percutant le barreau derrière moi. J’avais mal partout et dans mon plus grand plaisir, j’étais en boxer dans son berceau.  D’accord, je n’avais pas la moindre idée de comment je m’étais rendu jusque-là. « Olivia ? », disais-je en tentant de me relever alors que le môme me regardait, son visage se transformant en une grimace et puis en pleure. Prenant de plein fouet le mobile, je perdais pied basculant en dehors du berceau et m’écrasant sur le sol dans un bruit sourd faisant arrêter les pleures aussitôt. Bonjour, le matin de rêve !

Aaron progressait. Aaron se serait donné une bonne étoile s’il était assez immature pour s’auto-congratuler de manière visible et concrète. Aaron n’était toujours pas convaincu d’avoir ce qu’il fallait pour être père, mais bon Dieu ce qu’il prétendait de mieux en mieux. Ce n’est plus avec un regard terrifié et un instinct de fuite pressant qu’il répondait à Olivia lorsque celle-ci déléguait une tâche en rapport avec Liam. C’est qu’elle faisait ça si bien, pourquoi prendre le risque de laisser Aaron prendre les rênes ? Alors maintenant il acceptait son destin et faisait de son mieux pour ne pas traumatiser le gosse. Ou le noyer par mégarde. Ou le perdre. Ou le faire tomber. Mon Dieu, ça en était presque amusant le nombre de manière dont Aaron pouvait merder. Grand heureusement dans son état d’être à peine conscient, Liam lui rendait la tâche plus facile. Certainement, il était impossible qu’il se souvienne de quoique ce soit à cet âge là ! Et d’un autre côté, s’il pouvait se dépêcher de former des phrases claires et précises pour éviter qu’il hurle dans les bras de son père parce que celui-ci n’arrive pas à comprendre ce qui cloche. C’était épuisant. Pour le moment, Aaron ne voyait franchement pas l’attrait. Alors ok il y avait quelque chose d’un peu magique dans le fait d’avoir créé un être humain de toute pièce juste en ayant pris son pied, et oui il y avait des moments où même Aaron était tenté de lâcher un petit « aw » devant les mimiques de son fils, mais ça n’allait guère plus loin. C’était une réflexion ignoble à avoir, mais Aaron n’allait pas non plus répondre qu’il passait les meilleures semaines de sa vie. Il était fatigué 24h sur 24h, sur les nerfs, couvert de lait et autres choses moins plaisantes, et se demandant honnêtement comment la race humaine ne s’était pas déjà éteinte. Ugh, son monologue interne lui donnait envie de se taper la tête contre les murs. Le téméraire en lui pleurait la liberté de ses jours sur le terrain, mais ça ne servait à rien de se morfondre. Il était père, juste quelques mois après avoir appris la nouvelle, et il n’avait rien à y faire. Aaron aimait son fils. Peut être pas avec la même ardeur qu’on attendrait, mais Liam était maintenant une partie de sa vie et il ne souhaiterait pas que l’on lui arrache. Il lui fallait juste un peu plus de temps. Pour se faire une place dans cette famille qu’on lui avait presque imposée dès son retour. La journée avait été éprouvante, comme la précédente et celle d’avant encore. Aaron avait sombré dès que sa tête avait touchée l’oreiller. Le babyphone était sur la table de chevet juste à côté de lui et Aaron avait jeté un regard menaçant à l’appareil avant de se coucher, le mettant au défi de diffuser le moindre son avant le matin. Le vrai matin, pas celui qui commence dès que les oiseaux commencent à gazouiller comme les insomniaques qu’ils sont ! C’est bien pourquoi Aaron maudit le ciel et qui voulait l’entendre lorsque les pleurs de son fils le tirèrent d’un sommeil profond et réparateur. Il étouffa un grognement dans son oreiller, se demandant s’il pouvait prétendre n’avoir rien entendu et laisser Olivia s’en occuper. Puis il y eu un boom. Le genre de bruit sourd qu’un nouveau-né ne peut décemment pas provoquer. Le genre de boom qui ne peut avoir pour origine qu’un poltergeist qui s’amuse à bouger les meubles ou un intrus. Ni une ni deux, Aaron ouvrit les yeux. Il accueillit la montée d’adrénaline comme une vieille amie, s’animant sous l’appel du danger et d’une mission à accomplir. Il était à peine six heures du matin, le ciel encore sombre. Son arme n’étant pas à proximité et ne souhaitant de toute manière pas prendre le risque qu’une balle perdue touche le bébé, Aaron se saisit d’une batte de baseball qui traînait dans un placard. « Reste ici » préconisa-t-il à Olivia lorsqu’il l’aperçut se redresser dans le lit du coin de l’œil. Aaron ne souhaitait pas prendre de risque. Ça ne serait pas la première fois en Californie qu’on entend parler d’un sociopathe qui s’infiltre chez les gens. Aaron ne perdait pas une minute. Il n’était pas là pour faire le grand dur auprès de sa belle en prétendant pouvoir s’occuper de la menace alors qu’il était en réalité mort de trouille. Non. Aaron était énervé. Il était épuisé et pas du tout amusé par l’intrusion de quelqu’un dans la chambre de son fils. Pas. Du. Tout. N’essayant même pas de dissimuler la lourdeur de ses pas jusqu’à la chambre, Aaron parcouru à grande foulée la distance entre les deux pièces, sa poignée ferme autour de la batte. Il arriva et ouvrit la porte fermement, allumant la lumière à la volée. Et se stoppa. Pendant le court trajet, Aaron s’était imaginé bien des choses. Un fou furieux avec Liam dans les bras, le menaçant ou pire. Une arme pointée sur lui. Bien des choses. Pas un gamin presque à poil étalé sur le sol. Ado bourré ou jeune malveillant, la chose revenait au même : il n’avait rien à faire ici. Après un regard rapide pour s'assurer que Liam allait bien, Aaron s’approcha, pressant le bout de la batte sous le menton de l’intrus. « Je te laisse trente secondes  pour me dire ce que tu fais chez moi, dans la chambre de mon fils !! » siffla-t-il dans son meilleur ton de soldat prêt à te dévisser les rotules, « et trente autres pour foutre le camps d’ici ».

