Cela faisait un moment que j'essayais de chercher un travail depuis que nous nous étions disputées avec ma mère. Bon...Ok, on s'était réconcilié depuis, mais je ne supportais plus qu'elle paye les frais de mon appartement pour moi pendant que j'étudiais. J'étais bien trop dépendante de Joan à mon goût. De plus, ce n'était pas les petits rôles que j'avais dans ces grands spectacles de danse qui allaient me rapporter suffisamment d'argent. Je ne songeais même pas à la somme dont nous allions avoir besoin pour le mariage avec Caleb. Oui, on ne voulait pas se précipiter, mais il n'empêche que cela coûte cher. C'était sans compter sur les cours à l'université, cela devenait de plus en plus cher, et même si j'avais bientôt fini, il fallait que je paye. En bref, je voulais, non, j'avais besoin d'un job supplémentaire pour avoir de quoi me faire plaisir et prendre vraiment mon indépendance, financièrement parlant. C'est pour toutes ces raisons que j'avais envoyé mon CV ainsi qu'une lettre de motivation à plusieurs entreprises diverses à travers Pasadena. La seule qui m'avait répondu à ma plus grande surprise était pour un poste dans un hôtel qui s'appelait l'Argonaute. Je n'en avais jamais entendu parler avant de tomber sur l'annonce. Je ne savais même pas exactement si cela ce travail allait coller avec mes études, mais je tentais tout de même le coup. Après tout, je n'avais rien à perdre. J'avais donc rendez-vous avec le directeur en fin de matinée. J'étais assez stressée, j'avais déjà passé plusieurs entretiens et ils n'avaient conduit à rien. J'avais de quoi me faire du souci, même si je n'étais pas vraiment dans le besoin, il me fallait un boulot. Ne serait-ce que pour montrer à ma mère et à mon fiancé que j'en étais capable. Oui, il y avait une pointe d'orgueil là-dedans, je ne me le cachais pas. Mais ce job, c'était mon objectif, je ne voulais pas le lâcher. Cela représentait une réelle évolution pour moi si je parvenais à me faire embaucher.

Après m'être levée de bonnes humeur, je me préparais avec soin. J'enfilais un tailleur bleu marine ainsi qu'une simple chemise blanche. Je profitais du beau temps de ce mois de mars pour oser une jupe un peu plus courte. J'en avais un peu marre de me trimbaler avec des couches et des couches de vêtements pour ne pas avoir froid. Pour ça, le printemps avait du bon, je pouvais enfin m'amuser vestimentairement parlant. Bref, je me maquillais ensuite assez simplement, un simple coup de rouge à lèvres, de mascara et c'était bon. J'attachais aussi mes cheveux en queue-de-cheval à l'aide d'un simple élastique. Puis se fut l'heure... Prenant mon courage à deux mains, je quittais mon appartement en direction du sud de la ville en voiture. J'étais tellement concentrée dans mes pensées, j'imaginais ce que j'allais dire à mon possible futur patron, que je ne vis pas l'énorme chien qui traversait cette rue. Sans comprendre ce qui se passait, j'entendis un grand boum. Je freinais d'un coup et le temps que je coupe mon moteur, que je sorte. L'animal était déjà de nouveau sur ses pattes et remuait la queue. Je soupirais, soulagée. Je n'avais donc pas commis de meurtre. Je le caressais un moment avant de reprendre ma route en faisant bien plus attention à ma conduite cette fois.

