AIl n’y avait aucun flocon, c’était normal après tout, si un jour il y aurait de la neige qui tomberait sur Pasadena le monde serait à l’envers. Une lingette de vaisselle en main, j’essuyais le plat en plastique bleu de Steve. Mon regard dérivait sur la fenêtre de la cuisine, l’heure du dîner était passée depuis quelques minutes. J’avais laissé Steve jouer dans le salon près de l’arbre de Noël dans son parc, pendant que je faisais la vaisselle. Je poussais un soupire, non pas d’ennui, mais plutôt de satisfaction. Steve commençait sa deuxième année et un bref coup d’œil à mon ventre montrait que j’étais enceinte une nouvelle fois. Je serrais le petit bol dans une armoire. Nouant mes cheveux dans un chignon grossier, je me débarrassais de mon tablier avant d’aller rejoindre mon fils. Arrivant dans la pièce, je regardais cet immense sapin aux épines de plastique décoré de boule rouge et or. Un petit ange à la cime de l’arbre et une ribambelle de cadeaux au pied. Les cadeaux de Steve, ceux pour les membres de ma famille et ceux de celle de Declan se trouvait sous l’arbre. Seul le cadeau de Declan ne s’y trouvait pas. J’allais m’asseoir dans le canapé devant mon petit boutchou. Il me regardait avec ce sourire qui me donnait envie de le dévorer. « Alors chéri tu t’amuse bien ? » Il gloussait. Me penchant j’allais passer ma main dans ses cheveux châtains. Mon portable vibrait et je décrochais sans attendre. « Oui, bonjour ? », disais-je alors que Steve prenait ma main dans ses petites menottes. « Salue ma puce, vous venez toujours bruncher demain ? » Ma mère, elle ne pouvait pas s’empêcher de demander. C’était touchant, même si je lui avais déjà dit oui deux jours plus tôt. Je réitérais ma réponse avec un large sourire. « Tu n’oublies pas les cadeaux. », continuait-elle avec enthousiaste. « Oui maman. » « Oublis pas non plus Steve. » Elle semblait plus maternel dans ses paroles et ce n’était pas moi qui lui répondait, mais le concerné qui gloussait dans son parc. « Comment je pourrais l’oublier ! », je souriais tout accompagnant d’un petit rire. Retenant mon portable contre mon épaule avec mon oreille, j’allais chercher le petit monstre pour le mettre sur mes jambes. Il me regardait de ses grands yeux bleus. « Tu veux parler à mamie ? », lui demandais-je en lui tendant le téléphone. J’appuyais sur la touche facetime et l’image de ma mère apparaissait sur l’écran. Quelques mots dans son langage bien à lui, ne sachant pas dire beaucoup de mot. Girafe, camion, mimi au lieu de maman et il essayait de dire papa, mais ce n’était pas encore ça. Un ou deux gloussements après, je raccrochais l’appel. « Mamie semble être heureuse de te voir. », disais-je en embrassant sa joue. « Oh ! » Je sentais le futur petit monstre dans mon ventre livrer bataille. Je déposais la main de Steve sur mon ventre. J’ignorais s’il pouvait sentir les coups, mais je le laissais tout de même toucher ce ventre bien rond. L’accouchement était prévu pour dans quatre mois environs, mais cette bedaine laissait voir ma grossesse bien avancer. « Tu as hâte à demain ? » C’était son premier 25 décembre, enfin où il était assez éveillé pour comprendre cette journée. Une journée riche en émotion avec tout les repas passé en famille. Je le voyais pousser un bâillement, normal après une purée de courge. Je lui souriais, tout en allant m’étendre sur le canapé, blottissant mon fils contre moi. C’était étrange de me dire que j’avais voulu avorter et maintenant j’étais lié à cet enfant. L’idée que j’aurais pu lui retirer la vie, me faisait redoubler mon affection pour lui. J’embrassais son front, le serrant un peu plus contre mon corps. J’étais heureuse du tournant qu’avait prit ma vie en aucun cas je n’étais déçu même si j’avais dut passer par de nombreuse épreuve. J’avais apprit à aimer, un amour qui j’avais cru impossible. Je me laissais envahir par le sommeil, ce n’était pas rare que je m’accordais une petite sieste. Cette grossesse était plus calme, mais j’avais besoin d’énormément de sommeil. Je m’étais donc endormie sur le canapé, une heure ou deux, voir plus ou peut-être moins. Je n’avais pas encore mangé, comme je ne mangeais généralement pas à l’heure où Steve mangeait. Je préférais attendre, attendre son retour.