Les jours se suivent et se ressemblent quand on a un bébé à la maison. Je ne m’y habituais qu’à moitié car je voulais toujours avoir la vie que j’avais avant. Je voulais pouvoir gérer le fait d’être une maman mais aussi une femme active. Je préparais des plans sur la comète pour avoir ma propre émission télévisée. Je vivais simplement sans penser à mon père. Celui dont je ne parlais à personne bien si j’étais réellement effrayée à l’idée qu’il ne vienne du jour au lendemain chez moi. Ces frayeurs étaient en moi-même si je refusais d’en parler. Ces lettres rangées dans ma commode comme si je voulais les garder pour me rappeler que la vie était tellement précieuse et qu’il fallait que je la protège. Je ne voulais réellement pas qu’il me retrouve mais une chose me disait qu’il savait ou j’étais sinon comment m’enverrait-il ces lettres. La dernière datait de la semaine dernière. Je tentais de les ignorer et pourtant la lire m’avait replongée dans une frayeur enfouie. Je n’avais plus rien reçue depuis 5 mois. Je n’avais plus rien reçu depuis le retour d’Aaron. Cela n’était qu’une coïncidence comme c’était à cette période que j’avais été pour la dernière fois au parloir pour lui dire de me lâcher. Une fois ou ma frayeur m’avait retournée l’estomac. Je la sentais encore. Je sentais encore ces yeux posés sur moi. Je me souvenais encore avoir cherchée les souvenirs que j’avais dans le creux de ma tête pour voir si c’était bien lui. C’était pourtant tellement fou. Le soir avant de me rendormir et comme tous les soirs depuis une semaine, j’avais gardé une poêle sous le lit. Pourquoi ? C’était idiot mais la panique tout simplement. Je ne voulais pas une arme. Pourquoi une poêle ? C’était robuste et pratique mais j’étais réellement paniquée sans avoir une once de courage pour me confier de cette panique et puis qu’est-ce que je pourrais en dire ? Je n’en savais aucunes idées. C’est en entendant les bruits que je sortais doucement de mes rêves. Le bébé pleurait. Je grognais doucement en me cachant sous mon oreiller. Je savais que c’était moi qui devrais y aller et je n’en râlais même pas. Non, même pas. Je grimaçais doucement avant d’entendre le bruit sourd. Aaron était bien plus réactif que moi et à en croire que c’était lui qui avait mon instinct animal de maman. Protecteur ? C’était presque surréaliste à cette idée. Je le voyais s’agiter et même me demander de rester là mais je paniquais. Je ne voyais qu’une chose : mon père. Et s’il s’en prenait à mon bébé ? Une hantise s’éveillait en moi. Je n’avais pas le droit de la ressentir. Oh non. Je n’en avais pas le droit. Je paniquais pour rien. Je voulais m’en convaincre. Un animal avait peut-être fait tomber un truc ? Oui, peut-être. Quel animal ? Chien était à côté du canapé. Je pouvais le voir avec la chambre ouverte qui donnait directement au salon. Je le regardais endormir et même pas dérangé par les bruits. LE must du chien de garde. Je vous jure. Je me redressais en allant porter ma main sous mon lit tout naturellement. Non, j’entendais Aaron menacer une personne. Non, cela devait être lui ? Cela devrait être lui. Non. Je ne voulais pas qu’il touche à mon bébé et la panique me retirait toute raison… Je ne pouvais même pas être rationnelle. Il n’était pas sorti, non ? Même si sa lettre m’avertissait qu’il sortirait bientôt. Non, pas une semaine après ? C’était trop tôt. Paniquée. Je me levais en allant à la seconde porte de la chambre. Elle donnée à la nôtre mais il fallait dire qu’elle était fermée à clé pour éviter de réveiller Liam avec les bruits sauf que j’avais délibérément depuis une semaine rouverte cette porte. J’étais trop effrayée. J’avais juste besoin de protéger les gens que j’aimais. La panique se lisait sur mon regard tout comme ma main tremblant sur la poignée. Je sentais cette boule dans mon ventre. Appelez ça de la faiblesse mais j’avais cette rage. J’avais ce besoin de pleurer par automatisme. Je me sentais paniquée. Je pourrais presque en faire une crise mais non. Je restais humble et silencieusement, j’ouvrais la porte en m’avançant vers la silhouette dans bruit silencieux. Je m’approchais. Ma poêle à la main. Je ne réfléchissais pas et je frappais un bon coup sur la tête de cette silhouette. Non, j’étais persuadé que ce n’était pas Aaron car je le regardais. Cette panique encore présente et la main tremblante. Je relevais mon regard vers Aaron. « Je… », je me sentais juste pétrifiée et c’était plus fort que moi. Je ne riais pas non. Je lâchais la poêle et elle tombait d’ailleurs sur cette silhouette que je n’avais vu que de dos. Cela pourrait toujours être lui mais je… je regardais ma main avec l’impression d’avoir fait un truc… sale. Pas bien. La violence ? Non. Pas mon genre. Mon père avait été violent… et je me sentais horrible de l’être d’un coup. J’inspirais doucement. « J’avais peur ! », et dire qu’en plus… personne ne pourrait comprendre pourquoi cette terreur m’habitait sauf si j’avais osée en parler.

