Émission radio, 2016.

Je m’assois, prend possession de ma chaise d'animatrice du matin. le soleil se lève. Je bois de mon café versé dans ma tasse fétiche. mes chroniqueurs arrivent l'un après l'autre. Je met mon casque sur les oreilles. Regarde le régisseur qui m'indique qu'on est à l'antenne dans un... deux... trois.

« Bon petit matin, mes chers rayons de soleil. » Ma voix est enjôleuse, de quoi mettre tout le monde d’une bonne humeur. Si ma nuit était merdique ; je ne dois pas le montrer, pas du tout. « Il est cinq heures, vous êtes en directe avec Belle Steadworthy, votre animatrice du matin. » Je souris, regarde mes chroniqueurs. Ils saluent tous un par un. « Tiens, Tim, c’est nouveau cette coupe de cheveux ? Ça fait très moine, je trouve. » Nous enchaînons dans des petits piques amusés entre nous, puis nous en venons à notre première animation. « Bon, j’aime parler avec vous, chers auditeurs, alors nous allons appeler l’un d’entre vous ! » Le régisseur compose, le téléphone en haut-parlant dans le studio résonne. Une personne décroche, une femme à la voix grave. « Oui ? » Je souris, prend un bon enthousiasme. « Salut, c’est Belle Steadworthy de la radio de Pasadena. Tu es en directe, ma belle. » Elle pousse un cri qu’elle coupe immédiatement, qu’elle tue. Je souris, manque de rire d’elle tellement je la trouvait mignonne. « Comment t’appelles-tu ? » Elle respire un grand coup et se présente. Kelsey. Je la salue avec son prénom et enchaîne : « As-tu bien dormis, Kelsey ? » elle approuve que oui mais avoue également que ses parents divorcent, alors non, elle n’allait pas fort. Puis elle me posait une question avant que je ne la console comme je le pouvais. « Belle, comment cela se passe chez toi ? » Inutile de dire que si elle parle de ma maison, mon petit appartement dans l’Ouest de Pasadena, il ne se passe rien sauf un chien avec la diarrhée, c’est tout ce que j’aurais à dire. Je parle alors de ma famille. Première fois depuis que je suis revenue à Pasadena, depuis que je bosse à la radio du matin. Je me recale dans mon fauteuil. « Nous allons bien. Enfin nous faisons aller. Ma famille est… Tu sais, Kelsey, que tes parents divorcent ou non, ils restent tes parents. Tu as de la chance de les avoir encore. J’ai perdu les miens quand j’avais dix ans. Ce fut un coup dur et j’ai encore du mal à avaler la pilule. Donc, Kelsey, si tes parents divorcent, c’est qu’ils n’étaient pas bien ensemble et qu’il faut prendre ce divorce comme… comme une bénédiction ? » elle me repose la question : « Une bénédiction , En quoi ? » Je me rapproche du micro et respire un grand coup, j’ai le trac quand il en vient à parler des problèmes des autres. Dis-je un mot de trop ou de travers ? Pas assez ? « Je veux dire, s’ils se disputaient, cela te touchait sûrement énormément et tes parents étaient malheureux. S’ils ont trouvés leur solution c’est pour ton bien. Ils ne vont pas faire semblant pour toujours et continuer à se battre dans ton dos. » La famille, m’est importante, mes sœurs et frères le sont et je comprend alors qu’un divorce peut-être un coup dur. C’est une des raisons qui me pousse à ne pas me marier. Un bout de papier insignifiant, poussant au divorce qui coûte bien plus cher que le mariage en lui-même. Je termine l’émission à midi, avec plusieurs appels et jeux gagnants aux auditeurs. Je quitte le studio en ayant annoncé une chanson de Selena Gomez et je m’étais retirée.

Où vais-je maintenant le boulot terminé ? Nul part. Je n’ai pas d’amour à retrouver dans un café. Je m’arrête prendre un sandwich au Fast Food le plus proche et m’attrape un taxi pour rentrer chez moi. Retrouver mon seul trésor, Pickles, mon chien de un an, un bulldog français vraiment têtu mais adorable.