J'arrivais enfin devant l'entrée de ce fameux hôtel. J'avais peur d'être en retard à mon rendez-vous. Tellement, que je courrais presque en allant vers l'entrée. Rapidement, je trouvais le réceptionniste. "Je viens pour l'entretien d'embauche. Je cherche monsieur Pilliwickle ?" Mon dieu... Quel nom difficile à prononcer. L'homme qui me faisait face ne semblait pas de bonne humeur d'ailleurs. De plus, il était au téléphone. Cela devait être important, car il ne le lâcha pas, se contentant de m'indiquer la direction d'une simple porte avec sa main. "Merci beaucoup." Je haussais les épaules en essayant désespérément de me détendre. Il fallait vraiment que je reste zen. Un large sourire nerveux se dessinait sur mon visage alors que je frappais à cette fameuse porte, cette espèce d'adrénaline faisait aussi battre mon cœur à une vitesse impressionnante. J'époussetais ma jupe le temps que l'on m'autorise à entrer. Elle portait quelques poils de ce drôle de chien aussi fort qu'Iron Man, un vrai survivor celui-là. Je finis par ouvrir me retrouvant face à un beau brun qui allait peut-être devenir mon boss. Je m'adressai donc à lui. "Oui, c'est moi. " Enchaînais-je en lui serrant la main poliment. J'allais ensuite m'assoir sur la chaise qu'il m'indiquait. Il me demandait si j'allais bien. Je ne m'y attendais pas vraiment. La plupart des gens que j'avais rencontrés étaient assez directs. Ils étaient directement passés aux choses sérieuses. "Je vais très bien, merci." Mon sourire se faisait un peu plus sincère, il semblait sympathique. "Et vous ?" Me risquais-je à demander. Il regardait une feuille sur son bureau... Quelque chose d'important apparemment puisqu'il le lisait avec attention. "Donc heu... Comme je l'ai mentionnée dans les documents que je vous ai envoyé, je n'ai pas de qualifications spécifiques à l'hôtellerie, j'espère que ça ne vous pose pas de problème.." Je ne savais pas trop quoi lui dire, alors je sortais la première chose qui me passait par la tête. Mon dieu, le stresse me rendait vraiment étrange.

Je n'étais pas spécialement une adepte des entretiens d'embauche. Lorsque j'arrivais au lieu de rendez-vous, je me mettais toujours à stresser alors que ce n'était pas du tout une bonne chose. Une fois, j'étais tellement devenue pâle et malade face aux questions d'un recruteur qu'en sortant la première chose, j'avais fait, c'était vomir. C'était surement de la faute à mon manque d'expérience en la matière, mais ce n'était pas une excuse. J'essayais de paraître un minimum détendue, mais je ne savais pas si c'était réussi. Fictivement, j'étais zen. Réellement, j'étais dans tous mes états. Et si je n'étais pas suffisamment qualifié pour travailler dans un hôtel ? Et si le patron était un connard ? Et si mes horaires n'étaient pas compatibles avec ce genre de boulot ? Et si ? Et si ? Avec des si j'étais capable de refaire le monde, mais pour l'heure, j'entrais dans ce bureau. Un sourire sur le visage, je venais saluer celui qui allait peut-être me prendre dans son entreprise. Il ne semblait pas être un abruti. Au contraire, il n'avait rien à voir avec les autres dirigeants que j'avais rencontrés. Pour la simple et bonne raison qu'il m'avait demandée comme j'allais. C'était bête, mais c'était ce genre de chose qui été passé à la trappe lors de mes précédents entretiens. Comme quoi, une phrase aussi courte et simple soit elle pouvait me mettre en confiance. Un peu de familiarité, cela ne pouvait pas nous faire de mal au contraire. Je me détendais, mais qu'un tout petit peu, il ne fallait pas rêver tout de même. Je souriais plus naturellement, même si j'avais été un peu surprise par sa question. Je la lui retournais poliment. Intéressée, je voulais en savoir un peu plus sur cet homme qui se détachait du lot de tous les employeurs que j'avais rencontré jusque-là. Il me parlait de quelques problèmes. Je me demandais de quoi il pouvait bien s'agir, mais je ne lui demandais rien. Cela ne se faisait pas