C’est sans invitation que je m’étais introduit chez ma demi-sœur, enfin cette femme que je n’avais jamais connu, mais avec qui je partageais une part de mon sang. Pourquoi avais-je fait cela ? Je n’en avais pas la moindre idée. De toute manière j’étais trop bourré pour en prendre réellement conscience. Et puis, je croyais m’être endormi dans le réfrigérateur et non dans le berceau d’un poupon. Franchement, il avait mieux comme circonstance pour faire la rencontre d’une personne. J’aurais préféré la rencontrer dans un autre environnement, mais en passant devant chez elle, voilà j’avais agi sur un coup de tête. C’était complètement stupide, con, mais voilà ma conscience n’était pas tout à fait apte à réfléchir sans représailles. Je ne pouvais accuser personne pour cela, même si Pandorà m’avait aidé à trouver l’adresse d’Olivia, j’aurais pu ne jamais mettre les pieds dans cet endroit. Pourtant, j’étais venu à de nombreuse reprise pour voir quel genre de vie menait cette femme. Elle n’avait pas le rôle d’une sœur à mes yeux et malgré cela, je savais qu’elle pouvait m’en apprendre sur mon père. Me faire découvrir qui était cet homme qui n’avait jamais fait partie de ma vie. Une lumière vive s’alluma et j’ouvrais mes yeux océaniques sur un gamin en couche culotte. J’étais tout aussi surpris que lui, après tout comment avais-je fait pour entrer dans son berceau. Je ne me savais pas aussi contorsionniste. En tout cas, il devait avoir interpellé ses parents avec l’aide du baby phone. Mais ce n’était pas cela qui me faisait réagir, mais plutôt ses pleures assourdissant qu’il poussait dans mes oreilles. J’avais déjà mal à la tête et voilà que ça n’aidait pas. Je me levais et bien vite je me retrouvais au sol grimaçant à la douleur de mon dos qui avait frappé le sol. C’est alors que je sentais quelque chose sous mon menton, ouvrant les yeux, je regardais cet homme torse nu devant moi qui avait glissé une batte de baseball sous mon menton. Sans doute son copain, car oui j’étais bourrer, mais je me souvenais tout de même chez qui je me trouvais. Si j’avais perdu la mémoire dans mon ivresse j’aurais sans doute été encore plus mal. Je me relevais doucement, tandis qu’il me proférait des menaces. C’était louable, après tout j’étais entré sans permission et je squattais involontairement le lit de leur fils. Je devais m’expliquer, mais comment faire. Je devais puer l’alcool mais aussi la drogue ou bien la cigarette. Je n’avais rien de crédible et en plus je n’avais plus rien sur le dos à part mon boxer. Où avais-je laissé le reste de mes vêtements ? C’était à ce le demander, mais j’espérais quand même ne pas les avoir laissé au party que j’avais quitté. J’étais en panne de bonne excuse, mettant mon pied gauche sur mon droit, je prenais une respiration. Je devais tout balancer, dire la vérité même si j’allais me faire traiter de menteur. J’en étais certain. « Euh… » Merde. J’avais le tournis et j’étais pris d’une sorte de vertige. Je devais garder mes esprits clairs. « Je suis le demi-frère… » Non, pas maintenant. Je sentais le traque m’envahir j’étais nerveux, mais pas seulement ça. Non, c’était pire. J’ouvrais la bouche pour finir ma phrase, mais ce n’était pas des mots qui sortir de ma bouche. Une giboulée d’alcool et de reflux gastrique alla directement frapper le mec qui se montrait autoritaire. J’allais m’excuser, mais on me frappa par derrière et je m’écroulais sur le sol. On échappait quelque chose sur mes côtés me laissant échapper une faible plainte. J’étais par terre recroquevillé contre moi-même les mains derrière ma tête. « C’est un accident. », disais-je finalement. « Je suis désolé, je pensais pas entrer… J’ai pas réfléchi. » Franchement, je ne m’attendais pas à cela. J’avais vidé mes entrailles sur le copain d’Olivia, mais elle m’avait rendu le coup au centuple. Je me massais le derrière du crâne, avant de m’asseoir en indien par terre. Je regardais le mec avec sa batte, me mordant la lèvre. « S'cuse, le stresse l’a emporté. » Ma main frottait ma nuque démontrant que je n’étais pas du tout à l’aise. « En fait, je suis le demi-frère d’Olivia… » Je marquais un temps de pose regardant mes pieds. C’est moche des pieds. « Je ne pensais pas me présenter à toi… Surtout pas comme ça… Mais en sortant d’un party, je me suis retrouvé devant chez toi. J’ai pas réfléchi… D’ailleurs, je crois que j’ai dévalisé votre frigo. » Je gardais mon regard rivé sur le sol, on allait me viré à grand coup de pied. J’en étais certain, mais que pouvais-je faire. En plus, je ne me voyais pas appeler ma coloc pour qu’elle vienne me chercher. Si je faisais cela c’était fini, elle allait se moquer de moi pendant le reste de ma vie.  