AIl y a même pas trois ans, il n’aurait pas cru pouvoir un jour ressentir l’anticipation de vouloir rentrer chez soi. D’avoir des personnes attendant son retour. Il y a trois ans encore, ce réveillon se déroulait comme tous ceux l’ayant précédé. Attablé autour d’une table à subir l’indiscrétion de sa mère, les blagues de son père et les exploits de son frère, tout en mangeant à s’en rendre malade. Aujourd’hui il avait sa propre famille, ses propres traditions à établir pour ce jour si spécial. C’était franchement bizarre en y repensant. Declan n’avait pas tant changé en réalité. Sa vie, oui. Déjà, oublié les clubs de golf et les assiettes de soupe qui se renversent. Puisqu’il était devenu urgent de se faire de l’argent concret, Declan avait pris sur lui et décidé de mettre en application la douce éducation universitaire pour laquelle ses parents avaient payé. Il avait décroché un job de pseudo-psychologue, plus de médiateur vraiment, dans un centre pour délinquants juvéniles, dans la banlieue de Los Angeles. Ca lui correspondait franchement assez bien. Il était dur à déstabiliser et trop blasé pour laisser des insultes et menaces lui faire perdre son sang-froid. Son boulot se résumait à les faire asseoir en cercle et essayer de les faire parler de tout et rien sans qu’ils se hurlent dessus. Ce n’était pas toujours un succès, mais au moins il n’y avait pas un jour ennuyant au travail ! Ca ne payait pas non plus une fortune, mais l’argent était constant et régulier, et son statut sociable moins minable. Non pas qu’il se souciait d’avantage de la pression sociale, mais il y avait des gens qui comptaient sur lui. Deux. Ou plutôt trois, vraiment. Bientôt. C’est sur cette pensée revigorante que Declan poussa la porte de chez lui. Demeure étrangement calme. La bonne odeur d’un repas flottait dans l’air, témoignant qu’il n’était pas derrière cette préparation. Ses talents culinaires ne s’étaient pas améliorés au fil des années. Même son fils fronçait du nez et se montrait difficile quand il voulait le nourrir, comme s’il avait trop entendu les critiques sur sa cuisine et été devenu suspicieux de toute nourriture venant de sa main. Même lui était pas irrécupérable au point de louper une simple purée de carotte ! La maison était agréablement décorée aux couleurs de Noël et Declan se laissa embrasser par l’ambiance chaleureuse. Il fit quelques pas jusque dans le salon, ne souhaitant pas annoncer sa présence à haute voix au cas où Steve serait endormi. Et c’est là qu’il les trouva. Carter et Steve, tous les deux endormis sagement sur le canapé, le petit garçon soulevé périodiquement à chaque inspiration de sa mère. Declan s’accroupi devant eux, s’autorisant un moment pour les regarder, un sourire attendri aux lèvres. Bon Dieu, il n’avait aucune idée comment il en était arrivé là. Avec une telle chance, avait-il envie de dire. Car tout cela ne résultait que d’un enchainement improbable de circonstances. Steve, il n’avait eu aucun doute de sa capacité à tomber dingue de lui. Carter en revanche, ça l’avait complètement pris au dépourvu. Et voilà où ils en étaient maintenant. Plus heureux que jamais et avec un autre bébé en route. Declan tendit une main, frôlant le visage de Carter de la pulpe de ses doigts. La vie avec un enfant de bas-âge n’était pas des plus faciles et s’avérait assez épuisante. Carter méritait son sommeil mais Declan avait l’égoïsme de vouloir les réveiller tous les deux et voir leur expression ensommeillée se transformer en joie de le voir. Alors il déposé un baiser sur la tempe de sa femme, puis au coin de ses lèvres, avant de laisser sa main glisser le long du dos de Steve. « J’ouvrirais les cadeaux tout seul si vous préférez dormir toute la soirée » taquina-t-il en voyant les signes du réveil s’animer sur leurs visages.

Intérieurement, je ne pouvais rêver d’une vie aussi merveilleuse. Ce n’était pas la magie de Noël qui me faisait penser cela, non je le pensais réellement et cela depuis la naissance de mon premier enfant. Il s’était passé bien des choses depuis, comme le fait que Declan avait trouvé un meilleur boulot tout comme moi qui au lieu d’aller à l’université, je m’étais retrouvée illustratrice pour une immense boîte de publicité. Le bon côté de la chose, c’est que je pouvais travailler à partir de chez moi. Pourtant, ça ne m’empêchait pas de faire quelques nuits blanches avec le landau de Steve sur ma table à dessin. Il avait encore de la misère à faire ses nuits, alors j’avais prit l’habitude de l’avoir avec moi lors de ces nuits blanches. Je lui chantais des berceuses tout en travaillant. C’était épuisant, mais j’aimais ce train train quotidien. Je n’avais pas de travail à remettre pour un petit moment, puisque tout avait dut être présenté avant Noël et le jour de l’An. Je n’avais donc pas chômé et j’avais de vraies vacances en famille. J’avais fait manger Steve et le dîner pour Declan et moi se trouvait dans le four. C’est pourquoi, je m’autorisais une petite sieste sur notre canapé. Étendue, la tête sur le bras du canapé et mon premier né sur le ventre. Il me prenait qu’un instant pour réussir à l’endormir caressant ses cheveux légèrement boucler. Tout comme lui, j’avais besoin de dormir, non pas pour grandir, mais seulement pour être assez en forme pour faire grandir cet enfant en moi. J’ignorais combien de temps j’avais pu dormir, mais je me mettais à sourire en sentant une douce caresse sur ma peau. C’était une sensation agréable et surtout désirable, comme ces baisers furtifs qui me faisait émerger de mon sommeil. Je frottais mes yeux du revers de la main, avant de les ouvrir. J’étais encore endormie lorsque mon regard se portait sur son visage. Un sourire s’élargissait en apercevant cet homme qui faisait battre mon cœur. Eh dire qu’il fut un temps où je n’étais pas capable de le voir en peinture. Étirant ma main, j’allais caresser sa joue. « Je t’attendais, mais il faut croire que je me suis laissée aller. », disais-je avant d’ouvrir grand les yeux. Je prenais Steve qui émergeait à son tour pour le donner à son père. Je bondissais en bas du canapé, courant vers la cuisine. L’odeur était douce, mais j’avais peur de faire brûler le tout. J’attrapais les mitaines de four, avant d’en sortir un poulet complet. J’aurais pu faire une dinde, mais c’était trop gros pour deux personnes et je n’avais jamais aimée le gaspillage. Je poussais un soupire de soulagement en voyant qu’il n’avait pas cramé et que sa peau avait une jolie couleur doré. Je déposais le tout sur l’un des ronds du four, avant de me retourner pour les regarder. « Poulet sauvé ! », disais-je avec un large sourire avant de me diriger vers mes deux hommes. Je passais une nouvelle fois une main dans les cheveux de mon fils avant d’embrasser son minuscule petit crâne. Puis je regardais mon époux en glissant ma main libre dans son dos. Me levant sur la pointe des pieds, j’allais cueillir ses lèvres dans un baiser chaleureux. « Tu as passé une belle journée ? » J’étais comblée, je ne pouvais pas rêver mieux. Je l’aimais, je les aimais. Steve gloussait et je le regardais en souriant prenant sa main qu’il agitait pour la porter à mes lèvres. « Ma mère m’a encore appelée pour savoir si on venait demain. Je crois qu’elle est aussi impatiente de nous voir qu’un enfant désirant ouvrir ses cadeaux. » Je riais tout en plongeant mes prunelles claires dans ses yeux. Ma mère était toujours ainsi, je ne pouvais pas la changer. Declan avait dut s’habituer à ma famille peu orthodoxe contrairement à la sienne.  

