Comme convenu, en début de soirée Mirana est venue rejoindre Rafael dans cette chambre d’hôtel dans laquelle, ils ont pris l’habitude de se rejoindre de temps en temps. Ce soir, Mirana n’avait pas son fils comme souvent ses derniers temps à cause du père de Calvin. Elle avait besoin d’un moment sans prise de tête, un moment qui l’a libére de tous ses soucis. Les moments qu’elle passe en compagnie de Rafael depuis quelques semaines à présente ne sont certes pas très causant. Enfin, ils ne se parlent que très peu mais, elle ne cherche pas à avoir plus que la « relation » qui entretienne. Dire que c’est une relation qu’ils ont tous les deux n’est pas vraiment le cas, ils ne font que coucher ensemble. Ce que Mirana apprécie c’est qu’ils n’ont pas besoin de discuter ensemble, ils ne font que se retrouver, coucher ensemble et repartir. Ils ne se connaissant pas réellement à vrai dire, ils savent juste le minimum à savoir sur l’un et l’autre. La base. Donc après avoir passé leur moment d’intimité dans cette chambre d’hôtel, Mirana part dans la salle de bain pour prendre une douche avant de se revêtir à nouveau, lorsqu’elle commence à se maquiller légèrement, celle-ci jette tout de même un coup d’œil dans la chambre pour voir ce qu’est en train de faire Rafael. Une fois qu’elle est prête, celle-ci revient dans la chambre : « Je suis prête donc on peut s’en aller si tu veux. » Dit-elle d’un ton neutre. Après avoir laissé son amant faire ce qu’il voulait, les deux personnes quittèrent la chambre pour rejoindre l’ascenseur de l’hôtel. Mirana remit bien son chemisier dans le dos car celui-ci avait tendance à remonter pour un rien. Le silence était de mise entre Mirana et Rafael, ils n’ont pas vraiment pour habitude de discuter ensemble. Lorsque l’ascenseur arrive enfin, un groupe de jeunes vient à sortir de celui-ci, pour se diriger vers une chambre. Mirana les regarde un petit moment puis elle finit par entrée dans l’ascenseur à son tour. Elle appuie sur le bouton pour rejoindre le rez-de-chaussée. Mais après avoir descendu quelques étages, l’ascenseur vient à se bloquer entre deux étages dans une légère secousse. Mirana vient à s’accrocher à la barre fixée sur la paroi de l’ascenseur par reflexe. La thérapeute vient à appuyer sur le bouton secours mais, cela n’avait pas l’aire de vouloir faire le moindre effet. « C’est officiel, je déteste les ascenseurs. » Dit-elle doucement. La situation était un peu gênante pour le coup, car elle n’avait aucune idée de combien de temps la réparation de l’ascenseur va prendre et en plus, elle ne sait pas très bien ce qu’elle va bien pouvoir dire à Rafael ou même pouvoir passer le temps. Mirana vient à se mettre assise sur le sol de l’ascenseur et appuie son dos contre la paroi. Heureusement qu’elle n’avait pas son fils, ce soir. Sinon elle est persuadée que son ex petit ami aurait trouvé le moyen de faire jouer cela contre elle. Soudain, une voix se fit entendre dans l’ascenseur : « Mesdames, Messieurs, veuillez nous excuser pour ce désagrément. Nous mettons tout en place pour débloquer l’ascenseur le plus rapidement possible. » Mirana soupira puis elle dit : « au moins ils sont au courant que nous sommes là. » Puis elle réfléchit un petit moment et rajoute : « Ou alors c’est un message préenregistré. Ce qui n’est pas vraiment rassurant. »

Peut être, s'il avait été un meilleur homme, n'aurait-il pas fréquenté Mirana. Tout, de leur rencontre à la relation étrange qu'ils entretenaient aurait été qualifié de très mauvaise idée par toute personne possédant un peu de bon sens. Si Rafael n'avait pas été si égoïste, alors peut être n'aurait-il pas pris le risque d’entraîner la jeune femme dans la chute dangereuse que pouvait être sa vie. Non pas qu'elle en faisait vraiment partie. Elle en était aux abords, au périmètre de sécurité, là où Rafael pouvait la voir sans la laisser s'approcher de trop près. Pourquoi elle d'ailleurs, il ne savait pas trop. Elle avait été comme l'élément perturbateur, le détail qui cloche dans un tableau que l'on connait comme le fond de sa poche. Rien dans sa vie ne le surprenait à présent. Toujours les mêmes horaires, toujours les mêmes gestes, toujours les mêmes interactions. Si bien qu'entrer dans le bureau de sa thérapeute pour une énième session qui allait inévitablement ressembler aux précédentes, et trouver une inconnue face à lui, l'avait sorti pendant un instant de son apathie. Juste comme ça, la routine s'était brisée. Rafael n'avait pas été tendre avec