Aaron n’aperçu même pas Olivia se faufiler dans la pièce par l’autre porte, jusqu’à ce qu’elle annonce sa présence clairement en envoyant valser une poêle dans le visage de l’inconnu. Plusieurs choses passèrent en cet instant dans l’esprit du jeune Maccallister. Premièrement, et sans doute la plus légitime, une poêle ? Avait-elle réellement fait un détour par la cuisine et estimé que l’arme ultime serait cet ustensile de cuisine là ?! Ils allaient devoir réajuster sa perspicacité. Aaron fut également un tantinet agacé de constater qu’Olivia n’avait pas respectée sa consigne. Et si l’intrus avait en effet été un sociopathe armé ?! Il n’y avait aucun intérêt qu’elle se mette ainsi en danger alors qu’Aaron était pleinement capable de gérer la situation et de protéger Liam. Il est bien plus facile de se focaliser sur une personne à défendre que deux. L’argument était faible puisqu’il ne s’agissait que d’un morveux bourré, mais le principe restait le même. L’intrus pendant ce temps chancelait sur ses pieds, l’esprit apparemment encore bien embué par les produits néfastes qu’il avait consommé plus tôt dans la soirée. Le jeune homme tenta une amorce d’explication qui n’avait aucun sens. Demi-frère ? De qui ? Et cela avait beau être une voie d’investigation intéressante, l’horrible déroulement des choses tua dans l’œuf tout processus d’explication. Aaron n’aurait pu le voir venir. Un instant le gamin ouvrait la bouche pour s’expliquer, et l’autre Aaron se faisait vomir dessus. Un frisson de dégoût parcouru entièrement le corps du soldat, tandis que la sensation du rejet sur ses membres nus lui donnait envie de faire de même. Oh. Mon. Dieu. C’était ignoble, et c’est figé qu’Aaron observa sa compagne abattre son arme de fortune sur la tête de l’individu. Ça devait faire très mal, et cette perspective plu énormément à Aaron. Il le méritait amplement !! Aaron était encore partagé enter lui tordre le cou ou courir de suite à la salle de bain pour se débarrasser des fluides immondes. Toute remarque disparue de la bouche d’Aaron lorsqu’il rencontra le regard de sa compagne. Elle semblait tétanisée et Aaron ne savait pas qui de la situation ou de l’étranger en était la source. La voix tranchée, elle tenta de se justifier et Aaron s’approcher d’elle prudemment, maudissant le fait qu’il ne pouvait la réconforter physiquement au risque de lui donner la nausée. « Hey » dit-il d’une voix calme contrastant vivement avec la menace qui avait pu y résider quelques instants plus tôt. « C’est pas grave, tout va bien ». Olivia n’était pas violente pour un sou. Caractérielle. Forte. Oui. Pas violente. Pas comme Aaron qui avait malheureusement appris à en faire une part intégrante de son métier. Aaron était presque surpris de la voir dans cet état. Il faut dire qu’il n’avait jamais vraiment eu l’occasion de la voir imprégnée d’adrénaline, dans une situation plus ou moins extrême. La seule expérience forte qu’ils aient vraiment partagée se limitait à la naissance de Liam. Aaron fit pivoter son regard sur l’inconnu qui partageait son excuse minable. Un accident. Un rictus mauvais étira les lèvres du jeune homme. « Oh et bien si c’était un accident, tout va bien alors ! » répéta-il, sarcastique. On ne pouvait lui en vouloir d’être irritable. Il venait de se faire réveiller au milieu de la nuit et vomir dessus nom de Dieu !!! Aaron ne pris même pas la peine de relever son excuse. La suite, en revanche, l’interpella. « Demi-frère ? » fit-il écho en regardant Olivia. Certainement, Olivia n’était pas au courant non plus sinon elle ne l’aurait sans doute pas assommé avec une poêle ! Aaron reposa son regard sur le jeune homme, attendant un peu plus d’explication sur ce fameux lien de parenté. Mais un autre détail le fit replonger dans la fureur. Un regard rapide sur le chocolat ornant encore les lèvres et le mention de l’intrus et Aaron aurait pu gémir de désespoir. « QUOI ? » pesta-t-il. Aaron ne demandait pas grand-chose. Il prenait sur lui, acceptant son sort sans trop se plaindre, alors sans doute il méritait des petits plaisirs de temps en temps. Comme ce délicieux gâteau au chocolat qu’il prenait plaisir à savourer part par part et qu’il avait encore compté déguster au petit déjeuner. Gâteau qui avait été sauvagement englouti !!!!! Aaron inspira fortement « J’vais aller me laver avant que je craque et le tue sur place » articula-t-il, la voix lourde sous la colère maîtrisée, avant de sortir à grand pas de la pièce.

