S’appeler Zazou serait-il réellement un mal ? Je n’en savais rien mais étant donné que j’étais un homme qui avait tendance à réfléchir beaucoup, je me posais réellement la question. Enfin disons que c’était réellement une question existentielle. Autant existentielle que de dire qu’heureusement, il ne ressemblait pas au pauvre mais pauvre papa noël. Alors qu’il me demandait si c’était possible pour une femme d’avoir une barbe, je riais en le regardant tout autant et mangeant assez rapidement pour finir par lui montrer la photo, elle était belle disait-il alors que je m’occupais de mettre mon bol dans l’évier. J’étais toujours assez rapide pour manger surtout mes céréales car je n’aimais pas qu’ils gonflent et deviennent toute moue. C’était désagréable. « Oui, les filles peuvent avoir de la barbe. Pas toutes mais certaines ! », disais-je tout naturellement pour répondre à cette question qui certes était futile mais était une chose à savoir tout de même. Dans le fond, c’était possible et heureusement que ce n’était pas le souci de toutes les filles. Je souriais, proposant alors le film comme fin de soirée tandis que je prenais aussi son bol pour le mettre dans l’évier mais ressentant encore une fine faim que je ne voulais pas ressentir car c’était qu’un bol de céréales ne suffisait donc pas pour rassasier la faim du pauvre petit enfin grand homme que je suis. Je regardais rapidement la direction du frigo. Un sandwich ? Pourquoi pas ? Un melon d’eau ? Shit, j’adorais ça mais je n’en avais pas ici. J’inspirais doucement. Ou alors une crêpe ? Avec de la liqueur de café, une crème fouettée ? Hummmm, pourquoi pas mais je ne voulais pas préparer les crêpes et non. Flemmard du soir, bonsoir. Je lui montrais alors l’étagère avec les films tout en allant vers le frigo. Oui, encore. A en croire, j’adorais le frigo et j’y passais beaucoup de temps ce soir mais ce n’était pas toujours pareil. La nervosité me donnait faim. « Vas choisir, je vais encore me remplir le bide ! », disais-je en parlant donc de mon ventre et même si je n’aimais pas ce genre de mots pour lui, c’était plus fort que moi. Je regardais les divers aliments en pensant à elle, oui, encore. Elle était totalement dans mes pensées comme un chat trop souvent dans sa litière enfin un chat propre bien entendu. Bon, trêve de blabla, je regardais et j’attrapais le fromage à tartinée avec des morceaux de jambes. J’adorais cette sorte de fromage, il était délicieux. Je fermais le frigo pour ensuite aller vers la boite à pain, sortant le pain de mie en regardant si tout allait bien. Je le posais sur l’îlot en prenant aussitôt un couteau à tartine et c’est alors que j’entendis un glou glou, et des battements d’ailes. J’étais persuadé que c’était dans ma tête, commençant aussitôt à tartiner pour voir un pigeon voler sur l’îlot. D’un coup, et lâchant tout ce que j’avais une main. J’hurlais. Je n’aimais pas ça, j’en avais une sainte peur. Oh merde, quoi. Un pigeon. J’inspirais en déglutissant, finissant même par m’assoir sur le plan de travail en face de l’îlot. Me cognant la tête sur l’armoire haute par la même occasion mais rien de grave, juste un petit bobo de rien du tout. « Reed… », disais-je alors en regardant le pigeon sans le quitter des yeux. « Tu t’es fait un nouveau copain ? », demandais-je un peu paniqué et ça s’entendait dans ma voix.