ADeclan ne se lassait pas d’observer les petits signes trahissant le réveil sur le visage de Carter et de Steve. Ca n’avait pourtant rien d’innovant. C’était même une routine qu’il appréciait la plupart des matins, lors de ce moment en suspens entre le sommeil et la conscience où il se surprenait encore à se retrouver à partager un lit avec Carter. Une constante, un risque qu’il avait pris d’inclure une étrangère dans sa sphère et qu’il n’avait pas regretté depuis. Bien au contraire, tout avait pris un tournant pour le mieux depuis ce jour là. Ce n’est pas pour autant que la transition avait été facile. Même lorsque les premiers sentiments été nés, Declan s’était attendu à s’en lasser. Tout finissait toujours par perdre de son éclat, et la perspective qu’il se réveille un matin et  ne ressente plus rien l’avait longtemps angoissé, d’autant plus que Steve était sur le point d’entrer dans leur vie. Tout ça c’était le passé. Declan avait tout ce dont il désirait. Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsque les paupières de Carter soulevèrent et qu’elle rencontra son regard. « Tu le mérites bien » répondit-il avec affection, pivotant son visage contre sa main pour en embrasser la paume. A défaut d’être un père indigne, Declan n’était pas des plus réactifs pour répondre aux pleurs au beau milieu de la nuit. Non pas qu’il feignait de ne pas entendre Steve, mais il était plus enclin à se prendre les pieds dans les draps et s’ouvrir l’arcade sourcilière que de sauter du lit et aller réconforter son fils dans la seconde, alors franchement c’était parfois mieux pour toutes les personnes concernées s’il laissait Carter s’en charger. Et c’était pourtant elle la maladroite du couple ! Sans doute l’instinct maternel avec lequel il ne pouvait pas rivaliser. Tout ça pour dire qu’il n’avait pas des nuits aussi agitées que celles de sa femme, et encore, c’était sans compter les heures qu’elles passaient le soir sur son travail. Alors elle pouvait bien s’autoriser autant de sieste qu’elle voulait ! Carter lui tendit Steve et il s’empressa de l’attirer contre lui, pressant ses lèvres contra sa joue dans un baiser bruyant. L’enfant fronça le nez et cacha son visage dans le cou de son père, pas encore complètement sorti du sommeil. Declan le cala sur sa hanche, ne pouvant s’empêcher de revenir régulièrement couvrir le sommet de son crâne. Il était dingue de ce gosse. Quand il allait grandir et comprendre son pouvoir sur son père, Declan allait être complètement à sa merci. Carter alla s’enquérir de l’état du poulet et exclama haut et fort que la bête était sain et sauve et Declan leva un bras de Steve en signe de célébration avec un plaisant « Yaaaay ». Le petit garçon n’en avait rien à cirer du poulet mais son père lui, était plus que prêt à s’installer à table avec sa femme. Declan passa sa main libre dans le dos de Carter lorsqu’elle s’approcha de lui, pressant ses lèvres contre les siennes. « Oui, ça a été assez calme » lui-répondit-il d’un air distrait. Il n’avait pas travaillé longtemps aujourd’hui, c’était le réveillon après tout,  mais son esprit avait été complètement occupé par son envie d’être chez lui. Autant dire que la journée n’avait pas été très productive. Declan laissa échapper un léger rire face à la remarque de Carter. « Personne ne résiste à ma charmante personnalité » plaisanta-t-il d’un ton railleur. C’était presque une inside joke entre eux. Si Carter avait pu observer le changement de comportement de Declan vis-à-vis d’elle, cela résultait uniquement du fait qu’elle avait désormais une place particulière dans sa vie. Car même si son bonheur domestique et paternel lui avait donné plus de douceur et d’optimiste dans la vie, il était resté plus ou moins le même. Et même s’il appréciait la famille de Carter et essayait de se comporter au mieux, il n’était quand même jamais le cœur de la fête. « Ni à la sienne » ajouta-t-il en chatouillant les côtes de Steve qui lâcha une exclamation mi-outrée, mi-hilaire. « La mienne se contente de laisser des messages passif-agressifs sur mon répondeur, parce qu’apparemment c’est ma faute s’ils ont décidé de partir à Hawaii pendant les fêtes! » dit-il, secouant la tête devant la logique de sa mère. C’est bien parce que c’était sa mère qu’il savait qu’elle exprimait son affection à coup de taquinerie et chantage affectif. Friant comme il était de rassemblement familiaux, passer la journée de Noël avec sa belle-famille semblait très agréable 

Parfois, il m’arrivait de m’étonner d’être à ses côtés. Dire que je ne l’avais jamais vraiment aimé ou plutôt je n’avais jamais prit le temps de le connaître. Il me semblait toujours froid et cynique, le type de personne que tu ne souhaites pas particulière côtoyer dans une vie. Et moi, je n’avais pas vraiment eu le choix. De ce qui était désagréable avait même fini par me sembler routinier au bout d’un moment. Alors, pourquoi maintenant je le regardais en souriant, ma main dans son dos dessinant des formes aléatoires ? J’ignorais toujours autant la réponse, tout ce dont je pouvais être sure c’était que je l’aimais. Mais avais-je été la première à développer ce sentiment ? Peut-être, peut-être pas, je ne lui avais jamais posé la question, c’était arrivé naturellement. J’avais commencé à éprouver des sensations, des petits battements de cœur plus rapide en sa présence et depuis, ils ne m’avaient jamais quittés. Chaque moment où il posait son regard sur moi me rendait inévitablement toute chose. Je me sentais aimé tout comme il devait l’air, enfin je l’espère. Je lui souriais lorsqu’il parlait de sa charmante personnalité. Je comprenais le sens de ses mots, mais désormais pour moi il était différent et je l’acceptais comme il était. Ce qui auparavant m’aurait très certainement mis hors de moi, aujourd’hui je le voyais différemment, voir même attendrissant. Alors qu’il se montrait