La panique avait juste parlée. J’avais frappée. Je me sentais mal. Je ressentais cette sensation jusqu’au bout de mes doigts. Qu’avais-je fais ? Je laissais cette poêle tomber sur le sol alors que cet individu disait que c’était un accident. Je voyais alors tous les dégâts, cette odeur. Je grimaçais doucement en secouant la tête. C’était écœurant. Je ne voulais pas vomir car j’avais vue bien pire mais de mon fils pas d’un inconnu mais je me sentais tellement mal de ce coup que je me sentais tout simplement incapable de réagir. Apeurée. Je prenais une profonde inspiration. Je regardais alors Aaron qui me disait que ce n’était rien. Tout allait bien. Non, ça n’allait pas bien. J’avais cette boule dans le ventre et surtout cette frayeur que je n’avais pas pu contrôler qui me hantait. Je ne savais pas vraiment pourquoi j’avais décidée de cacher un poêle sous le lit mais comme le dit Flynn Rider, c’est pratique cette chose et ça fait bien mal. J’avais sûrement trop regardée Raiponce. Un peu trop. J’avais l’attention d’Aaron et je devais avouer que cela me calmait un peu. Je tentais bien sûr d’ignorer les dégâts sur ses pieds mais bon, j’en oubliais presque que nous n’étions pas tout seul à la voix de cet intrus. Aaron et ce garçon discutaient en quelques sortes. Ce n’était qu’un accident et cela ne semblait pas réellement lui plaire. Je riais nerveusement en secouant doucement la tête. « Tout va bien oui ! », lâchais-je alors en posant une main sur mon front. Je ne savais pas vraiment comment faire. Ma main tremblait encore légèrement. J’inspirais doucement quand il disait être mon demi-frère. Hein ? J’arquais un sourcil car même dans mon imagination la plus dingue… je me demandais quand même ce qu’il fichait chez moi et comment il savait ou j’habitais. Je riais nerveusement mais c’était surtout une sorte de panique avant tout. Je prenais une profonde inspiration en regardant vers ce gamin. Il disait avoir dévalisé le frigo mais dans le fond, ce n’était pas ce qui m’interpellait le plus sauf peut-être pour mon lait maternel. J’espérais tout de même qu’il n’ait pas osé. Je faisais une moue en regardant Aaron s’éloigner à grand pas. « Me laisses pas seule avec lui ! », disais-je alors d’une voix désuète mais je devais être grande. Je devais affronter cet homme. Paniquée… je ne savais pas comment réagir. Je ne savais pas quoi dire. Je me sentais réellement stupide… mais dans le fond ? J’avais raison d’être effrayée. Oui, totalement. Arriver comme ça dans la chambre de mon fils et faire copain-copain dans le lit avec ce nourrisson ? Il ne fallait pas vraiment aller bien. Il ne fallait pas du tout aller bien. Je soupirais doucement, je le regardais. Le regard peureux, on ressentait l’animosité. L’ambiance n’était point facile, point agréable. J’étais effrayée, Aaron en colère et lui totalement cinglé… « C’est lui qui t’envoie ? », demandais-je alors que j’attrapais à nouveau cette poêle. Je regardais rapidement dans le berceau et Liam semblait s’être rendormi ou du moins… il avait l’air de somnoler ce qui me rassurait tout de même. « Il est sorti ? », je riais jaune. « Quel juge peut être assez stupide pour le croire ! », lâchais-je avec amertume tandis que je reculais. « Lèves-toi… », disais-je alors d’un ton presque autoritaire. « Je ne te connais pas, je ne connais même pas ton nom et je te jure… je m’en fous réellement de mon père ou même de sa fille et des enfants qu’il n’a jamais battu ou même… je m’en fous royalement de lui et en plus… non mais quel malade es-tu ? », demandais-je alors que ma frayeur parlait car je ne savais pas quoi m’attendre d’une progéniture en plus de mon père. Il fallait avouer que je pouvais aussi parfois avec une impulsivité peu commune mais là. Telle une lionne, je voulais juste protéger mon enfant et protéger Aaron car s’il le tuait ? Il serait sûrement le prochain en prison. « Tu dois vraiment être tordu pour entrer chez des inconnus car tu es un inconnu pour moi… », soufflais-je tout simplement. Je retournais alors dans ma chambre et je prenais mon portable sur la commode avant de revenir. « J’appelle les flics ! », soufflais-je alors que je le regardais tout en composant le numéro.

Tout partait en vrille, pas vraiment étonnant en fait… En même temps je les comprenais aussi, sûrement que j’aurais agis de la même manière si un mec était entré dans mon appart et se serait couché dans le lit de Jazz. En fait, j’aurais été le premier à lui refaire le portrait. Et cela sans batte de baseball ou de poêle. Assis sur le sol, j’avais dévoilé la vérité. Une vérité très peu facile à admettre. Mais j’avais tout de même l’impression d’avoir parlé dans le vide, ce que j’avais dit n’était simplement rien à leur oreille. Oui, c’était un accident. Oui, j’avais des soucis en dormant. Oui, j’étais moins apte à penser une fois complètement saoul. Mais ça semblait peu leur importer. Je devais bien le comprendre, mais ça me faisait quand même un peu serrer les dents. Je restais silencieux, à quoi bon de rajouter quelque chose. Je pouvais aussi bien dire que j’étais le marchand de sable, on ne m’écouterait pas d’avantage. Je relevais finalement mon regard vers ma demi-sœur lorsqu’elle daigna enfin s’adresser à moi. Lui ? Elle devait parler de notre père, je fronçais les sourcils. Je la laissais parler, me levant lorsqu’elle me le demandait. Je la regardais, alors qu’elle composait le 991 sur son téléphone. « Appelez-les. Je serai ressorti dans une heure. », disais-je les bras croiser. Je ne faisais jamais de grabuge, mais ce n’était pas la première fois qu’on m’envoyait au poste pour ce genre d’histoire. À un point tel, qu’on ne me mettait même pas derrière les barreaux, on me ramènerait chez ma tante. « Ce n’est pas lui qui m’envoie. Comment pourrait-il m’envoyer alors que je ne parle même pas avec. » Je poussais un soupire, me passant une main dans mes cheveux sombre. « Je suis sérieux quand je dis que je suis venu et que je le voulais pas vraiment… Vous avez jamais été saoule à un point que vous ne réfléchissez pas ? » Je relevais mon regard vers elle. « Ça va faire un moment