Les hommes peuvent avoir tellement de peur mais tellement de fierté qu’ils ne veulent pas les montrer. Il faut bien garder les couilles là où elles sont censées aller non ? Je ne voulais pas toujours montrer mes peurs, me montrer faible et pourtant la peur des oiseaux était une chose que je ne pouvais pas changer. C’était depuis toujours et pourquoi ? Aucunes raisons. Les phobies n’ont pas toujours de raisons, elles sont dans notre peur, notre sang, notre tête et tout. C’est une chose que l’on ne peut pas changer, tout simplement. Les gens sont assez faits différemment. Certains on peut des souris, d’autres de ceci et de cela. Moi ? J’avais tout simplement peur des pigeons et des oiseaux aussi mais surtout des pigeons. Alors qu’un pigeon était rentré dans mon appartement, je ne pouvais pas faire autrement que rester effrayé, montant même sur le meuble tel un abruti. Perdant toutes les couilles que j’avais ou dit qu’elle rétrécissait tout d’un coup. Oui, elles devenaient toutes petites. En plus j’étais persuadé que cette bête allait venir déposer son crottin partout. C’était pire qu’un perroquet, oui. Un perroquet qui répète tout ce que je dis ne me dérangerait sans nul doute pas autant que cet oiseau de malheur qui venait fouiner. J’inspirais en regardant Reed me demander ce qu’il fait là mais comme si j’avais la réponse à cette question aussi. J’arquais un sourcil en le regardant attentivement. « Demandes-lui, il te répondra ! », lui disais-je aussitôt légèrement agacé par la situation et moi-même plus que par mon fils qui je savais… n’en pouvait rien mais je me sentais tellement con à l’heure actuel que je n’étais pas des plus vivable tandis que j’arquais un sourcil, paniquant toujours autant. Je le regardais faire mumuse avec l’oiseau. Il faisait des trucs farfelus. « Le touche pas, il va te becter ! », disais-je alors avec un rictus en arquant un sourcil. J’inspirais doucement, paniqué. Je ne savais pas quoi faire. Le sol était comme une mer remplir de requin. C’était forminable sérieusement enfin non, je suis forminable surtout. Comment lui, il est formidable ? Il réussissait. Je souriais doucement en le regardant me dire que je pouvais descendre et descendant en prenant une pose d’homme fort. « Même pas peur ! », disais-je avec fierté et remontant mon col tout naturellement avant d’aller à nouveau vers ma tartine pour continuer mon sandwich. Une moue d’enfant se dessinait. « Je suis sûr qu’il voulait te manger, le vilain pigeon ! », disais-je donc en parlant à la nourriture mais il y a encore de l’espoir, non ? Ce n’est pas comme si je parlais aux plantes ? Ou aux poteaux. Oui, aux poteaux et même aux barres des stripteases dans les clubs. Comme ça s’appelle encore ? Pole Dance ? Je n’en savais rien enfin je m’en foutais un peu. J’y mettais les pieds parfois à New York avec les potes du boulot mais je m’en balançais. Je relevais alors le regard vers Reed en finissant mon sandwich un peu à l’aveuglette. Mettant un peu les bons ingrédients. « Ne te moques pas ! », lui disais-je en lui tirant la langue comme un gamin car parfois quand on perd une dose de virilité, on retombe aussi un peu en enfance, non ? Je souriais doucement en regardant vers le salon. « Tu as trouvé ? », l’avantage d’avoir la cuisine ouverte au salon était que je pouvais voir la télévision d’ici donc du coup, magique. Je regardais le lampadaire, finissant mon encas et prenant celui-ci en approchant de l’engin, allumant aussitôt la lumière en inspirant doucement. « Il fait aussi noir que dans le… », je me retenais alors que je m’apprêtais à dire une chose pas bien à dire devant un enfant et pas vraiment cool à dire. Oh le vilain monsieur de 25 ans qui ferait mieux de laver sa bouche avec du produit de vaisselle, sisi. Je souriais doucement. « Tu n’as plus faim ? Opérationnel ? », demandais-je alors tout de même pour m’assurer qu’on était prêt et croquant alors dans mon sandwich.

Boudeur, oui, je faisais ma tartine en boudant car non mais quand même, un pigeon, ça ne fait rien ? Oui, je boudais car mon fils et bien il se moquait de moi et mince quoi, je méritais qu’on se moque de ma sœur et puis on allait voir quand une souris ou une araignée allait arriver qui se moquerait de lui. Je me mettais même à réagir comme un enfant, lui tirant même la langue et Reed, il riait non mais alors là ? Sale gosse mais non, je ne le pense pas en fait, il était même adorable mais il fallait avouer que ma peur des pigeons me rendait vraiment gamin par moment, oui, je vous jure. Je laissais alors Reed s’occuper du film, je ne faisais pas vraiment attention à ce qu’il faisait enfin disons que je m’occupais surtout de mon estomac tout en pensant au sien et c’est alors que j’entendis un bruit sourd, il venait de tomber. Je courrais aussitôt vers lui, le regardant alors que dire qu’il s’était fait mal. Il tenait encore le dvd, j’en riais. Il ne l’avait pas lâché. Tu m’étonnes, c’était encore un de ses supers héros qu’il prend comme modèle mais pendant ce temps, on chute quand on pense être super fort. Je fis une moue, un peu moqueur aussi. « Ohhhh… mais ça ne tue pas les bobos, c’est comme les pigeons ! », disais-je en souriant aussitôt alors que je regardais son genoux, attentivement, j’avais remarqué d’où venait la douleur en le regardant marcher en direction du canapé. Je prenais alors le dvd et souriant. « Rien de grave mais si demain tu as encore mal, on ira à l’hôpital ! », disais-je d’un ton grave alors que j’allais mettre le dvd dans le lecteur, retournant chercher la tartine que j’avais posé sur ma route et allant chercher deux plaids pour ensuite venir le couvrir et me couvrir aussitôt que je me mettais dans le canapé. Je laissais le film commencer grâce à la super télécommande qui m’avait permise de mettre play. Et hop. Je souriais doucement. « Foutu super héros ! », disais-je avec une moue, toujours complexé par ceux-ci mais je finissais rapidement à m’endormir et Reed aussi. Tout simplement par ce qu’on était fatigué et même s’il était encore tôt, c’était ainsi. Plus fort que nous. On dormait comme deux poules.