La petite maison dans le jardin était enfin finie, ce qui me soulageait intérieurement. Au moins, celle-ci serait prête pour le jour du déménagement. Ce que je redoutais pour la maison principale. Je stationnais la voiture dans l’allée, le bruit du chantier c’était atténué comme il ne restait que les finissions au premier, mais quelque changement à l’étage. « Bonjour Monsieur MacCallister. », disait l’un des ouvriers lorsque je passais près de lui. Je le saluais d’un sourire et d’un hochement de tête. J’avais passé une nuit plutôt désagréable en vue des mouvements que Lullaby faisait en dormant. J’avais hâte que cet enfant vienne au monde, mais j’en avais encore pour un certain temps à attendre. Gravissant les marches, j’entrais dans la maison où il y avait déjà pas mal d’animation. Ce n’était pas indésirable, mais je sentais vite fait une migraine s’installer dans un recoin de ma tête. Rester là à écouter le bruit des marteaux ou des guns à clous ne m’intéressait pas vraiment. Je me frottais l’arcade sourcilière en regardant autour de moi. J’étais perdu, je devais rester, mais je sentais le poids de la fatigue et de l’agacement m’envahir. D’un as nonchalant, je faisais le tour de la maisonnée pour voir les travaux avancer de bon train. Ça me soulageait, même si je restais incertain quant à la finition qui était cédulé prochainement. M’arrêtant dans la chambre qui allait être celle de Nora, je regardais par la fenêtre. Celle-ci surplombait la cours arrière où se trouvait tout au fond la maison de Lenaëlle. Je me passais une main dans les cheveux, inclinant la tête sur le côté. Songeur, je pensais à cette tranquillité qu’il devait y régner. Même si ce n’était pas chez moi, d’une certaine façon, je me disais que j’y serais plus paisible. Je dévalais l’escalier en douceur même si mon pied manqua de passer à travers l’une des lattes. J’avais alors sentit mon cœur faire qu’un tour dans ma poitrine. Le craquement sous la pression de ma basket, m’avait fait réagir au quart de tour. « Euh… Je crois qu’il y a un souci avec cette marche… », disais-je timidement, mais surtout encore sous le choc de cette sensation. Je continuais à descendre les marches, cette fois plus délicatement. Intérieurement, je redoutais mon karma. J’étais simplement fait pour enchaîner bêtise sur bêtise et voilà tout. Soufflant un bon coup, je sortais de la maison passant dans un chemin de dalle en granite. Je tentais de faire bien attention pour ne pas marcher dans la terre noire qui servait à l’aménagement paysager. Arriver devant le porche, je poussais un soupire en remarquant quelques pétales de fleur qui étaient déjà tombé sur le sol. La durée de vie de ces végétaux ne tentait qu’à un fil. Tournant la poignée de cette porte aux lattes d’un blanc immaculé, j’entrais dans la maison. Un silence taciturne plongeait l’endroit dans une ambiance sereine. Je retirais mes souliers et faisait le tour du propriétaire. C’était harmonieux et coquet, ce qui allait bien avec l’image de la nounou. Arrivé dans le salon, je regardais les boîtes et quelques meubles qu’on avait fait déménager à l’avance. Ce n’était pas grand-chose une simple bibliothèque et quelques boîtes de livre. En fait, j’avais simplement aidé Jensen pour amener ceci dans le nouvel appartement de la blondinette. Je passais ma main sur ma nuque, ma migraine était toujours présente, mais ne rien faire me gênait aussi. Rester assis n’était pas dans mes habitudes. M’approchant, je me penchais pour regarder la bibliothèque démonter. IKEA. Ça ne serait pas trop dure à monter, il ne fallait pas un cerveau plus intelligent. C’était seulement un coup de marketing de la compagnie de faire des annonces plus complexe qu’il n’y paressait. Deux heures plus tard, je poussais un soupire lasse et épuiser. Je commençais sérieusement à abalourdir, mais j’aurais tout donné pour avoir en ma possession le livret de montage de cette chose ! Elle tenait droit, alors que je voyais un goujon sur le sol. Il y a toujours une pièce de trop, songeais-je en me penchant pour la prendre entre mes doigts. Soucieux, je laissais mon front se plisser en regardant ce petit bout de bois. C’était évident, j’avais manqué quelque chose. Capitulant, je démontais ce que j’avais mis autant de temps à assembler pour recommencer. Plus d’une heure après, je m’écroulais sur le sol. Étendu par terre, je regardais le plafond recherchant mon souffle. Dire que j’avais fait cela par courtoisie serait un mensonge, je ne l’avais pas fait pour cela. C’était simplement pour combler un vide indésirable. Me redressant, je prenais appui sur mes coudes tout en regardant avec une certaine admiration mon travail. Pour un second assemblage ce n’était pas si mal. Contrairement à d’autre, je n’étais l’homme manuel qui se couvre de sueur, non j’étais plutôt le type à se couper avec un pinceau… Pourtant, j’étais fière, même si je ne pouvais pas le crier sur tous les toits. Dommage. M’accordant un moment de pose, je me relevais en prenant appui sur la pile de carton. Devais-je l’ouvrir ? C’était en quelque sorte une violation de domicile ? Je retroussais subtilement le coin pour regarder à l’intérieur. Des