Mémoire d’un mec qui se fait chier, seul chez lui et qui passe son temps en écrivant un texte sur sa vie qui finira sans doute à la poubelle dans une semaine car ça trainera sur mon bureau. Parait qu’en plus ça fait du bien, à croire que ça va soudainement retirer tous mes problèmes d’écrire sur un bout de papier que ma vie n’est pas parfaite. Si c’était aussi simple, tout le monde serait heureux non ? Enfin soit ça ne me coute rien après tout, Game of Throne c’est pas avant l’année prochaine et je dois attendre octobre pour The Walking Dead. En revanche écrire ça, ça me rappelle que je n’ai pas de vie ce soir, c’est triste.

Bon puisqu’il faut commencer quelque part je me lance, je m’appelle Kennedy Jonathan Jones. Je ne sais pas d’où sont tiré mes prénoms, on va dire que ça vient de JFK, voilà, je me sens important comme ça. Je suis né le quatorze février 1981, il y a vingt cinq ans quelques minutes après mon frère jumeau. Ouais, je sais, le jour de la Saint Valentin. Ça lui fera faire des économies à ma future femme, elle fera d’une pierre deux coups. Je suis né dans une grande famille recomposée, une histoire assez compliquée quand on n’est pas dedans mais en résumé. Avant de rencontrer ma mère, mon père a eu trois enfants avec une autre femme qui les a abandonnés, Luke, Lullaby et Rihannon. De son côté ma mère a eu une fille Kate avec un mec inconnu au bataillon. La belle petite histoire. Nous sommes donc Andrew et moi-même les fruits de cette nouvelle union qui dura bien des années, jusqu’à que la mort les sépare. Après nous vint Grace, la petite dernière enfin presque. Je me suis toujours plu dans cette famille, et c’est justement dans un esprit très familial que j’ai été élevé bien que j’aie longtemps eu du mal à trouver ma place. Ce truc spécial qui me différenciait des six autres. J’étais alors à cette époque sans doute le plus timide et renfermé de la fratrie. C’est ma mère qui détecta des capacités supérieures aux autres enfants et qui compris que j’étais surdoué. A la suite de cela j’allais dans une école spécialisée ce qui me renfermait de plus en plus sur moi-même et qui me rendait esclave de mes capacités et de mes notes. Comprenant que ça ne me plaisait pas, mes parents m’autorisaient à reprendre une scolarité normale malgré mon avance sur les autres.

Vers mes 10 ans, je me passionnais pour un sport dont m’avait parlé un ami, le judo et je demandais à mes parents de m’y inscrire. Je n’étais pas très sportif ni très physique mais je m’en sortais pas mal grâce à mon esprit tactique et un entrainement acharné ce qui me redonna quelque peu confiance en moi. Je ne me sentais plus comme l’intello mis à l’écart mais comme un garçon comme les autres. C’était idiot en y repensant mais c’était ainsi. J’entrais au lycée auquel tout me réussissait, j’avais encore une avance de niveau considérable contrairement aux autres mais je tentais de ne pas me sentir supérieur, j’avais pleins d’amis et de nombreuses copines jusqu’à que je me case sérieusement avec une fille. Notre relation dura trois ans, jusqu’à qu’elle me quitte pour partir à l’université tandis que moi, je partais en médecine mais restait dans le coin. Je ne m’imaginais pas vivre loin de mes parents et de ma fratrie. Ils étaient tout pour moi.

C’est en février 2014 qu’une terrible nouvelle frappa notre famille. Luke partie en mission en Afghanistan périra au combat. Cette nouvelle fit l’effet d’une bombe sur notre famille et je mit un long, très long moment à m’en remettre. Luke était depuis mon plus jeune âge mon grand frère, mon protecteur et mon confident, sans doute autant que l’était Lullaby mais en différent, lui me conseillait et discutait avec moi de truc de garçon alors que Lulla avait le rôle de seconde maman pour moi. Je me souviendrais à vie de ce terrible jour où j’ai appris cette nouvelle. Je n’ai pas dit un mot, n’ai même pas réagi avant de quitter la pièce et de m’enfermer seul n’en sortant que le lendemain. J’étais dévasté mais je devais continuer ma vie et mon nouvel objectif devenait d’être médecin militaire comme pour prolonger le rêve de mon frère. J’en ai énormément discuter avec Aiden. Finalement je me suis quelque peu ravisé après avoir vu ma famille se déchiré.
J’avais repris le cours de ma vie, j’avançais dans mon internat et progressait dans ma carrière de chirurgien en rendant visité régulièrement à mes parents et chacun de mes frères et sœurs. Quelques conflits se présentèrent au sein de notre famille mais je n’y attachais pas d’importance, je ne jugeais personne sur ses erreurs et je fus l’un des seuls à ne pas en vouloir à ma mère de sa tromperie envers mon père. J’étais déçu mais je ne lui en voulais plus et je fus énormément là pour elle lors de sa grossesse jusqu’à la naissance d’Elliot. Dont je me jurais de m’occuper au maximum. Mon petit frère n’aurait pas de frère absent de ma part et je passais énormément de mon temps libre à m’en occuper lors des premiers mois. Malheureusement, quelque mois après ma mère décédé dans un accident… Cette nouvelle me dévasta à nouveau et me fit sombrer dans une sorte de dépression silencieuse. Je ne tombais pas dans la solitude ni la déprime mais toute ma vie fut remise en question, mes rêves, mes bases, mes envies. Je ne savais plus qui j’étais et je changeais radicalement sortant souvent et m’éloignant un peu de tous comme pour ne plus souffrir. J’avais besoin d’aide mais je l’exprimais en les repoussant tous. Peu à peu je me reconstruis mais difficilement, j’ai l’impression de ne plus être le même. La peine s’est atténuée peu à peu mais je ne suis pas forcément remis. Je continue mon chemin.