comme le Declan que j’avais d’abord connu, je savais qu’il tentait de faire des efforts. Je ne lui en voulais jamais et je ne le forçais encore moins, préférant de loin le soutenir. C’est pourquoi j’avais prit l’habitude de serrer sa main discrètement et lui volant quelques baisers en secret. Je tenais de faire cela à l’abri des regards pour ne pas le mettre mal à l’aise, surtout si les commentaires fusaient. Par chance, nous avions aussi notre arme secrète, notre fils Steve. Il suffisait d’un gloussement ou de quelques bulles à ses lèvres pour attirer toute l’attention. Je portais donc mon regard sur mon fils mitigé entre l’outrage et l’hilarité après les chatouilles de son père. Je lui souriais allant caresser sa joue de poupon tout joufflu. « On ira la voir à son retour. Je suis sure qu’elle sera ravie de nous raconter son voyage et de voir à quel point Steve à encore grandit. », lui répondais-je en allant taquiner mon garçon avec mes doigts sur son ventre. Il semblait toujours plus apte à rigoler lorsque c’était moi qui s’amusait avec lui, mais il fallait avouer que je passais tout mon temps avec lui. Étant à la maison à temps plein, je n’avais pas besoin de payer une gardienne ou une nounou pour s’en occuper. Il n’y avait que ces soirées entre Declan et moi, que je m’autorisais à le faire garder et de préférence par l’une de nos mères. J’embrassais doucement les lèvres de mon fils, un petit geste affectueux qu’il aimait bien démontrant parfois une certaine jalousie envers son père. Puis, j’allais me blottir contre le torse de Declan. J’en avais presque oublié le poulet dans sa cocotte. Délicatement, je passais mes bras autour de sa taille. Tout comme Steve, je pouvais être jalouse de mon fils quand il recevait plus d’affection que moi. Surtout, que cette seconde grossesse me rendait plus cajoleuse, moins explosive, mais aussi terriblement jalouse et chialeuse. Oh oui, je pouvais me mettre à pleurer simplement avec un cookie trop chaud. Or, imaginez lorsque je ne recevais pas d’affection ! Ma joue appuyer contre lui, je fermais les yeux quelques secondes. Je n’avais pas besoin de plus, sachant qu’on avait aussi nos moments le soir dans notre chambre. « Je t’aime. », avais-je fini par dire. Ces trois mots, qui m’avait prit tant de temps à pouvoir lui dire, sortaient maintenant avec tant de facilité. Je me redressais un peu pour le regarder lui souriant comme une gamine trop heureuse. Je lui volais un autre baiser, avant de retourner à notre repas festif. Du poulet froid ça ce mange, mais j’avais travaillé tout l’après-midi pour nous concocté un repas du réveillon en amoureux. Le dessert se trouvait dans le frigo, ainsi qu’une salade. Certes ce n’était pas très traditionnel, mais j’étais satisfaite de ce que j’avais fait. Sortant deux assiettes des armoires, je les déposais sur le comptoir. « Tu peux mettre la table ? », lui demandais-je sans lui porter un regard, trop concentré sur le dos roussit de mon poulet. J’en salivais déjà et cela simplement en regardant cette peau doré et la fine boucane blanche qui s’en échappait. Son fumet était doux et je souriais devant cet exploit. Je n’étais pas un cordon bleu, mais quand j’arrivais à cuisiner quelque chose sans faire de bêtise, ça me rendais aussitôt heureuse. Une larme coulait sur ma joue et je l’essuyais immédiatement du revers de la main. Une larme égarée par les hormones dira-t-on. Ce n’était pas nouveau depuis ces derniers mois qu’une larme m’échappe ainsi, mais je tentais toujours de le cacher surtout pour ne pas l’inquiéter. Je n’avais pas mal, je ne souffrais pas... Tout cela était simplement dût à une sensibilité accrue. Je n’aimais pas l’alarmer pour rien, enfin que je savais que ce n’était rien. Voir cet air sur son visage, me rendait mal à l’aise, car je savais qu’il pouvait s’inquiéter pour moi, pour l’enfant à venir. Piquant ma fourchette à deux dents dans la volaille, je commençais à trancher et distribuer le tout dans les assiettes. Divisant par la même occasion les légumes qui avaient mijotés dans la cocotte. J’allais chercher la salade dans le réfrigérateur, celle-ci était simple épinard, pousse de soja, poivron rouge, raison sec, noix d’acajou et une vinaigrette sucrée. J’avais trouvé la recette sur internet, il y avait un moment déjà et son nom m’avait charmé : salade d’amour. Je recouvrais la cocotte pour garder le poulet chaud s’il voulait se resservir. Prenant, les deux assiettes je me dirigeais vers la salle à mangé déposant celles-ci sur la table. Je souriais à Steve assis dans sa chaise haute. Dénouant le ruban de mon tablier je le déposais sur le dossier d’une chaise libre. J’allais prendre ma place près de Steve, lorsque je sentais un mouvement. Ce mouvement dont je commençais à avoir l’habitude, celui qui était de plus en plus fréquent. Je m’arrêtais à côté de Declan, lui souriant je prenais sa main pour la poser sur mon ventre. « Il est réveillé. » Je le sentais donner un coup de plus. Il semblait avoir tout un caractère, un petit bagarreur. Je disais il, mais je n’avais pas demandé le sexe à ma gynécologue. Je voulais garder la surprise, même si je commençais à faire une petite liste de prénom que je laissais sur ma table de chevet. Il m’arrivait même d’en rajouter la nuit quand je ne trouvais pas le sommeil. Chose qui était de plus en plus rare, me retrouvant avec un sommeil perturbé et complètement décalé par les nuits d’insomnie de Steve, si ce n’était pas le petit monstre qui se réveillait pour m’assigner des coups. Bon, je n’avais pas à me plaindre même si j’aimerais quelque fois de l’aide. Je ne forçais jamais Declan à y aller, sachant pertinemment qu’il risquait sa vie en se levant du lit. Mon corps s’était tout simplement accoutumé de cet horaire. Je portais mon regard sur cet homme qui avait volé mon cœur, un sourire fendait mes lèvres tandis qu’un autre coup était donné.  