livres. Logique. Ça allait de soi après tout, j’ouvrais quand même le carton ne pouvant m’empêcher de penser qu’une bibliothèque vide c’était triste. Ils n’avaient rien de grimoire, par chance manquerait plus que la nounou soit une sorcière ! C’était plutôt des romans ou des pièces adaptés en livre tel que Molière. Je trouvais même quelques arlequins, ah non ça ces livres prennent un h devant arlequin… Mais ça devait être d’autre type de roman à l’eau de rose. Comment je connais ça ? Walt-Mart, mes chers. Et puis, c’est aussi ça vivre avec des filles. Je disposais les livres dans sur les étagères, même si je n’avais pas la moindre idée de comment elle les disposait, je tentais de mettre le tout dans un ordre simple à comprendre. Ordre alphabétique. Je n’essayais même pas de les mettre en ordre de catégorie, c’était peine perdu. Je ne connaissais pas la plus part des œuvres. Déposant le dernier, Winnie l’ourson, sûrement un livre de lecture pour les filles, je regardais le tout. Un titre attira néanmoins mon regard. Glissant mon doigt sur celui-ci, je prenais le volume. « Fifty Shade of Grey. » J’avais beau le dire à voix haute, le titre me disait quelque chose, mais ça restait vague. Je tournais le roman pour lire son dos. « Romantic, liberating and totally addictive, this is a novel that will obsess you, possess you, stay with you forever. » J’haussais un sourcil, comme commentaire j’en connaissais des meilleurs même si je ne lisais pas autant que d’autres. Malgré cela, je restais curieux poursuivant donc la lecture commençant par le résumé. « When literature student Anastasia Steele interviews successful entrepreneur Christian Grey, she finds him very attractive and deeply intimidating. » Je continuais à lire ne sachant pas trop quoi penser de ce roman, j’avais beau lire le dos du livre, je ne savais toujours pas où j’avais entendu parler de celui-ci. « But Grey is tormented by inner demons, and consumed by the need to control. As they embark on a passionate love affair, Ana discovers more about her own desires, as well as the dark secrets Grey keeps hidden away from public view… » Je me passe la main sur la nuque, vieille manie. Feuilletant les premières pages, j’arrivais au chapitre un. « I scowl with frustration at myself in the mirror. Damn my hair — it just won’t behave, and damn Katherine Kavanagh for being ill and subjecting me to this ordeal. » Ça semblait banale, presque futile, mais je continuais de lire. J’arrivais au bout d’une dizaine de pages, presque à la fin du premier chapitre quand j’entendais mon portable sonner. Je sursautais. Sans m’en rendre compte j’avais réussi à me plonger dans la lecture de ce roman. Ce n’était pas de la grande littérature, mais ça se lisait facilement. Je prenais tout de même le temps de regarder l’afficheur de mon portable. En voyant le numéro de Lullaby, je décrochais sans trop la faire attendre. « Salut chérie. », disais-je tout en continuant la lecture, que j’avais entamé malgré moi. Je lui répondais par de petit son, tel que des « Mmh. », « Oui. » ou bien « Han han. ». J’avais beau lui répondre, je ne savais pas plus ce qu’elle me racontait. En fait, je n’écoutais que d’une oreille. « Je vais rentrer un peu plus tard ce soir. », avais-je finalement dit sans lever mon regard du bouquin. Je mentais, j’aurais pu rentrer immédiatement, mais je savais au fond de moi qu’elle ne devait pas tomber sur ce livre. Pourquoi ? Une simple intuition. Serrant mon portable dans ma poche arrière de mon jeans, je continuais ma lecture entamant le second chapitre. Tout ce donc j’étais certain c’était que cet interview allait amener des embrouilles à Anastasia. J’étais piqué par la curiosité d’en savoir plus. Buvant les mots sur les pages, je progressais à vitesse grand V. Finissant chaque chapitre sans me rendre compte que j’avais commencé le précédent. On pouvait réellement dire que Cupidon avait été mis sur la route de ces deux-là. J’arrive au chapitre onze. Abasourdit. Je lis le contrat et je sens ma mâchoire se disloqué tellement j’en reste sans voix. Même moi qui ne suis pas un Saint pourrait le paraitre en lisant cela. Les filles aiment vraiment ce genre de lecture ? Je ne comprenais pas, enfin je ne prenais pas le temps de lire entre les lignes pour réellement saisir le contenu du roman. Tout ce dont j’étais certain qui existait toute sorte de plaisir… Je me passais la main dans les cheveux. Je ne voyais pas le temps passer, même mon ventre qui criait légèrement famine me laissait indifférent. Je voulais tout simplement allez encore plus loin. Comment allait réagir Ana face à ce contrat. Le soleil laissait un feu ardent dans le ciel alors qu’il disait bonne nuit. Pouvait-il exister autant de passion entre un homme ou une femme ? C’était à ce demandé. J’aime Lullaby, et pourtant, je ne serais pas capable de pousser la chose aussi loin. Il y avait tant de manière de voir le plaisir ou de le connaître. Et je ne pense pas simplement aux gâteries matinales ou à petites fellations improvisées. Perdu dans ma réflexion tout comme dans les pages de cet écrit, je ne prenais pas conscience qu’une personne entrait dans la petite maison.

