Depuis que j’avais découvert cette lettre, je ne savais plus quoi faire. En parler ou ne pas en parler ? Faire comme si je n’étais jamais tombée dessus ou bien assumée et remontée à la source ? Je soupirais en relisant une énième fois la lettre, j’essayais d’y déceler un indice ou autre et pourtant… je tournais en rond. Et tourner en rond, j’en avais horreur. Je louchais sur cette lettre depuis une semaine et rien ne changeait. Je n’en avais pas parlé à Sarah car je ne voulais pas briser son bonheur du moment et surtout ne pas l’embêter avec mes histoires de famille. Mais ça me tracassait de savoir qu’en fait, ma mère avait eu une sœur. C’était peut-être même pour ça qu’elle s’était donnée la mort ? Tout pouvait coller, la date à laquelle elle l’avait reçue et quand est-ce qu’elle s’était tuée. Je grinçais des dents et rangeai la lettre furieusement dans le tiroir de mon placard. Ca ne servait à rien de ressasser le passé ! Je l’avais appris très jeune et maintenant il m’était interdit de repenser à cet instant de ma vie, même si j’en faisais encore des cauchemars. Je me massais les tempes et regardais l’heure, c’était bientôt l’heure d’y aller. Vivement le week end pour que je puisse me reposer et essayer de mettre un mot sur tout ce bazar. J’allais dans ma chambre et choisis mes vêtements avant d’aller prendre une douche rapide pour ensuite m’habiller et enfiler mes chaussures, prête à aller travailler. Je caressais mon chat du bout des doigts et attrapais une pomme pour la route, je n’avais rien mangé tellement cette nouvelle me bouleversait et me rendait nerveuse. Je croquais dedans et la gardais ainsi le temps que je ferme derrière moi et de m’installer dans ma voiture. Je ne commençais qu’à quatorze heures et c’était ma plus petite journée du coup, cette demi-journée n’était consacrée qu’à du massage et un peu d’exercice pour les petites entorses ou autre cas comme ça. Je me garais à ma place qui m’était attitrée et montai à l’étage qui correspondait à mon service, saluant mes collègues au passage avec un sourire sur le visage. Sourire qui s’affichait toujours lorsque je passais les portes de mon boulot. Il n’était pas question qu’on me demande ce qui n’allait pas, j’étais plutôt douée à passer au second plan, préférant faire passer les autres avant moi pour leur bienêtre. J’examinai mes dossiers et consultai mon agenda avec un sourire sur le visage, j’avais le droit à un rendez-vous avec Jared aujourd’hui. J’avais oublié, je l’avouais. Du coup, cela me donna un vrai sourire et commençai mes rendez-vous, car bien entendu le beau brun n’était que le dernier de mes patients, il avait dû prévoir son coup car en tout cas, nous aurions l’occasion de parler et dépasser le temps voulu si nécessaire. J’appelai donc mon premier patient avec une bonne humeur qui n’était pas présente en début de journée et fermai la porte ensuite. Après plus de trois heures de rendez-vous, je pris une pause et me rendis en salle de pause où j’écoutais les infirmières parler des patients, rigolant de certains cas, ce que je ne supportais pas, surtout quand c’était de la méchanceté gratuite. Je ne restais donc pas longtemps, retournant dans mon bureau pour plus de tranquillité. Je jouais avec mon pendentif quand je jetais un œil à la photo que j’avais de ma mère et moi, un mois avant qu’elle ne décède. Je soupirais et passais mon doigt sur son visage, nostalgique de ne plus l’avoir à mes côtés. Je secouais la tête, regardant la pendule en face de moi, il était temps que j’aille chercher ce cher Jared qui m’attendait dans la pièce à côté. J’ouvris la porte avec un sourire et l’appelai comme si c’était un patient comme les autres. « Monsieur Silvester, on peut y aller. » Je le fis entrer et refermai la porte derrière lui. « Alors, comment tu vas ? Besoin de mes doigts de fée pour aujourd’hui ? » Je le serrais brièvement dans mes bras en riant un peu. C’était un comble pour un masseur de venir se faire masser par quelqu’un d’autre car on ne peut pas se masser soi-même, cela va de soi. « Fais comme chez toi, tu sais comment ça se passe. » Bon, je devais avouer que Jared n’était franchement pas mal et que le beau brun pouvait attirer les regards, et le mien aussi. Je n’allais pas mentir en disant qu’il n’était pas du tout sexy ! Je repris mes esprits et m’assis sur ma chaise la faisant glisser jusqu’à la table pour le rejoindre. « Je suis vraiment contente de te voir, je dois l’avouer. » Je fis un sourire mi-figue, mi-raisin et allai me laver les mains, prenant au passage de la crème massante, prête à remplir mon devoir de masseuse rien que pour Jared.