« Tu as raison. Lui mettre son petit-fils dans les bras est une excellente tactique pour lui empêcher de nous faire regarder des photos de la plage pendant des heures » répondit-il, un rictus aux lèvres. Sa mère, comme apparemment toute personne dépourvue de chromosome Y sur cette planète, ne pouvait résister au charme de Steve. D’ailleurs, en parlant de ce petit traître. Steve tendait déjà les bras vers sa mère, à peine avait-elle cessé de le taquiner. Il ne lui en avait pas fallu plus pour réaliser qu’il n’était pas dans les bras de sa personne préférée sur Terre. Declan n’était pas spécialement jaloux de la plus grande affection que portait son fils à Carter. C’était normal. Même si Carter ne passait pas autant de temps à la maison grâce à son travail, le lien entre une mère et son enfant était très spécial et Declan ne pouvait espérer rivaliser si Carter apparaissait dans le champ de vision du bébé. « Non, reste un peu avec papa » gémit-il en resserrant son emprise sur l’enfant. Il ne put retenir un rire devant le "naaaaaaaaaaaan" plein de désespoir qui lui répondit. Mais il se calma bien vite puisque la seconde d’après, Carter avait envahi leur espace. Loin de Declan l’idée de préciser à son pauvre fils que c’était auprès de son mari qu’elle cherchait un câlin sur le moment. Il ne voulait pas lui briser le cœur. Carter se colla contre lui et Declan leva sa main libre pour l’enfouir dans ses cheveux, calant son visage contre son torse. Il pouvait sentir sa respiration à travers le tissu de son t-shirt. Il déposait un baiser sur le sommet de son crâne lorsqu’elle lâcha ces trois fameux mots qu’il ne se lassait pas d’entendre. Il dissimula un sourire attendri entre ses mèches. « Je t’aime » lui fit-il écho. Encore longtemps après que leur relation soit devenu quelque chose de sérieux, Declan avait toujours eu du mal à prononcer ces mots, préférant répondre un banal "moi aussi" plutôt que se lancer tête la première dans ce qui lui semblait être quelque chose de terrifiant et bien trop concret. Maintenant, c’était aussi simple que dire bonjour. S’ils auraient pu rester là des heures à profiter de la présence de l’autre, il y avait un repas qui les attendait et un bébé grognon qui aurait bien vite protester. Declan hocha la tête à la requête de sa femme. Il installa Steve sur sa chaise haute après lui avoir déposé un ultime baiser sur la joue puis entrepris de récupérer les ustensiles nécessaires pour mettre la table. La chose fut terminée en moins de deux et bien vite Carter apportait leurs assiettes. Ça avait l’air délicieux et Declan en avait déjà l’eau à la bouche. Comme le gentleman qu’il n’avait jamais été, il attendit patiemment que sa femme prenne place à table. Elle fut cependant coupée dans son action, se redressant avant même que son postérieure n’ai touché la chaise pour se diriger vers lui. Declan s’inquiéta un instant, comme il semblait désormais le faire dès qu’une situation déviait ne serait-ce un tant soit peu de la normale. Il ne se souvenait pas avoir été aussi nerveux pendant que Carter portait Steve mais à entendre les récits de sa femme parfois, ça n’était pas le cas ! Surement il se devait d’être plus serein après avoir déjà eu un enfant, non ?! Encore une fois il avait été idiot. La main calée contre le ventre rond de Carter, il ne pu retenir un sourire devant le coup qui percuta sa paume. « Faut croire qu’on est incapable de faire des enfants qui n’ont pas de caractère » dit-il, amusé, en caressant l’endroit où se logeait son futur enfant. Ça allait être rock’n’roll quand Steve allait se rendre compte que son nouveau petit-frère ou sœur allait accaparer toute l’attention !

D’un bond je m’étais relevé, alors que je n’avais même pas prit place sur la chaise. Cet enfant qui grandissait en moi avait déjà un fort caractère. Je sentais ces petits coups de plus en plus forts et chaque petit geste me faisait largement sourire. Il venait sans doute de ce réveillé et j’avais bien l’intention d’en faire profiter le père. M’approchant, j’avais déposé sa main contre mon ventre dans l’espoir qu’il puisse sentir ce garnement bouger. Pour moi c’était anodin, mais je savais que pour lui se serait différent, tout du moins je l’espérais. Ce qu’il dit me faisait largement sourire. J’approchais mon visage du sien pour lui voler un baiser, mais au lieu de le faire je passais une jambe par-dessus les siennes avant de prendre place sur lui. On ne manquait pas de chaise, mais j’avais ces petits moments qui me prenaient de temps à autre. Assise à califourchon sur lui, je passais mes bras autour de son cou. « Je me demande de qui tien nos enfants ! », disais-je avant d’approcher une seconde fois mes lèvres des siennes. Cette fois, je ne le laissais pas se languir. J’embrassais ses lèvres tendrement, dégustant la douceur de celle-ci. Parfois, il vaut mieux ne pas chercher ce qui peut passer par la tête d’une femme enceinte. Arrêtant ce baiser, j’appuyais mon front contre le sien, regardant ses yeux océaniques. Steve montrait déjà cette même couleur pâle. Il allait avoir les mêmes que son père et il ferait très certainement chavirer des cœurs plus tard. Il avait peut-être des parents plus introvertis, mais j’étais certaine qu’il n’allait pas être comme nous. Suffisait de voir ses réactions pour savoir qu’il avait du caractère et ne s’en laissait pas imposer. Il devait avoir prit conscience que je m’occupais beau plus de son père en ce moment que de lui. Car il se mit sans tarder à pleurer ou devrais-je plutôt dire brailler dans sa chaise haute. Je glissais mes mains sur les épaules de Declan, un rire s’échappait de mes lèvres. « Je crois qu’il se rend compte, qu’il a un rival. » Je l’embrassais vite fait avant de me relever et d’aller voir mon fils qui pleurait en tendant les bras. Je passais ma main dans ses cheveux soyeux tout en m’assoyant à ses côtés. Une caresse sur ses joues et ses pleures s’envolèrent en un instant. « Tu vas pas pleurer pour ça mon cœur. », disais-je avec un ton taquin à Steve. Je voyais ses grands yeux me regarder avec un air ronchon. Jaloux va ! Je n’allais certes pas lui dire, mais je le pensais tout de même en voyons serrer solidement ses petites menottes. Je caressais son petit nez du doigt. « Allez sourit, sinon pas de cadeau avant d’avoir dormi. » Tentative très certainement raté, sachant qu’avec ses grands yeux il allait nous gagner en moins de deux. Je relevais la tête pour sourire à mon mari. Comblée, je l’étais. « Mange ! Sinon ça va refroidir. », disais-je tout en prenant d’une main ma fourchette. Je découpais un morceau de poulet avec les dents de la fourchette, avant de le prendre et de le donner à Steve. Je mangeais tout en regardant celui-ci le morceau de poulet en main essayant désespérément de le mâcher. En fait, c’était surtout un acharnement incommensurable envers cette pauvre volaille, transformer bien vite en une tété attendrissante. Tout du moins jusqu’à ce qu’il se lasse de ce bout de viande et le lance directement sur son père. Je retenais un rire, prenant la main de Steve qui commençait à faire des bulles avec sa bouche. Charmant. « Je crois que ce petit chenapan est fatigué. N’est-ce pas ? », demandais-je au concerné qui répondit aussitôt négativement à ma question accompagnant son geste un bruit sourd. Je n’étais pas certaine qu’il comprenait le sens de mes mots, mais peu importe son interprétation il n’était pas d’accord. « Tu veux aller le coucher ? », demandais-je cette fois à Declan en relevant mes yeux vers lui. Je savais que ce n’allait pas être chose facile, mais je craignais aussi qu’il ne passe que trop peu de temps avec lui.