et puis cela ne me regardait pas. Après tout, je n'étais pas là pour en apprendre plus sur les petits problèmes privés de monsieur. Je n'étais qu'une simple étudiante qui étais-je pour lui demander ce genre de chose. De plus, j'essayais de maîtriser ma curiosité en ce moment, je me calmais et essayais de moins me mêler de la vie des autres. Ce n'était pas gagné me connaissant, mais ne pas insister à ce sujet était déjà un bel effort de ma part. Réfléchir à ce sujet, m'avait quelque peu détendue. Mes mains n'étaient plus moites et je n'avais presque plus besoin de faire attention à ma respiration pour inspirer doucement. Assez fière de moi, je lançais donc notre conversation dans le vif du sujet, lui demandant si mes qualifications n'étaient pas trop... Décevantes et à côté de ce qu'il recherchait pour son hôtel. Après tout, j'étais une étudiante en lettres, cela n'avait rien en commun avec l'hôtellerie ou même la restauration. Je le regardais alors qu'il me parlait d'être polyvalente. Étudiant la question un instant, je me lançais ensuite. "Oui, je pense être quelqu'un de polyvalent. Je serais capable de recevoir des clients tout comme de faire les chambres, ou même encore de passer en service." Ce n'était pas des paroles en l'air prononcées seulement dans l'espoir de le convaincre à m'embaucher, j'avais réfléchi avant de lui répondre. Je lui expliquais même ma logique. "Le fait est que je suis étudiante en littérature, donc les présentations d'œuvres à l'oral ça me connaît. Accueillir des clients ne devait donc pas être bien plus compliqué. Pour ce qui est du ménage... Je suis assez maniaque et j'ai souvent tendance à nettoyer abusivement mon appartement... Pour le reste, je pense réussir à m'y faire aussi." Il suffisait de me montrer les bases des tâches à effectuer et je devrais arriver à m'en sortir sans trop de dégâts. Je l'espérais tout du moins. Il me demandait ensuite ce que je voulais faire plus tard... Je pourrais lui dire un mensonge, lui parler du métier d'éditrice ou encore d'écrivaine, mais en réalité, mon évolution de carrière n'avait strictement aucune relation avec mes études. C'était un peu idiot de ma part, j'en avais conscience, mais quand même... "Vous allez surement trouver cela idiot, mais je voudrais devenir professeur de danse." Je relevais la tête. J'avais l'impression d'être une petite fille, avec des rêves pleins les yeux. "Pour être franche avec vous, les lettres sont un peu, mon chemin de secours, bien que je me donne à fond à la faculté. Elle n'est là qu'au cas où je me retrouverais dans l'incapacité de continuer à danser. Je pense l'avoir mis dans mon CV, mais j'ai joué dans de nombreux ballets et je fais de la danse depuis plus de quinze ans maintenant." Je soupirais. "J'ai conscience que ce projet n'a pas de rapport avec ce que je pourrais faire ici, mais j'ai réellement besoin d'expérience dans la vie active." Je ne parlais même pas d'argent, mais avoir un travail dans cet hôtel élargirait encore plus mon cercle de compétences.

Un petit rien, un mot, une phrase, une question, pouvait retourner tout une situation. Dans le bon comme dans le mauvais sens, un simple détail pouvait faire pencher la balance. Pour le coup, je le sentais plutôt bien. Cette familiarité avec laquelle mon possible futur patron prenait notre entretien me mettait en confiance. Je ne savais pas pourquoi, mais le simple fait qu'il m'ait demandé comment j'allais m'avait tout de suite détendu. Il était différent des autres patrons que j'avais rencontrés, les autres avaient été tous plus pitoyables les uns que les autres. Lui, il n'était pas dans le même genre. Et peut-être que cette fois, j'avais une vraie chance d'être embauchée. J'y croyais tout du moins. Notre conversation avançait doucement et j'en viens à lui dire que j'étais quelqu'un de polyvalent. Je le pensais vraiment, même si je n'étais pas certaine d'avoir les qualités requises pour entrer de le monde de l'hôtellerie, j'étais sûre