la remplaçante. Déjà peu enclin à être loquace dans ce genre de session, Rafael n'avait pas compris l'intérêt de parler de lui et de ses problèmes à quelqu'un qui n'avait que les notes de sa collègue pour se faire une idée du contexte et de la personne qu'il était. Mais ça avait été mal cerner Mirana. La jeune femme ne s'était pas démonté, et à défaut d'une quelconque utilité psychologique, cette rencontre avait laissé une certaine impression chez Rafael. Et une attirance indéniable. Que cette impression soit réciproque, Rafael ne l'avait pas le moins du monde envisagé. Il estimait qu'il ne devait pas y avoir plus répulsif que l'idée d'un pseudo patient, condamné pour violence conjugale et en prise à des soucis psychologiques. Il fallait croire qu'il n'avait pas perdu son charme d'antan. A moins que Mirana n'aime simplement jouer avec le feu. Le fait est qu'ils se retrouvaient à présent dans une chambre tous les deux, à échanger quelques moments d'intimité dans l'anonymat d'un hôtel. L'écart de jugement d'une nuit s'était transformée en une deuxième, jusqu'à s'instituer en une sorte de routine. Appuyé contre la tête de lit, les jambes encore enroulées dans les draps, Rafael observait en silence Mirana entrer dans la salle de bain. Une fois le moment achevé, une fois l'urgence et l'élan de passion retombée, le constat troublant de leur indifférence rendait l'atmosphère un peu plus lourde et gênante. Mais le mot n'était peut être pas le bon. Indifférence. Rafael ne cherchait pas à voir plus loin dans ce qu'il faisait, conscient que rien de bon ne pouvait en sortir. Il savait contenir cet intérêt particulier pour la demoiselle, le cultiver silencieusement sans le laisser prendre le dessus. Juste assez pour apprécier leurs moments partagés sans chercher à les analyser. Il finissait juste de lacer ses chaussures lorsque Mirana fit son retour dans la chambre, et il hocha la tête devant sa demande. Rafael estimait que leurs échanges pourraient être encore plus crus. Ils pourraient se quitter au saut du lit, se tourner le dos et partir sans plus d'un mot. Mais non. C'est ensemble, silencieux mais solidaires dans leurs action, qu'ils se dirigèrent vers l'ascenseur. Rafael posa un regard plat sur la bande de jeunes qui s'en extirpèrent, bruyants et surexcités. Il s'engouffra à la suite de Mirana, se lovant dans un coin tandis son regard visait d'un air absent les numéros lumineux qui annonçaient leur descente. Jusqu'à ce qu'une secousse brute les stoppe en route. Il ne manquait plus que ça. Il ne releva pas la remarque de Mirana même s'il partageait le sentiment. Il n'était pas le moins du monde claustrophobe, mais se retrouver dans cette situation ne l’enchantait pas du tout. Mirana semblait aussi calme, ce qui l'arrangeait bien. Il n'aurait pas été sûr de supporter sa panique dans un endroit clos comme celui-ci. Il ne manquait plus que son cerveau décide de lui faire péter un plomb dans ces conditions. L'idée lui provoqua un frisson et c'est inconsciemment qu'il se colla un peu plus contre la paroi de l'ascenseur pour augmenter en vain la distance entre la jeune femme et lui. C'était ridicule. Il n'était pas l'incroyable Hulk bon sang, il n'allait pas se mettre dans une rage folle sans raison et faire mal à Mirana! La voix mécanique qui résonna lui arracha une exclamation sceptique. « Ils n'ont que deux ascenseurs. C'est dans leur intérêt de faire vite » répondit-il machinalement. En effet, l'hôtel dans lequel ils se trouvaient n'était pas particulièrement de grand standing. Ce n'est pas comme si Raphael avait les moyens de se payer autre chose. La ramener chez lui? L'idée lui plaisait guère. C'était une limite qu'il s'était lui même donné. Une frontière établie qui garantissait de garder cette relation au stade où elle était. Autrement dit, nulle part. Un silence s'installa et Rafael pouvait sentir sa peau le démangeait. A part au moment de leur rencontre, les deux amants n'avaient jamais eu de vraie conversations, n'avaient jamais eu de moments qu'ils n'avaient pas réussis à combler à l'aide de gestes. Ils ne se connaissaient pas. Rafael n'était même pas sûr qu'ils s'appréciaient particulièrement outre le plaisir que leur corps pouvait procurer à l'autre. Du moins, Rafael ne se laissait pas l'occasion de le découvrir. Et ça n'était sûrement pas ce petit imprévu qui allait ruiner ce plan bien construit. «Tu n'es pas claustrophobe? » se surprit-il tout de même à demander. C'était une question de bon sens, rien de plus.