Oh, Declan appréciait fortement la tournure que prenaient les choses. Il glissa ses mains autour de la taille de Carter, la calant contre lui. « C’est un mystère » souffla-t-il contre ses lèvres. Declan avait conscience qu’il fallait en profiter. Steve était encore trop petit pour être profondément outré – voire traumatisé – par le petit spectacle que présentaient ses parents. Dans quelques années c’est à coup de « ew » et de « vous avez une chambre pour ça !!! » que leur gosse les accablera s’ils osent se montrer affectueux l’un envers l’autre en public. Mais à défaut de réaliser ce qui se passait sous ses yeux, le petit garçon savait tout de même reconnaître qu’il n’était plus le centre de l’attention, et ça c’était un problème. De petits gémissements plaintifs se firent entendre et Declan étouffa un petit soupir amusé dans le cou de sa femme. « Il faut qu’il apprenne à partager » répondit-il en chassant les lèvres de Carter avant que celle-ci se détache de lui. Le pauvre enfant s’était mis à pleurer, offrant un tableau pathétique et irrésistible qui attira aussitôt sa mère. Declan ne pouvait que secouer la tête, un rire naissant aux lèvres devant l’air de fin du monde qu’arborait son fils. La faible menace de Carter l’amusa également. Si celle-ci avait sans doute développé une certaine résistance à Steve grâce à son exposition prolongée, Declan lui était complètement mené par le bout du nez. Il savait bien qu’au premier regarde larmoyant et lèvres tremblantes il céderait. Alors le priver de cadeau avant dormir ? Ça lui aurait demandé bien trop de self-control !  Declan croisa le regard de sa femme qui l’incita à manger. On n’allait pas lui dire deux fois, il était affamé ! C’est avec entrain que Declan se concentra de nouveaux sur son assiette, laissant à sa progéniture le loisir de profiter de Carter tandis qu’il allait dévorer ce poulet qui le narguait depuis maintenant de longue minutes. Declan eu au moins le temps de savourer quelques bouchées avant qu’un projectile humide ne percute sa joue. Il se stoppa net dans l’action de porter sa fourchette à sa bouche et n’hésita pas un instant avant de poser un regard lourd sur le coupable. Steve arborait le visage fier et hilare d’un gosse qui sait qu’il a fait une gaffe pour laquelle il ne sera pas grondé. C’est à peine si sa propre mère cachait mieux son amusement ! Il était le bouffon dans cette famille, franchement. Declan prévoyait de former une alliance avec son futur enfant. Hors de question qu’ils se mettent à trois contre lui maintenant ! « On ne lance pas la nourriture, Steve » articula-t-il dans sa meilleure voix de père autoritaire.  Déjà Carter lui proposait une sortie de secours, annonçant qu’il était grand temps qu’il aille au lit. Declan ne pouvait que la rejoindre dans cette idée. Lorsque Steve commençait à pleurnicher pour rien et à faire n’importe quoi,  c’était un signe de l’univers pour leur dire qu’un petit somme était la meilleure stratégie à adopter ! Declan fut presque surpris lorsque Carter lui proposa de mettre le bambin au lit. Ce n’était pas non plus très surprenant, mais avec la journée qu’ils avaient eue Declan aurait plutôt privilégié la solution de facilité. Ce qui aurait pu être une transition douce et facilitée par la pratique quotidienne, allait se métamorphoser en un exercice de patience. «Oui, je m’en charge » dit-il alors qu’il finissait d’essuyer sa joue avec une serviette. Declan empoigna le bambin sous les bras avant de le hisser contre lui, déposant un baiser contre sa joue. Il comprenait très bien pourquoi Carter lui avait proposé cela et il lui en était aussi reconnaissant. « Allez, dis bonne nuit à maman » dit-il en tendant le bébé vers sa mère pour qu’elle l’embrasse et que lui tente d’en faire autant. Seve sentant très bien ce qui était en train de se passer, c’est à coup de petits pieds dans l’estomac que Declan pris la direction de sa chambre.  « Arrête ça » le réprimanda-t-il en enroulant une main autour de ses chevilles. Au final, ça aurait pu être pire, le nombre de protestation de la part de l’enfant s’affaiblissant aussitôt qu’il fut calé dans son lit et que ses paupières s’alourdirent contre son gré. Declan lui mit sa musique, repositionna une peluche malencontreusement placée et embrassa une dernière fois sa plus belle création. « Fait de beaux rêves mon cœur ». Il rejoignit bien vite sa femme qui n’avait désormais plus à partager !