que je suis dans cette ville, si vraiment j’avais voulu vous voir, je l’aurais fait plus tôt et par d’autre moyen. » Je prenais une pause, autant dire que je ne sentais plus l’effet de l’alcool ou des autres substances que j’avais pu prendre. « J’ai simplement rencontré quelqu’un qui m’a refilé votre adresse. Je suis venu une fois pour voir à quoi vous ressembliez et ça me suffisait. » Je préférais omettre le détail, que c’était ma curiosité envers elle qui m’avait avant tout poussé à proposer à ma tante de suivre mon père en Californie. « Il faut croire, que mon party était proche de chez vous… et en voyant votre maison, j’ai une pousser de confiance. Chose qui s’avère être une erreur. » Je m’approchais d’elle, lui tendant ma main. « Je m’appelle Jonas, maintenant vous savez mon nom. Et peu importe ce que vous pensez de moi, je suis ravie de voir que ma demi-sœur va bien, qu’elle a une famille, mais je crois que je ferais mieux de partir. » Je lui souriais de ce sourire que j’arborais facilement. J’avais aussi la chance d’être toujours habillé sinon je ne voulais pas savoir ce qu’ils m’auraient fait subir. Je sortais mon portefeuille et déposais sur la table de chevet quelques liasses. « Pour la nourriture que j’ai mangé. » Je la regardais une dernière fois et quittait la chambre, repassant par celle de l’enfant ne sachant pas où me diriger pour trouver la sortie. « Ah oui. Il n’est pas sorti, mais ça ne devrait pas tarder selon ma sœur. Personnellement, je m’en fou, je préfère me tenir loin de lui. » Je n’étais pas encore prêt à apprendre à connaître cet homme qui m’avait laissé seul…

Aaron aurait peut-être du avoir quelques scrupules de laisser Olivia face à cet inconnu qui clamait être son demi-frère. Ils n’avaient aucune preuve pour vérifier ses dires et cela semblait franchement tiré par les cheveux. Olivia s’exclama d’ailleurs lorsqu’il tourna les talons et Aaron ne pu que se retourner un instant. « Je reviens vite » lui promit-il. Olivia avait l’air complètement chamboulée, mais Aaron l’a savait en toute sécurité. Cet individu ne représentait aucune menace. Ce n’était qu’un gamin, les membres encore alourdis par l’alcool et l’esprit embué par sa dure nuit. Il n’allait pas attaquer Olivia ou Liam. Aaron avait confiance en sa compagne et la savait capable de finir l’homme à la poêle s’il venait à représenter une quelconque menace. Tournant le dos aux deux jeunes gens, Aaron pris la direction de la salle de bain. Il n’avait que son caleçon à enlever avant d’entrer dans la douche. Avec une précision militaire, il était ressortit 5 minutes plus tard, enfin débarrassé de l’odeur âcre et de la texture désagréable sur sa peau. Après un petit détour par la chambre pour enfiler un jogging et un t-shirt à la va-vite, Aaron repris le chemin jusqu’à la chambre de Liam, espérant retrouver tout ce petit monde comme il les avait laissé. Olivia était en pleine tirade quand il approcha de la porte et Aaron s’attarda un instant derrière les murs, captant ses derniers mots. Aaron avait beau être au courant du sombre passé d’Olivia, il ne se voyait pas trop interrompre son discours. Elle en avait lourd sur le cœur et il valait mieux la laisser se défouler. Le jeune homme devait avoir réussis à la convaincre d’être en effet son demi-frère sinon Aaron doutait qu’Olivia aurait abordé un sujet aussi personnel. Aaron s’étonna de la vague de fierté qu’il ressenti en entendant Olivia défendre ses principes de la sorte. Il ne pouvait qu’approuver. Olivia n’avait en effet pas besoin de l’influence de son part, de quelque forme que ce soit. Elle souhaitait tirer un trait sur ce côté de la famille et elle ne méritait pas moins. Aaron était bien content de savoir que son ordure de père pourrissait en ce moment même en prison.  S’il venait à sortir, il n’avait pas intérêt à faire un pas dans la direction de sa famille. Aaron décida de refaire son entrée lorsqu’Olivia menace d’appeler la police. Il passa l’encadrement de la porte pour la voir avec le téléphone en main. Aaron s’approcha de Liam et le hissa dans ses bras. Le bébé n’avait évidemment pas pu tranquillement se rendormir avec tout le boucan qui se passait autour de lui, et il commençait à ne pas apprécié d’être ignoré. L’intrus ne semblait guère menacé, et malgré lui Aaron ne pouvait que le rejoindre. Il ne voyait pas l’intérêt d’appeler les flics, réveillant tout le quartier par la même occasion s’ils venaient à mettre la sirène pour cette idiotie. Aaron resta en retrait, laissant ce fameux demi-frère raconter sa vision des choses. Même si Aaron n’appréciait pas du tout la manière dont il avait débarqué, son explication avait un certains sens et il semblait réellement s’en vouloir. D’autant plus, il était apparemment de la famille d’Olivia, ce qui changeait un peu la donne. Un peu. Jonas était donc son nom et celui-ci une enfin une excellente idée. « Ce serait mieux oui » railla-t-il de son coin de la pièce. D’un autre côté, était-ce bien civil de lâcher le jeune homme dans la nature au beau milieu de la nuit ? Sans oublier qu’il semblait avoir égaré ses vêtements en chemin ! Mais Aaron se sentait mal à l’aise à l’idée qu’il passe la nuit ici. Malgré toutes ces belles déclarations, il restait plus ou moins un complet inconnu. Dans un geste ô combien généreux, Jonas laissa quelques billets, ce qui semblait ridicule avec un peu de recul. Puis il fit mine de partir, non sans offrir une dernière information de taille. Aaron alla repêcher les billets. « Garde ton argent» lui dit-il en les pressant dans la main du jeune homme. Aaron n’aimait pas prendre de l’argent des autres, mais si ça se voulait plus ou moins justifié. Ce n’était que de la bouffe après tout.  « Et laisses moi aller te chercher des fringues avant que tu ne t’embarrasses d’avantage » continua-t-il, prêt à aller lui chercher des vêtements à lui. Mais avant, Aaron jeta un coup d’œil à Olivia, inquiet de savoir comment elle allait apprendre la nouvelle de la sortie prochaine de son père. « Tu es sûr ? » demanda-t-il à voix basse à Jonas. Ce n’était pas une bonne nouvelle. Pas du tout.  