Pour héberger leur petite famille qui allait s’agrandir de nouveau sous peu, ou peut-être parce qu’ils en avaient assez de leur maison actuelle, les raisons leur appartenant, Aiden et Lullaby avaient choisi de prendre une nouvelle maison. Au départ, j’étais restée légèrement sur mes gardes par rapport à cette nouvelle, non pas parce que je n’étais pas d’accord, mais plutôt parce que je m’étais demandée pendant un moment ce qui adviendrait de mon propre logement, considérant que mon loft se trouvait dans cette maison, si on pouvait le dire ainsi. Cependant, je n’avais pas stressé sur la question très longtemps; peu de temps après m’avoir annoncé ce déménagement, on m’avait appris que je suivrais la petite famille dans la nouvelle demeure, et que plus encore, plutôt que d’avoir un loft, j’aurais ma propre petite maison, un cottage situé dans le jardin de la maison. Trouvant cette idée tout simplement adorable, je n’avais pas su faire autrement que me montrer reconnaissante, et tout naturellement, offrir mon aide autant que possible en prévision de ce déménagement, me doutant que ce ne serait pas de trop, compte tenu que Lullaby était enceinte et que faire des cartons n’était pas nécessairement chose facile dans cette situation. Déjà, j’essayais de donner un coup de main dès que je me rendais dans leur maison pour m’occuper des enfants, mais aussi, et surtout, je m’assurais de faire en sorte que mon propre emménagement dans cette petite maison ne soit pas trop de travail pour les jeunes mariés; je m’occupais bien souvent de mes propres affaires, m’assurant que tout soit prêt au moment du déménagement et que le tout ne prendrait pas trop de place, puisque la dernière chose que je voulais, c’était encombrer tout le monde, considérant que je trouvais cela déjà aimable de leur part qu’ils aient prévu de me laisser mon petit chez-moi. De ce fait, dès que je le pouvais, j’allais déposer quelques cartons dans le cottage, qui était maintenant presque prêt à accueillir une personne. Il manquait plus que la maison soit totalement prête pour que le déménagement soit officiel.

Toutefois, aujourd’hui, je n’avais pas fait des cartons ou quoi que ce soit du genre. Considérant qu’il me restait seulement les affaires sont j’avais encore besoin dans mon loft pour le moment, j’avais plutôt décidé de profiter de cette journée de congé qui m’était offerte pour aller faire les boutiques pour fournir un peu plus le cottage en précision de mon emménagement prochain. En effet, le cottage était un peu plus grand que le loft, sans parler du fait que lorsque j’étais arrivée dans cette demeure, j’avais pris des meubles rapidement, puisque je ne savais pas vraiment ce qui allait advenir de mon avenir, de ma stabilité dans mon métier et tout ce qui venait avec. Cependant, j’avais beaucoup plus confiance en l’avenir, et maintenant, je sentais que je pouvais aménager cette demeure comme je le souhaitais et réellement me sentir chez moi. Je ne disais pas que je me sentais inconfortable dans la maison actuelle, c’était le contraire, mais cette fois-ci, j’avais réellement le sentiment que ce serait ma petite maison, et de ce fait, je voulais prendre le temps de me donner un nouveau départ, définitivement, et faire de ce cottage un endroit qui me ressemblerait en tous points. Bien sûr, je garderais quelques meubles, mais en même temps, je voulais en ajouter, et surtout je voulais décorer comme je le souhaitais, sans ressentir quelconque gêne, cette fois-ci. Voilà pourquoi je pris une partie de la journée pour arpenter les boutiques spécialisées en maison. Quelques fois, je ne fis qu’entrer, considérer l’endroit, puis ressortir avec des idées, mais sans achats quelconque, et parfois, je finissais par craquer pour un article ou un autre. Parfois, c’était sans hésitation, et d’autres fois, il me fallait réfléchir, compte tenu que pour certains coins de la demeure, j’avais mon idée, et pour d’autres, ce n’était pas encore tout à fait cela. Et ça, c’était sans parler du fait que je devais me baser sur ce que j’avais déjà, l’espace disponible, et tout ce qui venait avec. Au final, décorer était un véritable casse-tête, et à chaque fois, je me disais que j’avais bien fait de ne pas devenir décoratrice d’intérieur.

