L’on peut chanter des dizaines de chansons pour s’aider à se sentir mieux. L’on peut tenter de sourire, marcher et vivre. L’on peut tenter tellement de choses mais dans le fond ? On ne peut pas faire grand-chose à part se lever tous les matins et sourire comme des automates. Je prétendais de ne pas me sentir seule à chaque fois. J’étais comme la lune qui pleurait le soleil de se cacher alors qu’elle éclaire des millions de personnes d’une douce lumière quand ils dorment. Les protégeant de certains rêves et surveillant qu’ils ne leur arrivent rien. Je savais que cette idée était étrange mais je me sentais effectivement comme la lune bien ronde, parfois demi. C’était comme ça. Ce soir, la lune brillait déjà tandis que j’étais au festival de la crème glacée. Le soleil commençait petit à petit à s’endormir. Un pot en carton avec une glace à la framboise dans la main, j’attendais simplement que Cordélia arrive pour me rejoindre. Nous étions de toute façon toutes les deux en retard. Moi en ayant couché Nora et Dylan pour leur nuit de sommeil tandis que la petite insistait pour des histoires en plus et un câlin aussi plus long puis mon troisième grand enfant aussi avait eu besoin d’affection. Bon d’accord, j’avais profité d’un instant calme sans enfant pour faire des galipettes avec mon mari et quoi ? C’est naturel pour nous. C’est presque redevenu à la normale enfin si on veut. J’étais pourtant très… fatiguée. J’avais du mal à me remettre de ma gueule de bois… d’il y a deux jours. J’avais été sauvée par Lenaelle ma meilleure amie qui était venue à mon secours. J’allais un peu mieux sans aller mieux en fait. Mes émotions et ma tristesse commençait paisiblement à sortir pour laisser la place à un léger deuil. Je sentais cette peur en moi de perdre encore une personne. Encore. Je ne pourrais plus supporter ça. Savoir Joan loin me rendait tout autant assez dingue car je venais à peine de retrouver ma maman qu’elle partait après que la seconde maman soit morte. J’avais mal. Mon cœur saignait autant qu’une orange sanguine. Punaise faut que j’arrête avec mes métaphores car cela ne va plus du tout mais alors plus du tout. J’en riais à cette pensée tandis que je mettais la cuillère glacée dans ma bouche. J’inspirais doucement en sortant le portable de ma poche pour regarder l’heure. J’ouvrais l’application des envois sms et j’écrivais. « Bah dis-donc, toi aussi ton mari te retient pour un dernier câlin ? », lui envoyais-je aussitôt. Je savais que son couple était différent du mien. Déjà avec Aiden, on était passionnel et charnel avant d’être des parents. On était en couple depuis plus de 8 ans et on connaissait l’autre encore mieux que soi-même mais mon mari n’avait jamais perdu la mémoire. Je n’avais jamais vécue ça et je savais qu’il était parfois étrange car je le voyais souvent bizarre au café. Je n’étais sûrement pas le seul à le voir agir comme un fantôme. Je n’en parlais juste pas. Je savais de toute façon qu’il avait peur de moi et j’adorais tellement en jouer. Faut pas croire, je suis gentille avec lui pourtant. Une fois le message envoyé, j’attendais la réponse en me laissant basculer de mes talons à mes orteils comme si j’étais une chaise à bascule. Non, je ne suis pas une chaise et encore moins à bascule mais je faisais ça parfois quand je devais patienter. Je finissais toujours ma glace en patientant tandis que je sentais mon bracelet se faire la malle… Non. Merde. Il tombait sur le sol en terre sèche dont la plupart de l’herbe disparaissait aux fréquents pas. Je me penchais aussitôt au sol après avoir posée ma glace sur une barrière de bois. Je tâtais comme une folle mais il ne faisait pas spécialement clair là où j’étais. Je me sentais bien idiote d’être restée à l’écart de la foule pour ne pas qu’elle me cherche dans la troupe des idiots. Quoique là, ce soit qui l’idiote donc la robe s’envole au vent pour la faire regarder après un bracelet offert par sa maman décédé dont elle refoule le deuil depuis décembre. Heureusement je portais un boxer pas un string ! Car mon popotin disait bonjour à deux hommes assez éméchés avec les glaces à l’alcool. Ils regardaient, un d’eux sifflait. Je grognais dans ma barbe en me maudissant et maudissant ses attaches qui parfois décident de ne plus attacher. Je les maudissais, oui. Je continuais à regarder. J’avais beau être idiote mais je m’en fichais. Une fois le bracelet trouvé, je me relevais victorieusement en mettant les bras en l’air. « Howaiiiii… », je relevais le regard vers les pervers. « Le spectacle est fini, messieurs. Vous devriez avoir honte d’un tel comportement, j’ai l’âge d’être votre fille ! », ajoutais-je en faisant mon regard de maman fâchée comme s’ils étaient des enfants.