Non, non, non. Je n’arrivais clairement pas à penser. Je n’arrivais pas à être rationnelle comme déconnectée du monde. J’étais clairement dans un univers ou je ne savais surtout pas quoi faire. Seule, seule. Alone alors qu’Aaron était sous la douche. J’avais peur que mon monde s’écroule car je ne me sentais pas assez forte seule. J’avais besoin de cette force car donner un coup de poêle n’était pas être forte mais faible. Je me sentais descendue au niveau des personnes violentes. Je me sentais surtout effrayé. Qu’est-ce qu’il faisait là ? Pourquoi ? Pourquoi venir chez moi au milieu de la nuit ? Je partais juste de la simple idée d’appeler les flics. Cela me semblait raisonnable mais pas réfléchi. Je voulais juste me sentir plus en sécurité alors qu’il aurait été derrière les barreaux. Je prenais une profonde inspiration. Je ne savais clairement pas quoi faire et je l’écoutais. Il ne parlait pas avec ? Ça me faisait une belle jambe. Cela ne me faisait en fait… ni chaud, ni froid. Il avait bien raison pourtant je ne le voyais toujours que comme un inconnu. Je n’arrivais pas à être proche de sa famille ou de lui. Il m’effrayait. J’avais juste envie de me protéger, de protéger ma famille. J’haussais les épaules quand il me demandait si je n’avais jamais été saoule à ce point. J’arquais un sourcil. Il ne voulait pas me voir ? Ce n’était pas rassurant. Je le laissais terminer sans réagir. Aaron revenait et prenait même le bébé dans ses bras. C’était attendrissant sauf que j’étais bien trop paniquée pour m’en rendre compte. Tellement trop paniquée. J’étais trop effrayée. J’en avais les poils qui se levait et des frissons de la tête au pied. Je pouvais sentir une boule dans mon ventre qui grossissait toujours. Oui, elle grossissait et elle me frappait l’estomac pour me rappeler que j’allais finir par fondre en larme. J’écoutais son discours et cela ne m’aidait pas. Non pas du tout. Je laissais Aaron prendre la parole, taciturne que j’étais alors que je restais bouche bée. Je le voyais même dire qu’il allait parti et déposer de l’argent. De l’argent ? « Je ne veux pas de l’argent d’un… Sanchez ! », soufflais-je alors avec une jolie animosité froide dans le regard. Aaron s’occupait de rendre l’argent et je penchais la tête. Je continuais de regarder ce jeune homme, je le surveillais et… je remarquais surtout qu’il avait l’air péquenaud à ne pas savoir comment sortir ? J’arquais un sourcil en inspirant doucement. Je passais une main sur mon front. Visiblement ? J’étais désespérée tout simplement. Oui, voilà. J’étais désespérée de cet homme mais c’est là que je ne montrais pas de surprises quand il disait qu’il allait sortir. Non, je le savais. Je regardais Aaron qui lui demandait s’il était sûr et je prenais une profonde inspiration. Je savais que je n’avais rien dis. Cela devenait un peu une habitude mais je ne me sentais pas bien avec l’idée d’effrayer tout le monde ou même de lui laisser à lui… mon père trop d’importance dans ma vie. Je n’en parlais jamais et surement pour me sentir plus en sécurité ou l’éloigner. Tirer un trait. « Oui, il est sûr ! », disais-je alors tout simplement mais regardant Aaron attentivement, je n’étais pas surprise mais bien effrayée. Je n’avais pas cette poêle sous mon matelas pour rien même si la frayeur n’avait pas aidée l’intelligence. Accuser mes mèches blondes serait sûrement une bonne idée ? Ou pas vraiment. « Il m’envoie des lettres depuis 9 mois… un peu après que je me sois rendue compte être enceinte… ça a commencé petit à petit… et quelques mois après j’en recevais toutes les semaines… Je ne voulais rien dire pour ne pas t’inquiéter… surtout que la grossesse n’arrangeait rien. Je paniquais… et j’ai été le voir, deux fois… je lui ai dit de ne plus me contacter, je lui ai dit tout simplement de m’oublier… mais il voulait apprendre à me connaitre et se faire pardonner mais… je refusais… », je soupirais doucement. « Puis j’ai crue qu’il allait arrêter mais les lettres ont reprises depuis quelques semaines… et il disait sortir bientôt… j’ai paniquée… et j’ai caché une poêle sous mon lit… je sais, c’est nul comme défense et j’aurais dû te le dire… mais je ne voulais pas… je ne voulais vraiment pas le laisser avoir une emprise sur moi ! », expliquais-je alors que je sentais simplement le besoin de clarifier ça. Je sentais réellement le besoin qu’il devait le savoir. Il devait le savoir. C’était normal. Il était impliqué même sans l’être. Je soupirais, détournant le regard en m’approchant alors de ce garçon. Je plantais mon regard dans le sien et je le défiais juste du regard. « Si vous ne vouliez pas me voir ou même que vous avez mon adresse… pourquoi dans ma maison party proche ou non ? », demandais-je alors à celui-ci. « Vous trouvez peut-être ça normal de faire ça en ayant trop bu mais pas moi. Dites-moi coincée ou trop raisonnable si vous voulez… », soufflais-je aussitôt en le regardant. Je ne savais pas ce qu’il faisait là. Je ne comprenais pas sa logique d’aller bourré ou non chez des inconnus et se mettre à pavaner ses fesses ainsi puis dans le lit de mon fils surtout. Cela avait tellement… un côté étrange et tordu. Pas sains, comme lui, comme papa. Je soupirais doucement en sentant mon cœur se retourner. Je ne savais juste pas quoi dire. Je m’adossais alors contre les barreaux du lit de Liam et je baissais le regard. Je baissais les armes comme je pouvais clairement respirer. « Pourquoi venir dans ma vie tout comme lui ? Pourquoi être là et cacher ce que j’ai construit ? Pourquoi même… me regarder de loin comme un fou ? Est-ce de famille… cet esprit de perversion bien étrange ? Cela en est… c’est troublant… je ne veux rien avoir avec lui… de près ou de loin ! », lâchais-je tout simplement.