de ça. Comme j'avais deux passions très différentes, la danse et les livres, je savais de quoi je parlais.J'avais certaines compétences qui pourraient lui servir et je les lui expliquais avec une bonne logique tout en lui souriant. Pour une fois, je n'avais pas l'impression que mon entretien était un véritable tragédie, cela se passait plutôt bien et j'étais assez fière de moi. C'était presque un miracle. Ce n'était pas une farce, j'y croyais vraiment. Tel un petit poussin, je voyais enfin ma coquille se briser et une porte qui s'ouvrait à moi. "Oui." J'avais conscience qu'il avait raison et que je ne pourrais pas tout faire comme le service. "Enfin, c'est comme vous le voulez. Mes études ne me prennent pas tant de temps que ça, sinon je ne me sentirais pas capable de prendre un travail en plus." Je restais toujours aussi franche. Je savais très bien que je parviendrais à m'organiser même s'il m'imposait des horaires drastiques. Là-dessus, j'étais prête à faire des sacrifices. Mon sourire s'élargit alors qu'il me parlait de présenter des œuvres d'art. "Ce serait avec plaisir." J'ai toujours été à l'aise à l'oral, présenter des œuvres, c'était presque une passion pour moi et cela ne me dérangeait pas du tout, bien au contraire. "Je dois bien avouer que certaines peintures ont des noms à dormir debout." Heureusement, j'étais là pour le sauver de cette corvée. Enfin... S'il voulait bien m'engager. Ce n'était pas encore tout à fait gagné. Il me demandait ensuite ce que je voulais faire dans la vie... Même si la question était assez difficile pour moi, je lui expliquais franchement. Je devais bien avouer que j'avais pris un chemin assez biscornu et peut-être étrange, mais je le vivais bien. J'aimais beaucoup ma vie comme elle était, même s'il y avait quelque incohérences. Je lui expliquais que je faisais des études en littératures, mais qu'elles n'étaient là que dans le but de me rassurer au cas où ma carrière de danseuse venait à prendre fin subitement. Je songeais notamment à une blessure grave, même si je ne souhaitais pas que cela m'arrive, c'était une éventualité à prendre en compte. Je tenais vraiment à avoir une issue de secours. Je hochais doucement la tête alors qu'il m'expliquait que c'était un véritable plus d'avoir des expériences diversifiées. Mes chevilles allaient finir par enfler s'il continuait, elles me chatouillaient presque déjà. Il me demandait alors pourquoi la littérature. "Parce que j'adore lire depuis que je suis toute petite." C'était la vérité. "Oui, voilà. C'est une deuxième passion pour moi. Quand je ne passe pas mon temps dans les salles de danse, c'est le nez plongé dans un bon livre." Lui avouais-je. Mon peut-être futur patron me demandait quel genre de danse je pratiquais. Et bien... Il était curieux, c'était le moins que l'on puisse dire, mais je lui répondais, car je ne voulais pas le vexer. Et puis tout simplement parce que cela ne me dérangeait pas. "Je fais principalement du classique, mais sinon du jazz... Avec une peu de country aussi." Oui, cette dernière s'était ajoutée à mon palmarès depuis un peu plus d'un an. Une amie à moi m'avait poussé à assister à un cours et depuis je n'avais pas réussi à décrocher. Je ne savais pas quoi lui dire de plus... Si bien que je sortais la première chose qui me passait par la tête au risque de me faire remballer. "Et vous, c'est quoi vos ou votre passion?" Je me surpris moi-même a sortir ça. "Si ce n'est pas trop indiscret bien entendu..." J'étais curieuse, c'était dans ma nature. Mais je me soignais.