On ne manquait pas d’animation dans la maison Gardner, je retenais même un fou rire suite à l’attaque de volaille. Je ne devais pas, sinon je savais que Steve assimilerait que ceci pouvait être un jeu. Seulement, en voyant Declan, il m’était difficile de ne pas rire. Je réussissais tout de même à garder un self-control. Proposant une solution qui semblait plaire à mon mari, tout comme il ne tarderait pas à plaire à notre fils. Il ne comprenait pas ce qu’était le fait de dormir, mais par chance il avait le sommeil facile. Je n’avais pas besoin de regarder ma montre pour savoir qu’il avait dépassé son heure depuis un moment. Mais au jour du réveillon, je ne pouvais tout de même pas le mettre au lit sans le laisser fêter un peu. Toutefois, il venait de nous prouver que malgré lui, il avait besoin de sommeil. Je souriais en le voyant prendre Steve, replaçant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Les voir ainsi ensemble me faisait toujours plaisir. C’était attendrissant. J’embrassais le front de mon fils, essayant de ne pas lui accorder ce regard de perdante. Oui, encore aujourd’hui je pouvais perdre contre lui, il avait une manière de me regarder, une certaine admiration, qui me faisait faire tous ses caprices. Cette fois, je gardais mon idée en tête, faire plaisir à papa. Même si je savais qu’il avait quelques soucis parfois. Par chance, je n’étais pas loin, donc je pouvais rattraper la situation facilement en cas d’échec cuisant. « Bonne nuit mon chéri. », avais-je dit à l’intention de mon fils, qui commençait déjà à maltraiter son père. Je poussais un soupire lasse, profitant de ce moment de pause pour fermer les yeux et relaxer. J’aimais Steve, j’aimais ma famille tout particulièrement mon mari, mais une petite pause, un silence bien mérité me faisait toujours plaisir. Je portais mon regard sur mon alliance, la faisant tourner trois fois autour de mon doigt. Un tic que j’avais développé. Ce symbole d’union me faisait aussitôt sourire. Je me levais, me dirigeant vers le salon où j’allais chercher le baby phone. J’allumais celui-ci tout en revenant vers la cuisine. Je ne pouvais plus vivre sans cette petite machine. J’entendais la musique, rien de trop excentrique, quelque chose de doux et apaisant. Puis la voix de Declan résonna dans l’appareil me décrochant un sourire conquise. Intérieurement, je savais que j’avais fait le bon choix, même si j’avais longtemps hésité. Me rassoyant à la table, j’attendais de le voir revenir. « Tu vois ce n’était pas si terrible. Il a besoin de toi, plus qu’il ne le croit. Ton fils est aussi têtu que toi ! » J’accompagnais mes paroles d’un sourire taquin, rien de bien méchant, juste une petite plaisanterie. Je reprenais ma fourchette, après avoir déposé le baby phone devant moi. Je n’étais plus aussi parano qu’au tout début, je m’étais assagit arrêtant les crises de paniques au moindre sifflement de l’appareil. Je profitais du silence, restant taciturne en mangeant mon poulet que je finissais au final bien vite. Je débarrassais mon assiette, laissant le temps qu’il fallait à Declan pour finir la sienne. Puis, je revenais vers la salle à manger, passant mes bras autour de son cou. « Nous sommes le réveillon, notre fils dort et on n’a pas eu de moment rien qu’à nous deux, depuis je ne sais plus combien de temps. » Je prenais une pause, approchant mes lèvres de son oreille. La dernière fois pour nous devait remonter à la conception du polichinelle que je portais. On avait besoin d’être que tous les deux. L’envi de laisser mon fils à ma mère pour le week-end traversait mon esprit, mais s’évaporait aussitôt. Je n’étais pas prête à le laisser, pas encore. Timidement ? Non. Sensuellement, d’une voix langoureuse je caressais son oreille du bout de mes lèvres. « Viens me rejoindre dans notre chambre. » Les cadeaux iraient à demain, de toute manière les déballer sans Steve n’était pas agréable. Je sentais un feu ardent monter en moi. Lors de ma première grossesse, je n’avais pas expérimenté le sexe. J’étais bien trop nerveuse et puis entre Declan et moi c’était disons pas l’alchimie parfaite. Je laissais mes doigts glisser sur lui tout en me reculant. J’espérais que mes mots agissent comme une formule sortie tout droit d’un grimoire de sorcière. Je voulais qu’il réponde à mon avance. Quittant la pièce, je revenais sur mes pas, passant la tête par le cadre de la porte. « N’oublie pas le baby phone. » Un peu tue l’amour, mais l’idée qu’il ne nous suive pas me semblait trop audacieuse. Et pourtant, quand Steve pleurait, j’avais l’impression qu’on pouvait l’entendre jusque dans la métropole voisine. Me dirigeant vers notre chambre, j’allumais la lumière chassant la noirceur qui y régnait. Je sentais des papillons dans mon ventre, comme une première fois. À une vitesse folle, je partais à la recherche de lingerie en dentelle, trouvant finalement une coquette décorée de rose noire. Ce n’était pas grand-chose, et puis, je trouvais inutile d’en faire trop. Déshabiller en léopard ou pétales de fleurs éparpillées un peu partout tuaient l’amour selon moi. J’entrais dans la salle de bain relié à notre chambre et celle de Steve, un critère qui avait été important pour moi. Maman poule assumée. Je me changeais vite fait, enfilant les sous-vêtements de dentelle et un kimono aussi doux que des draps de satin. Avant d’aller le rejoindre, je me dirigeais vers la porte menant à la chambre de mon fils, l’ouvrant doucement je le regardais dormir paisiblement. Je ne pouvais pas déroger à la coutume de le regarder dormir. Je souriais refermant la porte délicatement pour ne pas le réveiller. Marchant à pas de souris sur le carrelage frais, j’ouvrais la porte pour me montrer. La réalité me frappa, je devais avoir l’air d’un clown accoutré ainsi, une pauvre nouille. Je refermais aussitôt le kimono, ne le laissant que quelques secondes pour voir mon ventre bien rond ressortir au-dessus de ma culotte brésilienne en dentelle. En fait, ça n’avait rien de sexy, cette parade était grotesque et cette idée l’était tout autant. Mes joues s’empourprèrent en un clin d’œil, et je me cachais immédiatement derrière le mur. « C’était stupide ! Ferme la lumière, je ne veux pas que tu vois ainsi… Je ne suis pas sexy, je n’ai aucune élégance avec ce ventre rond… Je voudrais tant être belle à tes yeux. » Les hormones ? Sans doute. Mais je pensais aussi mes mots…