Cette situation devenait de plus en plus lourde, de pauvre abrutit, je me sentais désolé avant de me sentir agacé. Je comprenais, mais j’avais mes limites. Jamais je ne l’avais jugée, elle avait fait ses choix et moi les miens et pourtant, elle me comparait à lui. Je ne disais rien, expliquant finalement quelques points, mais je n’avais pas non plus envie de déballer ma vie. Bien que je dise qu’elle était ma demi-sœur, ce qui était vrai, elle était autant une inconnue que je l’étais à ses yeux. Je me décidais donc à partir, déposant le peu d’argent que je cachais dans mon boxer. Bin quoi c’était tellement naturel ce genre de chose, que j’avais pris l’habitude de cacher de l’argent pour me payer un taxi ou passer un coup de fil dans une cabine téléphonique. Ce geste que je voulais simplement poli pour avoir dévalisé leur frigo, me revient en plein visage. J’allais rouspéter lorsque son mec me mettait l’argent en main, mais aux paroles d’Olivia, je décidais de fermer ma gueule. Valait mieux. « Ça va, j’ai l’habitude… » Pour avoir l’habitude, je l’avais. Je ne calculais plus le nombre de fois que j’étais entré chez des gens en dormant et me retrouvant ainsi vêtu d’un boxer ou non. Puis, je lâchais la bombe sur notre père. J’hochais la tête à la question de l’homme, appuyé finalement par les paroles d’Olivia. Je détournais le regard à ses propos, ce n’était pas mes oignons. Reportant finalement mon regard sur elle, alors qu’elle s’approchait de moi. Je ne brochais pas, la laissant me cracher ses mots à mon visage. Passif. Joyeux. Entregent. Je sentais ces qualités s’envoler au fur et à mesure qu’elle me parlait. « Vous êtes qui pour me juger ? », explosais-je sans vraiment le vouloir. « Vous me collez cette étiquette comme quoi que je suis comme lui ! J’ai jamais choisi d’être dans cette famille, de perdre ma mère, de ne jamais voir mon père parce qu’il pensait plus à vous qu’à ma sœur ou moi. Vous avez connu cet homme plus que je ne l’ai connu. Vous, vous aviez votre mère pour vous soutenir. Moi, j’avais ma grand-mère qui m’a aussi abandonné. Alors, vos propos sur moi, gardez les pour vous. Je ne suis pas comme lui, et je ne le serai jamais. Vous pouvez me cracher au visage si vous vous sentez mieux, mais ça ne changera pas ce que vous ressentez envers lui. JE NE SUIS PAS MON PÈRE ! » Mon visage était déformé par la rage. J’avais haussé la voix, réalisant mon geste et mes propos je baissais mon regard sur le sol. Je tentais de garder la tête froide et de ralentir ma respiration. Tout ce que j’avais envie c’était de partir, partir loin d’elle. Je me tournais vers son compagnon. « Je peux emprunter votre téléphone, s’il-vous-plaît. » J’attendais qu’il me passe pour composer le numéro de Jazz. Je n’avais pas envie d’appeler Pétala ou ma tante, simplement pour ne pas créer plus de conflit. Et puis, Noah devrait demander à sa tante sa voiture, je pouvais simplement demander à ma coloc. Ce qui ne m’enchantait pas plus que cela. Elle me ramènerait cela jusqu’à ma mort. Je savais que l’alcool y était pour quelque chose, une sorte de forme de courage. Après tout, je n’avais jamais vraiment voulu la voir, justement pour éviter ce genre de chose. Certes, j’étais curieux, mais je savais aussi garder ma place. « Hé, désolé de te réveiller… Tu peux venir me chercher au 1 greenwood avenue… Ouais ça m’est encore arrivé… C’est ça marre-toi ! … Je sais pas il est où mon portable, viens juste me chercher… Ouais, t’as juste à prendre mes clés… Dans ma chambre surement… Merci. » Je raccrochais, tendant le combiné à l’homme. « Merci. Vous pouvez me montrer la sortie, une amie va passer me prendre. » Je regardais une dernière fois cette femme, avant de détourner le regard, suivant son compagnon jusqu’à la sortie. J’ouvrais la porte, me tournant vers celui-ci. « Encore désolé, j’aurais préféré que ça se passe autrement. Autant pour elle que pour moi. En tout cas, prenez soin d’elle. Même si je la connais pas. Même si je suis un inconnu pour elle. Même si j’ai perdu mon sang froid. Elle mérite plus que ce que cet homme pourrait lui offrir. » Puis, je sortais dehors, passant ma main sur mon visage, je soupirais. Cette soirée, je voulais l’oublier tout simplement. Je regardais le croissant de lune, m’assoyant sur les marches de l’escalier. « Bravo le génie ! », disais-je finalement en cachant mon visage de mes mains. Une brise caressait mon échine et je frémissais sous la fraîcheur de l’air. « Jazz dépêche… », disais-je comme un souhait.