Il était vrai que je me prenais pour un ermite en ce moment. Je restais à l’intérieur ou alors je m’occupais de nourrir les bouches affamées d’un donneur de moelle osseuse. Cet homme qui était un peu comme mon sauveur. Il était un peu comme mon Iron Man en plus sexy. Je ne pouvais pas dire le contraire. Je craignais un peu sur ce coup. Je ne voulais vraiment pas voir le monde extérieur et surtout de ma condition peu poilu. Cela commençait doucement à pousser. Je le sentais et c’était une bonne chose. Il fallait avouer que ma chimio était en fin décembre et début janvier du coup… cela faisait un petit moment. Je m’étais un peu occupée toute de même. J’avais besoin de m’occuper. Je ne faisais pas cette soirée uniquement pour m’occuper mais surtout pour fêter un truc. Ce n’était pas vraiment difficile de faire la fête en ce moment. Je voulais faire la fête. J’avais donc lancée les invitations à tous les membres de la famille. Oui, voilà. J’étais chez Granny après tout et tout le monde savait ou c’était. C’était comme la case départ. C’était l’anniversaire de Fletcher. Il y avait une chose dans laquelle j’étais douée… organiser les fêtes que cela soit des anniversaires ou même noël. J’adorais noël et j’en abusais réellement. Je pouvais devenir une vraie furie en décembre mais là, c’était tout autant différent. J’avais préparé un gâteau et même le diner. C’était simplement un buffet avec des bonnes choses à manger. Buffet froid bien entendu. Je ne pouvais pas réellement m’épuiser de trop pour le moment à faire un bon repas pour trop de personnes. J’aurais repris le boulot si c’était pour ça. Je m’étais donc concentrée sur une quantité de petits plats et un gâteau. Rien de bien compliqué. J’avais posée quelques guirlandes et j’en passe. Bien sûr pour lui, c’était la surprise car je lui avais fait croire que nous fêtions ma guérison ce qui était aussi un peu le cas mais en vrai… je n’arrivais pas à me sentir tellement à l’aise avec cette idée. Je n’arrivais tout simplement pas du tout à me sentir à l’aise. Je ne me sentais pas réellement guérie pour tout vous dire. Je me sentais encore faible par moment. C’était sûrement normal mais je ne voulais pas en parler. L’ermite en moi n’avait pas quittée les cuisines de la journée en refusant presque de laisser entrer les curieux que je faisais déguerpir avec un coup de pied au popotin. C’est avec un chapeau en carton sur la tête sous un bandeau qui couvrait son haut que je montais dans ma chambre pour quitter mon pantalon de pyjama tout doux et douiller et mon débardeur. J’enfilais rapidement une robe corolle pour me sentir un peu plus à l’aise. Je retirais rapidement le chapeau et le bandeau pour mettre cette perruque blonde bien taillée que j’avais depuis quelques semaines. Je la plaçais correctement et j’effaçais cette farine sur mon front pour finir par me maquiller rapidement. Mon maquillage était assez léger hormis le rouge à lèvre qui était assez pigmenté de la marque chanel. J’adorais ce tube surtout par ce qu’il était assez hydratant pour mes lèvres et qu’il n’y avait pas de parfum qui avait tendance à agresser la peau. Un petit blush rose bonbon et j’étais prête. En ce moment, ma vie était un peu monotone. Je me levais et j’arpentais la maison ou le jardin en attendant d’être prête à reprendre ma vie ou de me sentir prête à le reprendre. Je lisais des romans avec un petit thé ou un jus de fruit. Je regardais le printemps arriver en ignorant la giboulée de mars par moment. Peut-être serais-je prête à voir le monde extérieur avant l’heure d’été ? Je n’en savais rien. Je descendais alors les escaliers, prête dans des jolies ballerines. J’évitais les talons tout de même car j’étais effrayée d’en avoir des vertiges ce qui était le cas un peu avant d’aller à l’hôpital. J’avais peur de me souvenir de la sensation. Une fois de nouveau au rez-de-chaussée, je me rendais à nouveau dans la cuisine et j’attrapais une banane et un économe. J’avais besoin de grignoter un petit fruit. C’est à ce moment-là que je sursautais doucement en laissant l’économe trop proche de mon doigt. Du sang, du sang. Je faisais une moue sous cette douleur et je grimaçais. « Saperlipopette ! », disais-je tandis que ce n’était pas toujours une bonne idée de risquer des microbes alors que mes défenses immunitaires étaient encore faibles. Je filais aussitôt sous l’eau du robinet en parlant un peu plus fort pour que l’on m’entende. « Si quelqu’un m’entend, je pourrais avoir de l’aide… », Demandais-je alors. Il y avait du monde en route ou déjà présent, je ne doutais pas que l’on pourrait venir au secours de la pauvre Ariel. Je me sentais mal à cette idée mais bon. « Du désinfectant et un pansement ne seraient pas de refus ! », soufflais-je aussitôt. Je retirais mon doigt de sous l’eau pour regarder la plaie qui se remettait doucement à saigner.