Il n'y avait pas de recette spéciale pour qu'un entretien se passe bien. C'était surtout une histoire de feeling quand on y prêtait attention. Et là, j'avais l'impression que nous étions sur la même longueur d'onde Todd et moi. On discutait et notre entretient prenait plus le ton d'une simple discussion. Ses questions n'étaient pas formelles, comme je me le serais imaginé. C'était juste... Normal et je lui répondais avec franchise même lorsqu'il me demandait quel genre de danse je pratiquais. J'avais hésitais au moment de lui dire que je faisais de la country. Et bien oui, j'avais un petit faible pour les santiags et les hommes aux allures de Cow-boy. Je souriais simplement. "En fait... Le classique et le jazz vont de paires. Et puis la country, c'est plus ou moins un délire avec une amie. " Ouais, on s'amusait bien. "Personne n'est vraiment nul en danse, vous savez... Il faut juste savoir se laisser porter par la musique." Qu'est-ce qu'il me prenait ? Pourquoi j'insistais comme ça ? C'était peut-être le côté danseur en moi qui prenait le dessus pour défendre son art d'arrache pied. Bref. "Vous devriez essayer ! C'est vraiment génial !" Après tout ce n'était pas très compliqué comme danse. On continuait de parler et je me risquais même à la lui poser une question. Je ne savais pas comment il allait le prendre. Après tout normalement les questions ne vont que dans un sens dans ce genre de situation et je ne savais pas trop si je pouvais me permettre une chose pareille. Surtout que ma question me paraissait indiscrète. Je rougis u peu en attendant sa réaction. Je riais doucement. On n'en était pas encore aux cadeaux. Pour le moment, je n'étais même pas encore embauchée, même si cela semblait bien parti ce n'était pas encore gagné. Je n'avais pas encore triomphé. "J'adore le nom !" Yoda pour un chien s'était bien trouvé. Il me dit ensuite avoir un fils de dix-sept ans. Cela me surprit, me demandant à quel âge il l'avait eu. Après tout, il semblait jeune pour être le père d'un adolescent. Je ne fis cependant pas de remarque me contentant d'acquiescer. Il me demandait quels étaient mes projets dans la vie et je ne pus m'empêcher de poser les yeux vers la splendide bague à mon doigt tout en souriant. Mais je ne voulais pas trop qu'il la remarque alors je passais la main dans mes cheveux. Non, je n'en avais pas honte, pas du tout. C'était idiot, mais j'avais peur qu'il se fasse une mauvaise idée sur moi en s'apercevant que j'étais fiancée. Après tout les jeunes femmes à peine majeures qui ont déjà la bague au doigt ça ne courent pas trop les rues. Et j'avais peur qu'il ne s'imagine que j'étais le genre de fille à m'engager tête baissée dans quelque chose sans réfléchir. Surtout que j'avais longuement hésité avant de dire oui à Caleb... Bref, tout ça pour dire que je ne tenais pas spécialement à le lui dire. Loin de moi l'envie de mentir à mon peut-être futur patron, mais j'avais juste peur de sa réaction. Je n'avais seulement pas envie de lui raconter cette partie de ma vie qui était si compliquée parfois. Je me rendais alors compte que ma réponse tardait à sortir de mes lèvres et qu'un petit blanc s'était installé entre nous. Mal à l'aise, je me repris : "Fonder une famille me semble être une bonne chose, même si je ne veux pas précipiter les choses." Je haussais les épaules. "J'ai encore tout mon temps pour ça." Je ne voulais pas encore avoir d'enfant avant un moment. Je l'avais d'ailleurs déjà expliqué à Caleb. Après tout, on en avait assez à faire avec Reed, sans oublier que mon fiancé avait aussi son côté petit garçon dont il fallait sans arrêt s'occuper. Cette pensée me fit sourire, mais je devais de nouveau me concentrer sur cet entretien. "Finir mes études reste une de mes premières priorités, pour ce qui est de la suite... Je verrais ce que l'avenir me réserve." J'avais des projets, mais sur le long temps, je me laissais un peu glisser. Je ne rêvais pas encore spécialement de grande maison avec une clôture blanche, ni d'une pelouse bien tondue, ni d'un chien, ni d'enfants qui courent partout. Pour le moment, je me contentais très bien de mon homme aimant et de notre petite vie tranquille à Pasadena. Je n'avais pas besoin de plus pour m'épanouir. Je relevais les yeux vers le jeune homme. " Je me demandais... Pourquoi l'Argonaute ? C'est plutôt original comme nom." Et soupirais. "Et heu... Comment s'appel votre fils ?"