Declan n’avait pas peur de son fils. La paternité ne l’avait jamais effrayé et ce dès les premiers moments où Carter lui avoua sa grossesse. A l’époque, devenir père ne lui avait jamais effleuré l’esprit. Se projeter dans l’avenir n’avait jamais été son fort, et imaginer une vie de famille stable et harmonieuse encore moins. Mais dès qu’il avait été mis devant le fait accompli, c’est sa relation avec Carter qui lui avait apporté angoisse et doute. Pas ce futur bébé. Eternel attendri devant les enfants, la possibilité d’en avoir un à lui, même par erreur, l’avait titillé agréablement. Après la naissance de Steve, il n’était pas particulièrement resté en retrait, même si Carter avait tout naturellement pris les devant. Declan ne reculait pas devant la tâche et aimait s’occuper de son fils, mais il vrai qu’ils passent nettement moins de temps ensemble. Alors oui, Steve préfère jouer avec sa mère et que celle-ci s’occupe de ses besoins, mais cela ne décourage pas Declan. Evidemment, il y a des jours où la fatigue l’emporte et il n’a pas la patience de se battre, préférant opter pour la faciliter et laisser sa femme s’en charger. Lorsqu’il rejoignit Carter, il lui renvoya un sourire accompagné d’un petit haussement d’épaule dépréciatif, avant de reprendre place face à son assiette. « Oui, il a été coopératif ce soir » répondit-il. « Les chiens ne font pas des chats » dit-il, amusé. C’est vrai que Steve n’a pas un caractère facile, et Declan se revoyait pleinement dans ses comportements. C’était un de ses pêchés mignons : chercher les ressembles entre lui et son fils, quelles soient physiques ou comportementales. C’est sur cette pensée agréable que Declan continua son repas, appréciant chaque bouffée de l’excellent plat qu’avait préparé sa femme. A peine avait-il fini son assiette qu’il sentit les bras de Carter s’enrouler autour de son cou, et il ne tarda pas à lever ses mains pour encercler les minces poignets de sa femme. Il y a bien des choses qu’aurait pu lui dire Carter à ce moment là, mais Declan remerciait ciel et terre pour la direction que la discussion prenait. Son sourire s’étirait à chacun des mots de la jeune femme, alors que son sous-entendu se faisait de plus en plus clair. Elle avait raison sur tous les points et Declan était à peu près sur qu’il aurait fait tout ce qu’elle demandait en cet instant présent, que ce soit de se déshabiller en deux secondes au beau milieu de la salle à manger ou de la porter "bridal style" jusque dans la chambre. Declan sentait déjà son corps réagir aux mots de sa femme. Il n’était qu’humain après tout. On a beau savoir qu’un enfant ruine grandement la vie sexuelle de ses parents, on ne réalise jamais à quel point tant qu’il n’est pas là. Que ce soit le manque de temps en tête à tête ou la fatigue qui prend le dessus, Carter et lui n’avaient pas eu de nombreuses occasions où se retrouver en toute intimité. C’était à se demander comment ils avaient réussis à concevoir un autre enfant ! Ok, bon, ce n’était pas à ce point, mais la frustration amenait des fois Declan à ressentir le genre de libido qu’il entretenait dans son adolescence ! Le jeune Gardner ferma un instant les yeux en sentant le souffle de sa femme contre son oreille et les paroles alléchantes qu’elle y glissa. L’invitation était plus que claire et Declan n’allait pas se le faire dire deux fois ! Il amorça un geste pour la retenir mais laissa filer son avant bras dans une caresse, la regardant s’éloigner avec un regard plein de promesse. Il laissa échapper un léger rire lorsque passa soudainement de femme fatale à maman poule en lui demandant de prendre le baby phone. Declan se saisit de l’objet, priant pour que son fils ne se réveille pas et ruine le moment. Carter était dans la salle de bain lorsqu’il entra dans la chambre, enfilant sans doute quelque chose de prometteur. Declan prenait toujours un grand plaisir à ôter lui-même les vêtements de sa femme, mais depuis le temps qu’ils attendaient, ce n’était pas plus mal de sauter quelques étapes. Il déposa le baby phone sur la table de chevet et enleva d’abord ses chaussures. Décidant qu’il n’y avait aucune raison d’attendre, il entreprit d’enlever le reste. Carter fut plus rapide, puisque c’est torse nu et déboutonnant son pantalon qu’elle le trouva. Declan pivota aussitôt la tête en entendant la porte s’ouvrir. C’est un regard fiévreux qu’il posa sur sa femme, prêt à détailler chaque courbe mise en valeur par la tenue légère de Carter. Ce fut néanmoins de courte durée, puisqu’avant même qu’il ne puisse réaliser ce qui se passait, Carter fit volte face et se dissimula derrière le mur de la salle de bain. Ses mots n’avaient aucun sens et Declan ne perdit pas une minute pour la rejoindre, l’attirant hors de la salle de bain et en pleine lumière de la chambre. « Qu’est ce que tu racontes ? » souffla-t-il en encadrant son visage entre ses mains. « Tu. Es. Sublime » continua-t-il, entrecoupant chaque mot d’un baiser. Sur sa pommette. Son cou. Ses lèvres. D’une main, il écarta de nouveau le kimono, balayant le corps de sa femme du regard. Il prit une grande inspiration, appréciateur, avant de glisser une main contre le ventre de Carter. « Je te trouve incroyablement sexy » murmura-t-il dans le mince espace entre leurs lèvres. Même enceinte, évidemment. Il y avait quelque chose de terriblement attirant dans le fait de voir le ventre tendu de sa femme et sachant que son bébé s’y abritait. Un bébé qu’il avait mis là. « Tu n’as plus à me séduire, Carter. Je t’aime et te trouve belle chaque jour qui passe ». Si elle avait besoin que Declan lui annonce l’évident, cela ne le dérangeait pas. Sans doute était-ce les hormones qui la rendaient particulièrement émotive, mais il était hors de question que Declan la laisse s’aventurer dans ce chemin d’autocritique. Et puisqu’il considérait qu’il avait fait passer son message, Declan laissa le kimono glisser des épaules de sa femme et l’attira pleinement contre lui pour l’embrasser comme il se doit.