Mario Bros réussissait-il aussi à se couper ? Il devait mettre sa petite salopette d’ouvrier et arriver à tout faire. Parfois je désirais tellement devenir une sorte de personne de jeu vidéo et arriver à tout faire sans me blesser enfin quand je me blesserais ça serait de suite Game over. Pas de chimio, pas de souffrance et pas de sensation de faiblesses. Je pourrais juste prendre une manette et finie d’avoir mal aux cacahuètes. Enfin je parle des cacahuètes de Mario bien sûr car je ne suis pas un homme. Et puis d’abord je ne me transforme pas en granny. Mon juron dit, je sentais le sang sortir doucement. Ce n’était que superficiel et d’un geste presque sans réfléchir, automatique… je mettais la main sous l’eau surtout par ce que j’aurais fait ça à n’importe quel moment. Cela me semblait un bon réflexe mais je n’étais plus à n’importe « quel moment » ! Ce n’était plus n’importe quel moment. Pauvre Bradley et dire qu’une blessure au doigt pouvait tout gâcher. Enfin pas vraiment mais j’étais plus attirée par les microbes en tout genre. Cela serait nul de choper un sida après ça. Non mais quand même pas. Et si c’était possible ? Je sentais la panique monter à cette idée quand elle me disait de retirer mon doigt. Je le retirais aussitôt mais je voyais le sang reprend le chemin inverse donc il n’allait pas dans mes veines mais il allait dehors. Il ne connait rien à la circulation de la route ? Ou du sang. Autant dire qu’il allait tout droit dans le fossé. Il fallait que mon sang et moi ayons une conversation. « Non mais sors pas ! », disais-je alors que ma sœur revenait dans la pièce en arrivant telle une furie pour panser ma blessure. Je me sentais à nouveau comme un môme à qui on change la culotte mais je me sentais tout autant rassurée. Oh oui, rassurée. Je me sentais rassurée et pourtant à moitié. J’inspirais doucement en fronçant les sourcils. « Je n’ai plus le choix, je crois… je suis amputée de Warrior justement, c’est mon petit doigt magique qui m’aide à couper les légumes plus vite ! », disais-je en regardant alors mon petit doigt pansé et Sophia. « Merci ! », lui soufflais-je en fronçant les sourcils. « D’ailleurs j’en vois un qui tourne pas en rond mais qui espionne. », disais-je alors que j’avais entraperçu Nate du coin de l’œil. « Je crois que j’ai trouvé mon futur apprenti… », murmurais-je comme un secret mais pas assez fort pour qu’il l’entende. « Nate ? », disais-je en me tournant vers lui. « Tatie Sophia et Tatie Ariel ont besoins de tes petits doigts ! », lâchais-je en me tournant vers Sophia. « Je peux les couper et les passer sous l’eau les siens ? », demandais-je à ma sœur avec un petit air sournois. Oh oui, sournois. Je voulais vraiment l’effrayer ? Je n’en savais rien mais dans mon esprit, c’était assez drôle. J’allais passer pour une folle. J’en oubliais même ma peur de choper des maladies à cause de mon doigt enfin non, je ne la citais pas pour ne pas que Nate l’entende. Il avait perdu sa maman, Sebastian… lui, non. Malheureusement pour lui. Je tapotais un peu sur le plan de travail en lui souriant. « Approches… », disais-je en fronçant les sourcils. « Et grimpes ici, ça sera plus simple ! », il était vrai que je me souvenais avoir été enfant dans cette même. A l’époque c’était des anciens meubles bien plus antique et maintenant cela ressemblait plus à une cuisine de chez ikea avec un ilot central et tout le tralala qu’on aime avoir dans ces années 2000 et des dizaines. Je souriais à Sophia en fronçant les sourcils. « Je vais me sentir vraiment ridicule mais… », disais-je en déglutissant un peu. Je me sentais tellement mal à l’aise de demander ça. C’était… je riais nerveusement avant de lâcher la bombe. « … Tu ne veux pas m’éplucher ma banane ? », je riais nerveusement à nouveau. Un vrai petit clown nerveux et stressé. Tant que je ne me mettais pas à tuer tout le monde comme celui de Ca. Je pourrais presque me donner en spectacle mais je n’étais même pas la reine de la fête. J’allais avoir du mal ainsi. Je me tournais vers Nate en souriant. « Il faut juste mettre la décoration sur la gâteau. Tu sais comment faire ? Tu mets d’abord la glace au chocolat comme quand tu tartines et ensuite je t’expliquerais. Il faut bien recouvrir ! », lui disais-je alors que tout était prêt. C’était un glaçage au chocolat un peu mousseux et léger.