Je me sentais beaucoup plus détendue qu'à mon arrivé dans cet hôtel. Vraiment, mon peut-être futur patron avait réussi à me mettre à l'aise et c'était quelque chose d'exceptionnel. Le nœud que j'avais dans l'estomac avait disparu et j'étais attentive aux questions qu'il me posait. J'étais toujours du genre à stresser pour rien alors quand il s'agissait d'un entretien d'embauche, j'étais souvent raide comme un piquet. Pourtant, ce n'était plus le cas ici... J'étais bien et je parlais à cet homme comme je l'aurais fait avec un ami... Ou du moins avec une connaissance, car il ne fallait pas abuser non plus. On parlait de tout et de rien, mais cela n'avait rien avoir avec les autres entretiens que j'avais déjà eu. Je ne m'en plaignais vraiment pas au contraire, c'était assez cool. A présent parfaitement à l'aise, je n'hésitais pas à parler de moi. Je lui racontais même quels étaient mes projets dans la vie, lui parlant de fonder une famille, mais pas tout de suite. Je lui racontais même quels étaient mes projets dans la vie, lui parlant de fonder une famille, mais pas tout de suite. Comme je lui faisais remarquer, j'avais le temps pour ça... Oui, j'étais déjà fiancée, mais je ne tenais pas particulièrement à ce qu'il soit au courant. Non pas que je veuille lui cacher quoi que ce soit. Si je devais son employée, il fallait qu'il ait confiance en moi et tout et tout. Mais j'avais peur de sa réaction, car j'étais tout de même jeune pour être presque déjà mariée... Quoi que... Je me disais qu'il comprendrait surement, mais je ne voulais pas avoir l'air bizarre... Du coup, je ne lui en parlais pas tout de suite... Si j'étais finalement engagée, j'aurais tout mon temps pour lui expliquer. J’acquiesçais alors qu'il me disait que je faisais bien. Je riais aussi doucement quand il me parlait de ses anciens camarades du lycée qui voulaient voyager dans l'espace. "Il y en toujours qui sont comme ça, qui ont des rêves presque irréalisables." Ceux-là au moins n'avaient pas peur de l'échec ou encore de travailler très dur pour arriver au bout de leur carrière. Car il fallait être réaliste, on ne réussissait pas dans ce genre de domaine sans se mouiller la chemise un minimum ou sans être un maximum motivé. Je continuais donc en lui demandant d'où lui était venu le nom Argonaute pour son hôtel. Oui, si je devais travailler dans cet endroit, je devais en savoir un maximum sur lui. Il m'expliquait que cela venait d'un sous-marin français. Je souriais. "J'avoue, ça a le mérite d'être très orignal." Moi, j'aimais bien ce nom... Ça sonnait un peu comme aquarium... Oui, je sors, il n'y avait aucun rapport. A présent, j'étais lancée et je me mettais à poser beaucoup plus de questions au jeune homme, comme le nom de son fils par exemple. C'était une simple curiosité, j'aimais bien savoir l'origine des noms des choses ou encore des gens. Cela en disait parfois beaucoup sur la personnalité de certain. "Harvard ! Waw ! Vous devez être tellement fier !" Avoir un fils en route pour la plus grande université ce n'était pas rien... Il devait être tellement content pour lui aussi ! Je le voyais se lever sans comprendre. Il allait me mettre à la porte ? Surement... Puff. J'allais encore être recalée. Je levais les yeux vers lui et là... Il me dit qu'il m'engageait. Si je n'avais pas eu peur de lui crever les tympans, j'aurais hurlé de joie... Ou j'aurais aussi pu faire une petite pirouette ! Mais je me retenais pour ne pas passer pour une folle et à la place de cela, je me contentais de me lever. Avec le plus grand sourire que je n'avais jamais eu aux lèvres, je le remerciais. "Oh ! C'est génial, merci beaucoup. Je promets de faire de mon mieux." J'avais de la chance d'avoir enfin un travail ! Je n'avais pas échoué cette fois. Je lui serrais doucement la main. "Avec plaisir !" J'acceptais de visiter les lieux alors que j'étais encore tout excitée. J'avais tout mon temps et lui aussi donc... Pourquoi pas ? Il me fit faire le tour du propriétaire en m'expliquant ici et là quelques petites choses. Comme la vielle femme qui s'était accidentellement enfermée dans la salle de bains et qu'il avait fallu sortir pas la fenêtre à la chambre douze. Ou encore comme les erreurs de livraisons qui arrivaient souvent en ce moment près de la cuisine... Bref.. J’engorgeais un tas d'information avant que l'on retourne dans son bureau pour finaliser mon embauche. On parlait un moment des horaires auxquels je devrais bien me tenir et d'autres petites choses encore... Finalement, je me levais à nouveau face à lui. "Je suis tellement contente que vous m'aillez engagée !" Je disais vraiment la vérité... "Merci beaucoup..." Je lui serrais une nouvelle fois la main. "Bon... On se revoit lundi alors..."