Malgré les difficultés, j’avais fini par trouver quelques éléments qui faisaient mon bonheur; un tapis ainsi qu’une table basse pour le salon, une nouvelle lampe pour ma chambre, les accessoires nécessaires pour la salle de bains, soit un verre, un gobelet pour y mettre une brosse à dents, un porte-savon et d’autres articles de la sorte, et finalement, quelques éléments de la décoration pour la cuisine qui serait jumelé à la salle à manger. Ce n’était pas nécessairement volumineux, mais malgré tout, je jugeai préférable de ne pas apporter cela au loft. De toute façon, le déménagement serait pour bientôt, alors ces éléments n’allaient pas moisir trop longtemps dans la demeure, ou du moins, je ne le pensais pas. De toute façon, si jamais ça venait à être trop long, je n’irais qu’à aller les chercher, ce ne serait pas un gros problème. Et puis, je n’allais pas le cacher, cela me donnait une excuse pour aller revoir cette petite maisonnette qui serait la mienne, ce qui avait toujours pour effet de croître mon impatience à l’idée d’y habiter. De ce fait, dès que je quittai la dernière boutique que j’avais faite après avoir mis mes derniers achats à l’arrière de la voiture, le coffre étant déjà un peu trop plein. Sitôt, je roulai en direction de la nouvelle maison, ne pouvant m’empêcher d’esquisser un sourire au moment où je la vis apparaître devant mes yeux, ravie de voir que les travaux semblaient avancer plutôt bien. Cependant, puisque je ne voulais pas me montrer impolie, même si pour le moment, je ne croyais pas que quiconque soit là, mise à part les ouvriers qui y travaillaient, je me rendis aussitôt avec les premiers sacs jusqu’à la petite maison. Transférant les sacs dans une seule main, je tournai la poignée, surprise de voir dans un premier temps qu’à ma grande surprise, la bibliothèque que j’avais fait déménager d’avance était maintenant montée, alors que si je me souvenais bien, la dernière fois que j’étais passée, celle-ci était toujours dans son carton avec son mode d’emploi pour la monter. Je ne paniquai pas pour autant, me contentant de sourire ne me doutant qu’Aiden avait dû prendre le temps de s’en occuper, considérant qu’il venait plus souvent que moi en ces lieux, ce qui était normal, puisqu’il en était le premier propriétaire. Me disant qu’il faudrait que je le remercie, je ne m’attendais pas à pouvoir le faire dès maintenant, et ça, ça me fit sursauter un coup. En effet, la demeure était plutôt silencieuse, alors je demeurai plutôt surprise de le voir installé là où se trouverait le salon, un livre entre les mains. Ne prêtant pas attention à son choix de lecture dans un premier temps, je dis, d’un ton que je voulais jovial : « Oh, salut Aiden ! En passant, merci pour la bibliothèque ! C’est toi qui l’a montée, n’est-ce pas ? » Ces quelques mots me laissèrent le temps de déposer mes premiers achats dans un coin, puis sans demander mon reste, je repartis, et j’allai chercher le reste, sauf la table basse. Puisque celle-ci était plutôt lourde, je préférai mentionner à Aiden, une fois que je revins dans la maisonnette : « Au fait, si ça ne te gêne pas, j’ai… », m’arrêtant lorsque pour la première fois, je portai attention à la couverture du livre qu’il avait choisi. Abasourdie, j’arquai les sourcils, puis mon regard se porta vers l’épaisseur des pages de chaque côté, me signifiant qu’il avait plutôt bien avancé dans le livre. Me retenant alors de rire doucement, je ne fis que dire, d’un ton que je ne pus m’empêcher d’être un peu espiègle : « Alors, il te plaît, ce livre ? », guettant sa réponse en m’efforçant de ne pas sourire pour l’instant.