En ces jours de chaleur, Moera avait l’impression de passer ses journées à la plage artificielle créée pour l’occasion. Entre deux journées de travail, elle se laissait aller les doigts de pieds en éventail, que ce soit avec David, des amis ou même parfois seule lorsqu’elle ne trouvait personne pour l’accompagner. Elle avait souvent besoin de s’étaler comme un rumsteck prêt à cuire.  Manquerait plus qu’un peu de sel et de poivre, et des épices pour grillades, et ce serait parfait. Aujourd’hui, c’était Hannaël et Sarah-Jane qu’elle devait rejoindre. Elle avait accepté tout de suite la proposition, et avait prévenu qu’elle risquerait d’être légèrement en retard sachant qu’elle sortait du travail, et qu’elle devait repasser chez elle pour enfiler son bikini. Elle avait beau bosser à la radio, elle se voyait mal y aller avec son ensemble sous ses habits et les tongs aux pieds. Elle repassa donc vite fait par chez elle avant d’attraper au vol son sac de plage, et de passer aux toilettes faire un pipi. Cinq minutes plus tard, elle était fin prête à rejoindre ses amies.

Après avoir passé l’épreuve des bonshommes malodorants du bus, elle se trémoussa pour arriver jusqu’à la sortie, qui lui paraissait être à des années lumières, elle jubila une fois dehors, considérant qu’elle venait de sortir d’une épreuve digne des jeux olympiques. Elle se garda de célébrer sa victoire comme les joueurs de foot lorsqu’ils marquent un but. Et aussi au fait qu’elle ne se soit pas fait sauter dessus par le monsieur étrange qui reluquait sa tenue. En effet, pour aller à la plage, elle avait revêtu une liquette légère quelques peu transparente, celle-ci étant celle qui tenait le moins chaud dans sa garde-robe. Elle considérait qu’elle ne se pavanait pas nue, c’est pourquoi ces regards la révoltaient, et quoi que l’on dise, elle ne considérait pas qu’elle devait se barricader derrière des pull-overs à col roulés. Surtout que l’on ne pouvait pas dire que la brunette était une bombonne, c’est pourquoi le spectacle ne devait pas être une catastrophe non plus. Ne voulant pas être ronchon et glauque alors qu’elle arrivait vers ses amies, Moera passa cet épisode sous silence, et pensa à autre chose. Alors qu’elle cherchait activement ses amies qui devaient déjà être arrivées, elle ne mit pas longtemps à les trouver puisqu’elle entendit crier et reconnu instantanément les voix qui venaient du milieu, où elle reconnut les silhouettes de ses acolytes. D’un  pas, elle traça sans regarder où elle mettait les pieds, à tel point qu’elle ne remarqua pas le lopin de sable qu’elle écrasa violemment avant d’entendre un gamin gueuler, ou plutôt pleurer, qu’elle venait d’écraser son château. Navrée, elle se confondit en excuses avant de donner une tape amicale sur la tête du môme et de repartir en direction vers ses amies faisant gaffe de ne pas écraser un autre pâté se voulant être un château. Une fois arrivée à la hauteur des deux filles, elle prit sa grosse voix avant de dire « - Calmez-vous ou j’en prends une pour taper sur l’autre. Ou je vous  met toutes les deux à l’eau sans savoir qui a commencé ! », et un grand sourire. Elle posa ses affaires avant d’ajouter « Comment vont mes deux folles préférées ? ».